lions chrétiennes, sortant de vingt
ports Européens, sur des prisons flottantes
, approvisionnées de chaînes y
de verroteries, de petits coquillages
et d’esprit de vin, accourir du Cap-
Vert au Gap-Gardafui, sur les plages
Africaines, dans le but d’échanger
leurs marchandises contre des Hommes
j ou de voler violemment, et sans
échange, les enfans des Naturels. L’esprit
de rapine et tous les vices s’intro duisirent
comme une contagOion à l’arrivée
de tels forbans dont les victimes,
transportées d’abord dans les Antilles,
puis en tout lieu où quelque Européen
essayait de fertiliser un sol brûlant,
ne tardèrent pas à s’élever annuellement
à soixante mille. En 1768,
la quantité en fut portée à cent et quelques
milliers dont les Anglais achetèrentla
moitié; en 1786, elle se soutenait
au même taux. On peut évaluer à
douze millions, au moins, le nombre
des Africains transportés hors de leur
pays depuis la fin du seizième siècle
jusqu’à ce jour, sans que nulle part,
ces infortunés accablés de travaux, et
consumés par la fatigue, aient pu se
perpétuer. Il a fallu que leurs possesseurs,
en les usant, les remplaçassent
sans cesse, comme dans les tueries
des grandes villes on remplace le Bétail
que dépècent les bouchers pour la
consommation journalière.
Les détails de la traite, n’appartenant
pas à l’histoire de l’humanité,
nous aurons garde d’en attrister nos
pages, mais que les oppresseurs se souviennent
que la pesanteur du joug n a
point écrasé les Africains martyrisés
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