
la conjuguée elle - même que j’observais toujours dans un vase
dont l’eau était fréquemment renouvelée , ne présentait plus
que des débris informes de tubes et de matières étrangères,
sans aucune apparence d’organisation. Les grains seuls ne
s’étaient pas altérés , et ils avaient conservé leur forme régulière
et leur couleur' verte au milieu de la destruction de toutes
les parties de la plante.
C ’est cette dernière circonstance qui a rendu plus difficile la
découverte des graines de cette famille. D ’abord, lorsque je
rencontrais des çpnjuguées réunies , je me contentais de les
examiner sur place , 'et de les visiter souvent, espérant que
la nature achèverait tôt ou tard son ouvrage, et qu’infailliblement
je surprendrais, par ce moyen, quelque jeune conjuguée
au moment de sa naissance ; mais, lorsque les globules me
paraissaient le plus près de leur développement , et au moment
où je croyais être sur le point de connaître la vérité , toutes mes
espérances étaient trompées : je ne retrouvais plus la plante au
lieu où je favais laissée ; les globules devenus libres, s’enfonçaient
dans f e a u , les tubes se détruisaient, et il ne restait rien de
la conjuguée,
Enfin, le 2 f Messidor an I X , en exammant les débris de
la conferva jugalis de Muller, que je suivais depuis le commencement
du printemps, j’arrivai pleinement et sans aucun doute,
à cette vérité si désirée, qui avait fait si, long-temps et si
infrcjctgeusemeut l ’objet de mes recherches.
Presqu’au même instant et dans le même jo u r , ou au moins
dans la même semaine, tous les gràins de la conferva jugalis ,
( j’en avais plusieurs milliers ) s’ouvrirent par une de leurs
extrémités comme les deux cotylédons d’une graine dont l’embryon
se développe ; et de la base de l’ouverture il sortit un
sac ve rt, d’abord trè s -p e tit, mais qui bientôt s’étendit de ma.
nière qu’il surpassa plusieurs bris la longueur du globule.
Dans l ’intérieur de ce sac parurent bientôt les spirales. V o y e z
Fig. y a a a Elles étaient accompagnées de leurs points bril-
laiis , comme dans une conjuguée entièrement développée, b
L e tube lu i-m êm e montrait ses cloisons , d’abord u n e , puis
deux , puis un plus grand nombre c c c ; en fin , la conjuguée
se détacha de son grain pour flotter seule sur le liquide ;
et alors à la grandeur près , et aux deux extrémités qui étaient
encore pointues , elle ressembla parfaitement à la plante qui
lui avait donné naissance.
Pour mieux constater l ’exactitude de ces observations
j’ai désiré qu’elles fussent répétées par des naturalistes accoutumés
à se servir du microscope. J’ai donc montré plusieurs fois mes
conferves , et en particuber les conjuguées , à des personnes
capables de juger ; et j’ai vu avec p la is ir, que sur les divers
objets dont il est ici question , leur opinion ne différait pas de
la mienne. En particulier un heureux hasard a voulu que le Cit.
De Candolle , qui a eu la bonté de rendre compte de mon précédent
mémoire dans le Bulietin des sciences ( i ) , et le
( I ) Prairial au ÎX,
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