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grand quand il consentait à rëfrëner
son gënie, trouva encore, dans d’utiles
calculs, des argumens contre les terreurs
que nous inspire la triste prë-
vision du trëpas. « Tantôt, dit élo-
quemment Vicq-d’Azyr, s’adressant
aux personnes les plus timides, il leur
dit que le corps ënervë ne peut ëprou-
ver de vives souffrances au moment
de sa dissolution. Tantôt, voulant
convaincre les lecteurs les plus éclai-
res, il leur montre, dans le dësordre
apparent de la destruction, un des
effets de la cause qui conserve et
qui régénère; il leur fait remarquer
que le sentiment de l’existence ne forme
point en nous une trame continue,
que ce fil se rompt chaque jour par
le sommeil, et que ces lacunes, dont
personne ne s’effraie, appartiennent
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toutes à la mort. Tantôt, parlant aux
vieillards, il leur annonce que le plus
Agé d’entre eux, s’il jouit d’une bonne
santé, conserve 1 espérance légitime de
trois années de vie; que la mort se
ralentit dans sa marche à mesure
qu elle s avance , et que c’est encore
une xaison pour vivre que d’avoir
long-temps vécu. Les calculs que M. de
Buffon a publiés sur ce sujet important
ne se bornent point à répandre des
consolations ; on en tire des conséquences
utiles à l administ^ption^des
peuples. Ils prouvent que les grandes
villes sont des abîmes où l’espèce humaine
s engloutit. On y voit que les
années les moins fertiles en subsistances
sont aussi les moins fécondes
en hommes. De nombreux résultats y
montrent que le corps politique lan