
nous ont donné aucun signe de mouvement, je déclare d'abord
que pendant les trois années où j’ai observé les conferves , je
ne leur ai jamais aperçu aucun mouvement qui ne fut pas
occasionné par l’eau dans laquelle elles étaient plongées, quoique
je cherchasse souvent à leur en trouver, et que je fusse
prévenu de fidée qu’elles pouvaient bien se mouvoir.
Voilà d’abord ce que je peux généralement affirmer : pour ce
qui regarde en particulier mon premier genre, celui des ectospermes
, indépendamment de ce qu’il ne m’a offert aucun exemple
de mouvement spontanée , il avait trop de rapport avec
les végétaux pour qu’il fut facile de l’en séparer : en effet lorsqu’on
voit un être organisé, donner des graines qui le reproduisent
, lorsqu’on voit ses nouvelles productions se charger à
leur tour de nouvelles semences, lorsqu’on trouve placé dans
le voisinage de sa graine, le corps que fon peut prendre pour
la fleur même , quelle raison pourrait-on avoir de ne pas considérer
un pareil être , comme un végétal aussi paifait dans
son espèce que ceux d’un rang plus élevé ?
J’avoue que la seconde famille m’a présenté plus de difficulté
relativement à la même question. Ces tubes, dont les bourrelets
se greffent comme par approche sur les bourrelets du tube voisin
, en sorte que dans toute sa longueur et dans toutes ses
cloisons une conjuguée communique avec une autre , m’ont
laissé long-temps incertain sur l’idée que je devais m’en former.
J’ai souvent désiré de voir la manière dont ces tubes se rapprochaient
et parvenaient enfin à se réunir. Mais je n’ai jamais
aperçu
aperçu sous le microscope aucun mouvement d’un des tubes
vers fautre , je n’ai de même jamais vu les bourrelets se former
sous mes y eu x , et s’accrocher les uns avec les autres. Ce
mouvement doit donc être extrêmement le n t , si du moins
il a lieu , et si la réunion ne s’opère pas au moyen de
feau dans laquelle flottent ces conferves. Ces plantes toujours
rassemblées en grand nombre , et se touchant presque en tout
sens, peuvent aisément s’unir ; et rien n’empêche qu’il n’y ait,
à fextrémité de ces bourrelets, quelque matière glutineuse , ou
quelques crochets assez recourbés, pour qu’après s’être réunies,
elles se maintiennent ensuite dans le même état. I l se passe sans
doute ici quelques phénomènes semblables à ceux qui ont lieu
lorsqu’une plante se dirige vers la lumière, ou bien lorsqu elle
s’accroche par ses .vrils, ou enfin lorsqu’elle retourne ses feuilles
renversées. Or, puisque nous ne croyons pas que les grandes
plantes soient des animaux, quoiqu’elles exécutent quelques mouvemens
de la même manière , nous ne devons pas croire que
les conjuguées soient des animalcules , parce qu’elles poussent
des bourrelets. I l faudrait pour établir leur animalité qu’elles
fussent composées de parties distinctes les unes des autres ,
qu’on y trouvât quelque chose , qui ressemblât par exemple
à une t ê te , ou à un corps ; que son organisation intérieure pût
se rapporter à celle de quelqu’anim a l, et enfin- qu indépendamment
de ses bourrelets, elle fût capable de quelques mouvemens
volontaires ; or , comme rien de tout cela ne se rencontre dans
cette plante , comme au contraire elle est composée de cloisons,
ainsi que la plupart des autres conferves , comme de plus ses
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