
d’entr’eux qui étaient déjà flottans , avec ceux que je recueillis
par le lavage, et je les plaçai tous ensemble dans un vas©
pour suivre de jour à jour leur développement. Ils restèrent
longtemps rassemblés au fond de l ’eau, sans cbangement
apparent, et j’eus soin de renouveler fréquemment le liquide
qui les contenait. Cependant , malgré toutes mes précautions,
la gelée de l ’biver atteignit l ’eau de mon vase , et mes grains
se trouvèrent engagés dans une glace assez épaisse. Ils y
restèrent jusqu’au moment du dégel , c’est-à-dire, à peu près
pendant une quinzaine de jours ; e t , lorsqu’ils reparurent,
je les crus d’abord trop maltraités pour espérer aucun succès:
mais je me rappelai fort à propos les expériences de Spallanzani
sur les différens degrés de froid que peuvent supporter les
semences sans perdre pour cela la faculté de germer , et bien
convaincu que les conferves exposées en plein air , n’avaient
pas été plus heureuses que les miennes, je résolus de ne pas
abandonner mes observations.
Pendant que j’attendais avec une espèce d’inquiétude le
résultat de cette expérience , et que selon les alternatives
du froid et de la chaleur , l ’eau de mon vase gelait et dégelait
, le 12, Pluviôse , six semaines après le moment où les
grains s’étaient détachés de leurs tig e s , je cras appercevoir
quelques changemens. Leur couleur, verte s’était affaiblie ,
et leur volume avait un peu augmenté. Au bout de deux
jours, tout devmt plus marqué. Chacun de mes globules
ve r ts , et j’en avais plusieurs milliers , était pourvu d’une
queue ou d’un filet en tout semblable à ceux des conferves
dont ils tiraient leur origine. ( Vo y ez planche 2“ '- Fig. i"- b ;
b , b , ).
J ’éprouvais alors ‘ce sentiment de plaisir que l ’on ressent
toutes les fois que l’on arrive à une vérité dont on a fait
l ’objet de ses recherches. Car j’avais bien découvert les graines
de ces conferves , puisque les grains dont il est ici question
s’étaient détachés d’eux-mêmes de la plante , et avaient
ensuite poussé des filets. Néanmoins je les suivis scrupuleusement
pendant quelques jours, afin d’écarter , autant qu’il
était en moi , toutes les illusions, et d’assister à leurs premiers
accroissemens, après avob été témoin de leur naissance. Huit
iours après leur apparition, les filets avaient près de deux
lignes ; bientôt ils s’entrelacèrent les uns avec les autres et
formèrent des flocons ve r ts , semblables à ceux qui flottent si
souvent sur la surface des eaux , mais incomparablement
plus petits. I l ne me fut donc plus possible de mécomiaître
dans ces flocons de véritables conferves.
Alors je les plaçai dans trois vases séparés et je les exposai
en plein air ; ils grandirent considérablement , et au bout dé
quinze jours ils avaient plus d’un pouce. Ils conservaient
encore, à leur extrémité le globule dont ils étaient so r tis ,
mais ce globule était vide à l ’intérieur et presque transparent.
Successivemeut mes jeunes Ectospermes occupèrent une
plus grande étendue , ' et au commencement de Germinal
.an Y I I I , elles remplissaient la moitié d’iin vase d’un pied
I