
y8 H i s t o i r e DES G o n f e r t e s
grandeiif du tube dont elles étaient sorties , et renfermaient
comme leur mè re , une matière verte à fintérieur dans laquelle
on remarquait déjà les grains brillans. L a seule difféience
essentielle qui les distinguait des conjuguées plus âgées , c’est
qu’elles étaient pointues par leurs deiix extrémités et sur-tout
par celle qui était la plus éloignée du tube : apparemment
que cette conformation leur avait été nécessaire pour rompre
les parois du vieux tube , dont on voyait çà et là épars les
débris transparens et entièrement vides.
L e nombre des espèces que je présente ici comme appartenant
à la même famille, est de quatorze. T re ize d’entr’elles,
m’ont permis d’observer plusieurs fois les réunions telles que
je les. représente dans les figures qui accompagnent cet ouvrage ;
dans la quatorzième, elles sont encore incertaines , mais la ressemblance
d’organisation , et les loix de l’analogie, ne me permettent
pas de douter qu’elles n’aient également lieu. Qu’on ne
croie pas que je reconnaisse ici un plus grand nombre d’espèces
que n’en a établi la nature. Ce n’est pas en les voyant une seule
fois et sous un seul point de v u e , que je me suis permis de les
distmguer, mais c’est en les suivant pendant deux ans entiers,
et en décrivant plusieurs fois les apparences qu’eUes oiFraient ^
que je suis parvenu à les reconnaître dans tous les périoiles
de leur accroissement.
L e seul auteur que j’aie eu pour guide dans ce travail c’est
le célèbre Frédéric Muller , q u i , dans un voyage aux eaux de
Pyrmont et de Meinberg, observa quelques-unes des conferves
D ■ E A u D 0 ü c E. fS»
de cette famille , et les décrivit dans un mémoire inséré dans
les nouveaux commentaires de Pétersbourg pour fannée ly S f
( I ) , accompagné de figures qui représentent les diverses espèces.
Cet infatigable et ingénieux naturalisce est tombé, comme
je i’ai déjà d i t , dans une faute qui lui est commune avec un
grand nombre d’observateurs. C’est que n’ayant observé ces conferves
microscopiques qu’une seule fo is , ou du moins dans une
seule époque , et cette époque ayant été les mois d’Août et de
Septembre pendant lesquels il n’y a plus de réunion, il n’a pas pu
connaître les divers changemens auxquels elles sont sujettes ; et
qu’il a pris pour des espèces différentes , des conferves qui différaient
seulement par fâge. En particulier, quoiqu’il eût le premier
découvert le singulier phénomène de la réunion dans la conferva
jugalis, et qu’il fa it fort bien représenté dans les planches qui
accompagnent sa Flore Danoise ( a ) , il ne f a pas même soupçonné
dans aucune des onze espèces dont il donne la description
, et dans lesquelles il prend pour autant de semences les
grains brillans attachés aux spirales.
Aussi ces descriptions spécifiques se sont-elles ressenties de
Cette trop - grande promptitude à observer et à décrire ; d’abord
il n’a pas toujours vu les cloisons qui divisaient les tubes ; en
sorte qu’il a souvent regardé comme conferves sans cloisons, celles
qui étaient réellement divisées ; ensuite il a pris pour caractère
spécifique la disposition de la spirale, le nombre et farrangement
( I ) Nova commentarîa 1785. Mars 3.4 M,
( 2 ) Flora Danica. t 883,