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bien eft difficile la diftinétion des efpèces, &: la
rapidité avec laquelle elles fe font multipliées
aux yeux des botaniftes peu expérimentés., .nous
croyons cependant qu'on peut parvenir, à la longue,
à faifir les caractères qui condiment une véritable
efpèce. Ces caractères ou plutôt la différence
qui exifte entre deux efpèces doit être dépendante
de rorganifation de chacune d’elles,
tellement que le réfuîtat de cette organifation ne
peut être autre que celui que nous obfervons. Par
exemple, la diftribution & la direction des nervures,
dans les feuilles, établiflent une diftinCtion
affez conftante dans les efpèces : celles dont les
nervures font toutes longitudinales, fe dirigeant
de la bafe au Commet des feuilles, ou lorfqu’étant
latérales elles deviennent confluentes vers le bord
des feuilles , on peut affurer que ces feuilles ne
deviendront jamais ni dentées ni lobées, & que
celles qui auront ce dernier caraCtère nous offriront
des nervures difpofées dans un autre ordre.
Si ces dernières ne font point dentées, elles font
ôrganifées de manière à le pouvoir être. 11 en eft
de même de beaucoup d’autres caraCtèrès qui
tiennent elfentiellement à l’organifation particulière
de la plante, telles que l’inflorèfcence , la
fituation des feuilles, la diftribution & la direction
des rameaux & des branches. D’ailleurs, l’expérience
nous fait connoître tous les jours, des
plantes fujètes à beaucoup de variétés, tandis que
d’ autres gardent conftamment leurs cara&ères. 11
faut auffi convenir que nous trouvons rarement
dans la Nature ces nombreufes variétés qui exif- ;
tagp dans nos jardins. La raifon en eft qu'à force
de culture & de foins, nous parvenons à faire
croître des plantes à une expolïtion , à une température
& dans un fol où elles ne feroient jamais
-venues fi elles euflfent été abandonnées à elles-
mêmes : il en réfulte que ces circonftances locales
leur font perdre une partie de leurs caractères, &
en changent , très-fouvent le port naturel en les
rendant ou plus grandes ou plus petites. Si l ’on
en excepte un certain nombre de plantes qui croif-
fent prefqu’également dans toutes fortes de terrains
, à toute expofition & à des températures
différentes, les autres ont été deftinées parla Nature
à n’exifter que dans des contrées , dans des
fols & à des exportions particulières. Quoique
leurs femences puiffent être difperfées au loin ,
elles ne reuffilfent que dans le fol qui leur convient
: ailleurs, ou elles ne germent pas, ou les
Individus foibles & lahguiffans périffent ayant la
■maturité des femences. Il eft telle plante dés hautes
montagnes qu’on n’ a jamais rencontrée dans
les plaines, qui cependant fe propage, dans nos
jardins, pour les raifons exppfées plus haut. Il eft
cependant descirconftancés particulières où des
plantes finirent par fe 'naturalifer dans des climats
ou des terrains qui leur fient étrangers. Alors il en
réfulte des variétés qui perdent à la longue leur
type originel * '& te reproduifent , à la fuite de
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nombreufes générations, avec ces nouveaux attributs
qu’elles ne perdent point, & qui donnent
lieu, dans ce ca s , à l’exiftence d'efpèces nouvelles.
Il feroit bien intéreffant de reporter ces
nouvelles efpèces dans la patrie de leurs aïeux
d’en fuivre les générations fucceflives, & de s’af-
furer fi, dans ce fol nouveau, elles reprendroient
leur caractère primitif.
La détermination des efpèces n’ eft donc point
& ne peut être arbitraire. La variété des opinions
ne vient que du défaut d’obférvations fuffifantes.
Il eft bien certain qu’ il refterâ toujours beaucoup
d’incertitudes fur le très-grand nombre d’efpèces
déterminées d'après des plantes fèches & des herbiers.
Ces incertitudes ne pourront être levées
qu'autant qu'on fe trouvera à portée d’obferver
ces plantes.dans leur lieu natal, & même d’en
fuivre la génération. Ail refte, ce ne font pas
toujours les différences les plus Taillantes qui conf-
tituent le caractère de l’efpèce j elles ne font.quel-
quefois- que de fimples variétés, comme M, de
Lamarck l'a très-bien prouvé par l'exemple dti
fureau commun, à feuilles dentées ou profondément
laciniées. D’un autre côté, il arrive que,
dans certaines efpèces, les caractères fpécifiques
font^ fi peu apparens , qu'il faut la plus grande attention
pour les appercevoir > ils n'exiftent pas
moins, & doivent être.admis comme tels dès.qu$
ces différences-fe montrent conftamment dans la
réproduCtion des efpèces. Je me bornerai à en
! citer un exemple. Lé fpërgùla'arvenfis & \e fper-
• gula pentandra font deux plantés qu'il éft facile vie
confondre quand on ne confidère que leur port.-
Le caractère établi fut le nombre des étamines ne
peut être admis, la première n’ayant quelquefois
que cinq étamines au lieu de dix, comme la fécondé,
mais dans celle-ci, les femences font liffes,
comprimées & entourées d’un rebord membraneux
& blanchâtre , tandis que dans l'autre elles
font convexes, un peu ridées, &leur rebord nul
ou à peine fenfible.
J ’ai la conviCtiott que la Nature produit de tems
à autre de nouvelles efpèces, foit parmi les plantes
abandonnées à elles-mêmes, & qui font parvenues,
par des circonftances locales, à s’établir
dans des contrées ou dans un fol différent de celui
qu’ elles habitoient d’ abord, foit, plus fréquemment
dans nos jardins, par les changemens que la
culture occafionne dans les individus, & je n’he-
fiterois pas à placer au nombre des efpèces nouvelles
t$mte plante qui conferveroit, par une fuite
de générations bien conftatées, les nouveaux attributs
fous lefquels elle fe préfente dans nos parterres
ou dans nos vergers. Ainfi, parmi' les ceri-
fiers,il faudra regarder le guignier comme une
efpèce parfaitement diftinCte du bigarautier fi les
noyaux de l’un & de l’autre prpdûïfent çonftam-
ment là même différence dans les fruits.
Les variétés peuvent donc finir par devenir de
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véritables efpèces, malgré tout ce que l’on a pu ;
avancer jufqu’ alors contre cette opinion, ou bien
il faut renoncer au principe fondamental, qui feul
nous affure de l’exiftence des efpèces. Si nous
l’abandonnons eu fi nous voulons y mettre des
exceptions, tout rentre dans l’arbitraire, la confusion
& le délordre. Peut-on en avoir de.preuve
plus évidente que les peines inutiles que nous
nous fommes données jufqu’à préfent pour trou- .
ver, dans la Nature, 'l’efpèce prirrfitive d’un grand
nombre de plantes livrées depuis de’s fiècles à la j
culture? Comment fe fâit-il qu’elle ait échappé '
aux recherches de tous les voyageurs naturalisés,•
qui ont parcouru avec tant de loin toutes les contrées
du Globe ? Plufieurs efpèces de; froment,
d’orge & d’avoine, plufieurs plantes potagères , ;
légumineufes & autres, ne nous font connues que
dans leur état de culture. Je ne doute prefque
point qu elles ne doivent leur exiite.nce à'quel- ;
ques-unes des autres efpèces fauvages du. même
genre, dont elles fe rapprochent le plus. Je r e - .
garde lès variétés un peu importantes comme une
difpofition, & en quelque forte un efi'ai que fait ;
la Naturé pour' la formation d’ une efpèce nouvelle.
On a jüfqü’à préfent donné trop peu d’attention
à cés variétés j elles pourroient néanmoins
nous fournir des faits très-importans fur le paf-
fage d’une .efpèce à une autre., fur les moyens:
qu‘empioie( la. Nature po,ur en. multiplier, le nombre.
y.fur les changemens, les;altérations que leur
font éprouver les circonltanc.es locales» i
Les efpèces une fois bien déterminées, il fi ffi- ;
roit d’en-refter1 -là: pour avoir une connbiffànce
exaCte de toutes les productions de la Nature dans
Je règne végétal j mais il eft au deffus des forces
de l’efprit humain d’embraffer la totalité des efpè-:
ces en. les ifolantj il eft;forcé, d’employer, pour
le foulâgement de fa mémoire, dés' moyens qui
lui font fuggérés par la Nature elle-même. Le premier
qui fe pré fente, eft de rapprocher les efpèces
qui fe reffemblent lé plus, & de former, s’il.étoit
poflible, une chaîne non interrompue de toutes
les efpèces végétales , en plaçant pour premier
chaînon les plantes dont l’organifation eft la plus
iïmple, & terminant cette longue chaîne par celles
dont l'organifation eft la plus complète. Cette idée
eft très-naturelle : c’eft toujours la première qui
fe préfente, même chez les plus ignoraris, des
qu’il s’agit de ranger dans un ordre quelconque
les productions de la Nature j mais fon exécution
ne pouvoit être que le fruit de très-longues obfer-
vations, & , quelque nombreufes qu’ elles puiffent
être aujourd’hui, on n’eft encore parvenu qu’ à
former des groupes dont quelques-uns fe touchent,
mais dont beaucoup d’autres laiffent entre
eux une interruption qu’il ne faut guère s’attendre
à voir remplie. La place que chacun de ces
groupés doit occuper dans la férié n’e.ft pas encore
& ne fera pas de long-tèms parfaitement
déterminée.
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Quoi qu’ il en foit, cette diftribution des efpèces
par groupes eft d’un très-grand avantage pour
la fciencej elle en facilite l’étude & la rend plus
agréable. Ces groupes forment les genres & les
familles, dont il eft queftion ailleurs. ( Voyez les
articles GENRE & FAM IL L E .- )
KSQUINE ou SQUINE. C’eft une efpèce de
fmilàx. ( Voyez S A L S E P A R E IL L E .)
ESTRAGON. ( Voyez A rm o is e . )
E st r a go n du C a p : nom vulgaire àeYerioce-
phalus africanus Linn.
É SU L E (Grande & petite). ( Voyez E u p
h o r b e . )
ÉTERNELLE ou BOUTON BLANC : nom
que l’on donne à quelques efpèces de gnaphalium
à fleurs blanches & à plufieurs autres plantes, dont
les fleurs ou plutôt les écailles du calice colorées
fecon fer vent pendant long-tems avec la vivacité
de leurs couleurs.
ETHULIA. ( Voyez É th u l ié , & Illuftr. Gen.
tab. 699 y ethuli a divaricata, n°. 3 .) Quelques
.efpèces de ce genre en ont été retranchées, pour
former celui de fparganophorus. ( Voyez S.PARGA-
NÔ PHO R E. ) Vj
ETIEPE : nom vulgaire donné, dans quelques
montrées, au genre ftipa Linn.
ÉTOILE DE BETHLÉEM. C ’eft un des noms
de I’Or n ith o g a l e pyramidal. On donne encore
ce nom à une efpèce d3albuca.
ÉTRANGLE-LÔÜP : nom vulgaire du paris'
quûdrifolia Linn/ ( Voyez P A R IS E T T E . ) '
EVANDRA. Brown. Ce genre, de la famille
des fou chefs, paroît avoir de grands rapports avec
! les chryfitrix j il comprend des herbes exotioues,
marécageufes, peu connues, & dont le caractère
eflentiel eft d'avoir :
Des epillets prefqu uniflores , compofés diécailles
imbriquées de toutes parts , dont plufieurs font vides •
environ douze étamines ou plus y un fiigmate fimple ;
point■ de foies ni d-écailles à la bafe de /’ovaire une
noix cylindrique y crufiacée., contenant un noyau Ujfè,
E s p è c e s .
I . E y A N D R A a r i f t é e . Evandra arifiata. B r o w n .
Evandra culmo foliofo ; fpiculis paniculatis a xi fi
laribus terminalibufque; fquqmis ariftatis. Brown,
Nov. Holl. 1 . pag. 239.
Ses tiges font hautes, feuiliées, étalées 5 fes