guit lorsqu’on l’opprime, qu’il se la-
ligue et s’épuise lorsqu’on l’irrite, qu’il
dépérit faute de chaleur et d’aliment,
et qu il ne jouit de toutes ses forces
qu’au sein de l’abondance et de la
liberté. »*
Nous voyons cette Amérique, jadis
dépeuplée par la tyrannie, aujourd hui
si florissante sous l’influence de la liberté
conquise, confirmer la vérité si
noblement exprimée par le digne panégyriste
de Buffon, et prouver qu’il
n’eÿ de prospérité réelle, ét d’espoir
d’accroissbment, que pour les nations
où les droits imprescriptibles de
l’Homme et du citoyen sont reconnus
comme base de l’ordre social.
* Edition de Verdi ère, t. 1 , Eloge de Buffon >
J7. LX1X.
|l) Malte-Brun , dans les généralités par lesquelles
se termine le premier tome de sa Géographie
universelle, avait déjà fait justice de
cette manie de dénombrer les individus du genre
humain, contre laquelle nous venons d'essayer
de prémunir nos lecteurs. Nous transcrirons ce
qu’il écrivit à cet égard, pour compléter le cinquième
paragraphe du présent essai.
ce On a dit assez communément que le nombre
total des hommes vivans sur la terre peut s’élever
à un milliard ou onze cent millions. Récemment
quelques profonds géographes anglais nous
ont assuré qu’il y avait précisément q53 millions
d’habitans sur le globe, dont i 53 en Europe,
5go en Asie, i 5o en Afrique, et i 5o eu Amérique.
Tous ces calculs sont chimériques : il est
impossible d’en donner qui aient seulement
quelque degré de certitude. L’Asie a 5oo millions
d’habitans, dit-on; mais ce n’est qu’en
adoptant pour les pays qui composent cette partie
du monde les données les plus exagérées, qu’on
est parvenu à former ce total. Si l’on veut être
de bonne foi, il faut avouer que l’on n’a pas plus
de raisons pour donner à l’Asie 5oo millions que
pour lui en donner 2Ôo. Entre les différentes ver