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nous l’idée généraie du v é g é ta l, ne s’appliquent nullement à
cette substance. Il n’a point de racines, comme l’a montré
Réaumur ; il est dépourvu de feuilles, de tige , de tronc , et
de tous ces organes qui caractérisent la plupart des plantes ;
examiné à finté rieur, il n’a ni fibres, ni parenchyme, ni vaisseaux
etc. La gelée à demi transparente, et les filets articules , sont
jcs seules substances dont il est composé ; et ces substances
n ’appartiennent pas plus à fu n qu’à fautre des règnes ; mais
ce ne sont là , je l’avoue , que des présomptions qui peuvent
engager les observateurs à suspendre leur jugement , mais
qui sont loin d’établir fanimalité du nostoc ; il faut pour décider
cette question des preuves plus convaincantes, et ces preuves
sont tirées du mouvement ; si les filets des nostocs se
meuvent, ils soi%4 animés; s’ils sont immobiles, ils ne sont
pas animés ; il faut donc examiner avec la plus grande attention
si les filets articulés qui composent presque en entier les
nostocs sont susceptibles de quelque mouvement , ou bien s ils
en sont totalement privés ; si fobservation est bien faite , la
question sera décidée.
J’ai donc soumis au microscope des filets de nostocs , et je
les ai examinés sous ce point de vue. D ’abord je n’y ai point
v u , comme on peut le croire , les mouvemens angulaires et
progressifs qui distinguent les oscillatoires. Leurs filets , quoique
diversement fléchis et recourbés, ne paraissent doués
d’aucun mouvement; en sorte qu’au premier coup-d’oeil on
aurait prononcé qu’ils n’étaient pas des êtres animes. Mais,'
puisque nous ne connaissons point le mouvement dans ses
DES TRÉMELLES . 21 f
extrêmes, et que les oscillatoires m’ont présenté des exemples
de mouvemens très - peu sensibles , lorsqu’on les comparait
à ceux de la plupart des animaux ; il ne serait pas impossible
non plus , que les filets des nostocs n’eussent la faculté de
se mouvoir, lors même que leurs mouvemens ne s’apercevraient
pas d’abord au microscope. J’ai donc examiné ces f ile t s ,
non plus séparément, niais les uns relativement aux antres ;
j’ai remarqué leur position , je fa i dessinée sur le papier, et
après quelque temps j’ai comparé mon dessin à la position
des filets mis en expérience. J’ai vu fréquemment, dans ces
deux circonstances , que la distance de deux ou de plusieurs
filets augmentait ou diminuait.
Je ne crois pas avoir été trompé par les illusions que le
microscope occasionne. J’ai bien distingué le mouvement des
filets , de celui que produit l’agitation de feau dans laquelle
ils sont plongés ; j’ai vu souvent ces filets parfaitement immobiles
, souvent j’ai observé que tandis que les uns se mouvaient,
les autres restaient statioiinaires ; que le mouvement des uns
était dirigé dans un sens différent de celui des autres ; et que
le même filet après 's’être dirigé vers la droite , revenait vers
la gauche ; et qu’après s’être avancé d’un côté , il paraissait
rétrograder du côté opposé.
L e moment le plus fiivorable pour saisir ces mouvemens ,
c’est celui où la pellicule du nostoc vient à s’entr’ouvrir , et
où la gelée commence à se répandre ; avant ou après ce temps
h gelée est trop solide , et k s filets sont trop engagés les
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