
semblable en tout à sa mère. Je crus d’abord que cette plante
se multipliait par bouture. J’imaginai que lorsque ces petits bourrelets
avaient acquis une grandeur suffisante , ils se séparaient
du filet sur lequel ils avaient pris naissance, et allaient former
ailleurs une autre polysperme. Mais ce procédé qui était bien
celui de la nature et que l ’observation confirma plusieurs fois ,
ne donnait pas une idée suffisante de la première formation de
ces houppes. 11 fallait pénétrer plus avant dans l’organisation, pour
en acquérir une connaissance plus approfondie. O r , c’est ce qui
m’est arrivé dans l’hiver de fan IX ( le y Pluviôse ). Comme
j ’observais cette confeiTe au Jieu où elle croissait, et que dans le
but d’y découvrir quelques traces de fructification , je l ’examinais
avec toute l ’attention dont j ’étais capable, j ’aperçus qu’en la
pressant entre les doigts , j en faisais sortir une poussière verte
qui paraissait organisée : je n ’eus rien de plus pressé que d’observer
ces petits corpuscules au microscope, et je vis avec étonnement
au lieu de grams proprement dits , de petits chapelets
ramifiés et composés d’anneaux à peu près égaux dans toute
leur longueur. Voyez fig. 2.”'® Je crus d’abord que ces petits chapelets
étaient la polysperme encore jeune , et quoique je ne .
comprisse pas bien la manière dont ils grandissaient et devenaient
semblables à la plante d’où ils étaient sortis, j’espérai qu’en les
suivant avec soin , j ’acquérerais assez promptement cette con-
, naissance. Au 19 Pluviôse je visitai de nouveau la conferve :
j’y trouvai les mêmes chapelets renfermés en grand nombre
dans I intérieur du tube ; mais le dernier anneau et quelquefois
ceux qui lui étaient immédiatement contigus, au lieu de rester
semblables aux autres pour la grandeur et la couleur, avaient
considérablement grossis et étaient devenus opaques. Voyez
e e e. Quelques-uns des anneaux s’étaient séparés du chapelet
et flottaient dans le liquide f £ A leur grosseur et à leur
opacité, on jugeait qu’ils avaient occupé l’extrémité du chapelet:
cet état de, la polysperme dura tout le printemps ; on apercevait
toujours des chapelets et des grains qui s’en étaient détachés
; cependant les chapelets devenaient tous les jours plu.s
rares et les grains plus nombreux ; on voyait clairement qu’il
n ’y aurait bientôt plus que des grains ; dans le courant de
Prairial il n ’y avait plus de chapelets. Enfin , le 19 Messidor
de la même année , fapparence de la plante avait totalement
changé , au lieu de ces filets noirs et opaques sous lesquels
elle s’était constamment présentée , je ne vis presque plus que
des tubes flétris à demi transparens. Je cherchai dans leur intérieur
les grains qu’ils avaient contenus , et à mon grand étonnement
je trouvai qu’ils s’étaient échappés , ou par l’extrémité
du filet quand ce dernier avait été coupé , ou par quekjue
déchirure irrégulière c|ii’on pouvait apercevoir à la vue simple.
Je compris que le moment était venu de redoubler d’attentio
n , si je voulais connaître la reproduction de cette conferve.
Je recueillis donc avec grand soin les tubes qui n’étaient pas encore
entièrement vidés , et ceux qui paraissaient prêts à s’ouvrir. Je
plaçais le tout avec soin dans un vase assez grand , et pour
ne causer aucune altération, à la conferve , je l’exposai,sous le
jet d’une fontaine ; ses grains restèrent quelque temps dans le
liquide sans subir de changement remarquable , seulement ils
' devenaient plus nombreux à cause des tubes qui achevaient de se
‘ 'b!