pies très policés». Celui qui écrivit ces
étranges lignes ignore-t-il donc que les
Etienne, les Arnault, les Delavigne,
et les Daru n ont point renoncé à composer
des vers ; que Béranger s’est placé
sur la ligne de La Fontaine; qu’il n’est
pas encore interdit aux Constant, aux
Perrier, aux Foy(i), aux Collard, aux
Bertin-Devaux de se faire entendre à
la tribune , et que» les Cuvier et les
Fourrier prononcent annuellement,
tlevant l’Institut, des éloges funèbres,
ou rendent compte de l’état des connaissances
humaines ?
«Dans les sciences de fait, dit judicieusement
Voltaire qui sut , en se
jouant, faire agir son Huron comme
il convient au vrai sauvage, rien n’est
plus déplacé que de parler poétiquement,
et de prodiguer les figures ou les
ornemens, quand il ne faut que méthode
et vérité ,* c’est le charlatanisme
d’un homme qui veut faire passer de
faux systèmes à la faveur d’un vain
bruit de paroles : les petits esprits se
laissent tromper par cet appât, que les
bons esprits dédaignent ». Laissons conséquemment
dans Milton, dans Gess-
ner, ou chez leurs froids imitateurs, le
premier couple vivant discourir, aux
premiers jours du monde, dans un
goût qui n’est point celui que comporte
1 austérité des sciences exactes,
et convenons que l’état le plus triste
et le plus à plaindre est pour l’Homme
celui des sauvages, tels qu’ils sont
réellement, c’est-à-dire celui que les
déclamateurs ont nommé VEtat de Nature.
Les voyageurs modernes, affranchis
de préjugés, nous montrent de