
Presque toutes nos espèces sont flottantes , le petit nombre
de celles qui ne le sont pas se distingue par un diamètre très-petit,
et ^ar une flexibilité qui facilite les rapprocbemens. Celles qui
sont libres forment dans les eaux de vastes flocons d’un beau
vert , qui s’abaisse et s’élève selon l’âge de la plante , et
aussi selon les circonstances de fatmospbère. Celles que j’observais
dans mes vases gagnaient le fond de feau pendant les
■ jours couverts , et s’élevaient à sa surfece , dès que le soleil
cqmmençait à luire Je crois qu’elles sont principalement chargées
de quelques fonctions qui ont rapport à la pureté de
l ’a ir, ou à la décomposition de l’eau ; car elles m’ont souvent
paru remplies de bulles d’air : mais, comme ces buUes pouvaient
en se dégageant du fond , s’être arrêtées entre les filets de la
conferve , je ne peux rien annoncer ici de précis, d’autant plus
que je ne me suis point occupé de cet objet.
T,a durée de ces plantes varie sans doute selon les espèces ,
mais en général elle m’a paru être d’une année. La chaleur de
l ’été desséchant la plupart des étangs et des mares, on n’en
trouve qu’un petit nombre dans cette saison; mais, lorsque
l ’année devient plus humide , on commence à les voir reverdir.
Si dans ce moment on les examine au microscope ,
on reconnaît aisément qu’elles sont encore dans le premier
période de leur vie. Les tubes de quelques espèces sont presque
remplis, les spirales des autres sont serrées, il n’y a encore
aucun globule , ni par conséquent aucune réunion. Elles demeurent
dans cet état pendant tout l’hiver , en élargissant insensiblement
leurs spirales, ou en se disposant en étoiles- Lorsque
les mois du printemps arrivent, de toutes parts on n’aperçoit
que réunions , que grains qui se forment , ou qui sont déjà
formés ; successivement la couleur des conjuguées devient
moins intense , les tubes se détruisent, les globules gagnent
le fond et enfin toutes les plantes disparaissent. Ce sont ces
globules qui, descendant au fond de feau par leur pesanteur
spécifique, survivent à la destruction de la p lan te , et q u i , après
un intervalle, que j’ai trouvé d’environ trois mois pour la conferva
jugalis, de Muller, mais qui sans doute dépend de la
chaleur et de fhumidité , reproduisent chaque année les espèces
diverses, d’après une des loix les plus générales de la nature.