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espèce qui croissaient dans d’autres fossés ; quoique séparées
des premières , elles se développaient simultanément ; elles
atteignaient en même tems le terme de leur accroissement :
leurs quatre grains s’écartaient à la même époque ; leur substance
devenait plus molle et toutes ensemble disparaissaient
au commencement de Prairial.
D ’après ces observations il n'y avait aucun doute que les
ulves ne se multipliassent par des graines comme tous les autres
végétaux : il était également sûr que la durée de ces plantes
était d’une année à peu prés, et que la première forme de ces
graines , celle sous laquelle elles commençaient à se développer,
était la forme ronde et sphérique.
Mais ces semences, où devais-je les chercher ? La réponse
à cette question était loin d’être douteuse ; c’était dans la
substance de l’ulve qui s’était développée avant une année.
Car les germes reproducteurs d’un être sont toujours contenus
dans cet être organisé lui-même. Or , je n’avais jamais aperçu
dans la membrane qui forme fulve , autre chose que des
grains, et ces grains par conséquent devaient être les globules.
Ce qui confirmait cette opinion , cëst que ces corps, au lieu
de se détruire en même tems que la m embrane, grossissaient
au contraire et n’étaient jamais plus apparens que lorsque
çette dernière était prête à disparaître.
■ Je considérai dès lors , et je considère encore les grains qui
se trouvent dans les ulves, comme de véritables semences,
D E S U L V E S . 2 3 f
Les naturalistes qui liront cet ouvrage , ne trouveront pas sans
doute mon opinion trop hasardée, peut-être même leur paraî-
tra-t-eUe mieux établie que beaucoup d’autres ; j’avoue cependant
qu’elle n’est pas rigoureusement prouvée , et que j’ai
souvent désiré pour me satisfaire moi-même , de suivre les
petits grains depuis le moment où ils Se séparent de la membrane
, jusqu’à celui où ils se développent.
L ’expérience ne sera pas difficile à tenter , elle consistera
à prendre des ulves au moment de leur vigueur , et si on le
veut , au moment où elles se décomposent. On les placera
dans un vase que l’on aura soin d’exposer à la température
de l’atmosphère et dont l’on renouvellera fréquemment feau-
L ’on exam inera. de tems en tems pour voir ce que deviennent
les grains et comment ils se développent, et l’on aura
enfin la preuve de fopinion que j’ai avancée.
Si l’expérience ne réussissoit pas , il ne faudrait pas en coit-
elure d’abord que je me suis trompé ; il est si difficile de
réunir dans ces cas les conditions que présente l’air extérieur;
il arrive si rarement que Fou puisse pendant plusieurs mois ,
suivre sans aucune négligence à des expériences délicates ,
et il y a tant de différence entre fétat d’une graine qui repose
sur la terre et celui d’une autre qui est placée sur de
l’argile cuite , comme est celle de nos vases, que dans le
cas où fon n’obtiendrait aucun développem ent, il faudrait
varier les expériences plutôt que de les abandonner.
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