L’histoire de l’Homme, traitée par
quiconque n’avait pas anatomiquement
consulté le cadavre de ses pareils,
ne pouvait être qu’un canevas à déclamation
, dont la conclusion, reproduite
sous mille formes, était sans
cesse : «S’il s’élève, je l’abaisse; s’il
s’humilie, je le relève, afin de lui faire
comprendre qu’il est un monstre inexplicable
». Et l’on se laissa séduire
par de tels non-sens!
Il n’est donné à qui que ce soit
d’élever ni d’abaisser l’Homme, dont
toute l’autorité de Pascal lui-même ne
saurait pas plus faire un Monstre qu’un
Roseau pensant. Le vrai sage nous laisse
où la nature nous daigna placer, et
nous n’y sommes point inexplicables,
lorsqu’on descend dans notre organisation
intime, et comparativement
L HOMME. 2 I *7 J
avec celle des autres animaux. Mais il
ne faut pas procéder dans une recherche
de cette importance, avec des
idées étroites ou arrêtées d’avance, et
qui condamnent l’investigateur à rejeter
des vérités évidentes, quand ces
vérités ne se trouvent pas d’accord
avec des préjugés admis ; préjugés qui,
en dépit du consentement universel et
de la sanction des siècles, n’en sont
pas moins fondés sur l’erreur. C’est
dans un esprit Baconien qu’il faut
se livrer à l’étude de l’Homme intellectuel
, lequel n’est qu’une conséquence
nécessaire de l’Homme mammifère.
Toute métaphysique dont l’anato-
îixie et la physiologie ne sont pas les
flambeaux, n’est pas digne du nom
de science; amas spécieux de vaines
h.