
I n t R. ODU c T I O N.
L a seconde , c e s t que l ’emboîtement des germes reconnu
chez quelques animaux, est encore plus évident dans quelques
plantes. Mais quelque prix qu’on attache à ces vé r ité s ,
et à d’autres du même genre dont la botanique fournit la
démonstration, je crois que la principale utibté que l ’on
doit retirer de cette etude, se trouve dans les goûts simples
qu’elle inspire à ceux qui la cultivent. L e jeune homme qui
s’y applique avec ardeur , se dérobe par son moyen aux
passions turbulentes du premier â g e , et fortifie sans cesse
sa santé par des exercices agréables. I l est heureux lorsqu’il
a pu rapporter d’une course lointaine , quelques fleurs nouvelles
, dont il enrichit son he rbie r, et qu’il partage avec
ses amis. Je ne crains point d’être contredit par ceux qui
connaissent le charme de cette é tu d e , lorsque je leur rap-
pelerai les transports qu’ils ont éprouvés toutes les fois qu’il
leur est arrivé de cueillir des plantes précieuses, qu’ils
avaient long-temps désirées. E t. quoique les ouvrages de la
nature doivent sans cesse ramener à leur auteur les esprits
des hommes qui les contemplent , cependant il faut convenir
que la botanique produit sur-tout cet effet. I l y a dans chaque
plante bien examinée , nne preuve vivante de l’existence
du grand Être qui gouverne cet univers. Les divers arrange-
mens que présentent les organes sont autant de petits problèmes
proposés par la grande Intelligence à notre faible intelligence
qni en dérive. J ’avoue au moins pour m o i-m êm e , que je
n examine pas une simple fleur , sans être étonné de la
sagesse qui en a disposé les diverses parties , et sans apper-
ççvoir dans le d é ta il, ou dans l ’ensemble, le texte des méditâtions
les plus profondes. Je suis étonné que les botanistes
n’aient pas envisagé les plantes sous ce nouveau point de
vue. Elles leur auraient présenté une foule de phénomènes
curieux dont les nomenclateurs n’ont pas la moindre idée.
J ’ai essayé de consigner mes vu es sur cet objet dans un
ouvrage dont je m’occupe, et qui sera intitulé Physiologie
des genres, J’avais d’abord voulu fétendre à tous les
genres connus , mais la difficulté de- les avoir en pleine
■végétation , et de les observer pendant toute leur durée ,
m’a forcé de ne décrire que les genres d’Europe , et ceux
q u i, par une longue habitude, se sont pour ainsi dire acclimatés
dan's nos jardins. J’y présente leurs moeurs , et en
comparant leurs espèces , je parle des phénomènes nombreux
et inapperçus qu’elles présentent , et des rapports qui se
trouvent entre leur structure et les fonctions qu’elles sont
appelées à remplir. Ce dernier ouvrage ne sera jamais entièrement
fini , et il renfermera sans doute bien des inexactitudes :
mais enfin, quel qu’il soit , il m’aura instruit d’une foule
de choses que j’ignorais ; e t , s’il fait éprouver aux autres
une partie des jouissances qu’il m’a procurées , il n ’aura
pas été inutile à leur bonheur.
( Félix qid potuit rermi cognescere causas }.