
Lorsque ces objets eurent été suffisamment examinés, jetndiai
la reproduction de la conferve. Préoccupé comme je l’étais de
l’idée que toutes ces plantes se multipliaient par des grains extérieurs
et pédonculés , je cbercbai avec beaucoup d’attention à
découvrir quelques semences sur les tubes de cette plante. Mais
tous mes soins furent inutiles , jamais je ne trouvai sur cette
singulière production , aucun corps qui fut étranger au réseau ,
et à fexception de quelques tacbes noirâtres que j’apercevais
sur les tubes qui avaient v ie i l l i , tout m’y parut entièrement
bomogène. Alors je me livrai aux conjectures que me présentait
ce singulier sujet. Si cette conferve , me disais - je , se multiplie
de graines comme le genre des Ectospermes et que le premier
développement soit un filet simple, comment est - il possible que
ce filet simple devienne un réseau? L e filet tendrait-il lui-même
à se couder , et les coudes en se réunissant, formeraient-ils une
maille ? Je n’avais jamais rien aperçu de semblable dans le règne
végétal, et je ne pouvais pas admettre un procédé si étrange dans
les opérations de la nature. J ’eus donc recours à une manière
plus simple de concevoir cette reproduction, et j’imaginai que
la graine était elle - même le réseau en petit , et que le développement
se faisait par fextension de toutes les parties. J’étais
favorisé dans cette opinion par la forme de réseau fermé, que
présentait l’bydrodictye , et par les dimensions différentes de
ces mailles qui supposaient une extension simultanée de toutes
les parties.
Je me livrai à ces conjectures pendant tout Fbiver de l’an V I Î I ,
visitant sans cesse le fossé qui renfermait la plante , et atten.
dant avec impatience la solution de ce nouveau problème. L intérêt
que j’y mettais était extrême , et ne peut guères etre compris
que par ceux qui se sont occupés de recbercbes semblables.
Enfin , le 24 Germinal j’arrivai à ce but tant désiré , et je vis
d’un seul coup-d’oe il, toute la reproduction de fhydrodictye.
Chacun des cinq filets qui forment le pentagone commença à se
renfler légèrement , sur - tout à ses extrémités. Ensuite il s en
sépara, non pas par une rupture proprement d ite , mais en sortant
de l’intérieur de la membrane dans laquelle il était contenu ,
et qui sans doute s’était ouverte ; voyez Fig. y.®' et après cette
séparation, il flotta dans feau sous la forme d’un bâton cylindrique.
Bientôt il s’aplatit, et éprouva une altération que je comparerai
à celle qu’un commencement de fusion produit sur les métaux ;
ensuite il s’agrandit insensiblement dans tous les sens , et les
mailles dont la réunion le constituait s’étant écartées les unes
des autres , il devint lui-même un nouveau réseau que l’on
distinguait au microscope. Voyez Fig. y.™® Bientôt ces mailles
purent être observées à la vue simple, et enfin chaque bâton fut
totalement changé en un réseau entièrement semblable à celui
dont il faisait partie. Toutes ces transformations s’opérèrent dans
l ’espace de quelques jours , et au bout de deux ou trois mois
les jeunes réseaux avaient acquis toutes les dimensions dont ils
étaient susceptibles. Quoique je n’eusse aucun doute sur ce mode
de reproduction, je n’ai pas laissé de le suivre pendant les deux
années qui se sont écoulées depuis ma première observation.
J’ai donc vu ces réseaux qui étaient nés dans la n V I I I , se conserver
pendant tout T é té sans reproductions nouvelles, et ensuite
se développer au printemps de l’an I X , comme les autres s étaient
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