
quelques prolifères et pour les polyspermes qni ne sont pas
pourvues de graines ; les tubes de ces premières ont trop de
ressemblance pour pouvoir être distingués, mais on s’aidera
de la description, en se rappelant le lieu où vivait la plante
et ses habitudes particulières ; on achèvera de lever les doutes.
Plus on fera de pas dans cette é tu d e , plus Ton reconnaîtra
d’espèces de conferves, plus l’on verra par ses propres
yeux les phénomènes que j’ai décrits, et plus aussi les plaisirs
que procurera cette occupation , seront vifs et multipliés.
Je ne crains point de proposer de pareilles occupations à
tous les hommes qui ont le goût de l ’observation , et qui aiment
les beautés de la nature. Si leur position et leur fortune leur
permettent quelques loisirs , ils ne sauraient les employer plus
heureusement. Toutes les fois qu’en histoire naturelle on a un
but déterminé, et qu’on a fait choix de quelcjue objet d’études,
les travaux auxquels on se livre deviennent plus agréables et
en même temps plus utiles ; les botanistes qui feront des découvertes
dans cette science qui en offre un si vaste champ , non seulement
éprouveront un plaisir vrai, mais de plus ils en conserveront
un long souvenir Toutes les fois qu’ils verront le lieu
qni en aura été le théâtre , il leur rappelera les objets avec
lesquels il est lié. Pour moi je l’avou e , je ne vois pas sans intérêt
, le lieu où j ’apperçus pour la première fois les graines flottantes
de mes ectospermes, ni celui où je surpris le réseau de
fhydrodictye dans son premier développement. Les espèces
même de conferves que j’ai long temps visitées , et dont je n’ai
reconnu la huctification qu’avec p ein e , m’inspirent un genre
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d’attachement que je sens plus que je ne puis fexpnmer. Jaune
à voir naître et se développer auprès de moi les especes avec
lesquelles je suis pour ainsi dire en connaissance. J éprouverais
quelque peine si je savais que quelques-unes d’entr’elies
vinssent à être détruites. Cette connaissance que j’ai acquise
me semble une espèce d’empire que je désire encore étendre.
Je me dis quelquefois , quand quitterai je les environs de
Genève? Quand verrai-je les bords de la mer ? La Méditerranée,
f Océan ? Cette conferve vagabonde dont parle Linné qui flotte
snr la mer comme nos conjuguées flottent sur les eaux ?
Je ne crois pas que fo n trouve ailleurs un genre de vie
plus heureux , ni que la société fournisse aux hommes des
plaisirs plus vrais que la nature n’en procure à ceux qui
l’aiment.
Je n’ai rien dit de futilité des conferves et je ne pouvais rien
en dire ; des plantes si peu connues , et jusqu’à présent si
négligées , n’offrent pas encore de grands avantages à fhuma-
nité, mais elles pourront un jour en offrir. 11 faut étudier
avec soin une production, quelque vile qu’elle paraisse ; ce
n’est que par la connaissance de ses propriétés qu’on arrive à
ses usages. Quand on raconterait à un homme qui .n ’en
aurait jamais entendu parler , la plupart de nos expériences
chimiques , il n’en tirerait pas d’abord les conséquences que
nous en avons ensuite déduites ? Mais dans ces matières, il
faut toujours séparer futilité , prochaine de futilité éloignée.
L ’utilité éloignée se rapporte au perfectionnement de Fesprit ,
et au développement des connaissances. Or , qui pourrait douter
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