
En effet, les foudures ou les greffes naturelles
que nous obfervons dans les différentes parties des
végétaux n’ont lieu qu’entre les parties abfolu-
ment femblables. Une tig e , une branche, peut
fe greffer fur une autre tige, fur une autre branche
> un pédoncule avec un autre pédoncule, un
fruit avec un autre fruit , les fiîamens des étamines
avec les pétales : ces fortes de greffes ne
fort point raŸes j mais le calice qui tient de la nature
des feuilles, eft trop différent des pétales, qui diffèrent
fi peu des fiîamens, pour que ces organes fe
réunifient par la greff . Je fuis obligé de rappeler
ici encore une fois que i’ inf rrion des pétales qu’on
a cru exifter fur le calice exifte réellement fur une
portion du réceptacle , comme je l’ai dit ailleurs.
D’autres confidérations viennent à l’appui de
cette idée & la confirment. En examinant les fleurs
pourvues d’une double enveloppe , nous voyons
les pétales alterner tïès-fouvent avec les divifions
du calice, ou, s’ ils leur font oppofés, l’alternation
a lieu avec les étamines II arrive très-rarement
que les divifions du calice , les pétales & les étamines
foient oppofés, c’eft-à-dire, placés régulièrement
v is -à -v is les uns des autres. Comment
alors_exp!iquer la greffe; des pétales avec le calice?
Pour qu’elle ait lieu, il fiuiroit que les pétales
firffent conftamment oppofés aux diviiïoift du calice
dans toutes les enveloppes fimples, afin qu’ils
puiffent s’y appliquer dans toute leur furface, autrement,
c’en à-dire, dans le cas de l’alternation,
on diftingueroit, entre les vivifions du câlice, une
portion de pétale non greffée : il ne refteroit alors
aucun doute fur l'exiftence d’ une double enveloppe,
& la greffe deviendroit apparentes elle fe recon-
noîtroit furrout dans les fleurs qui ont leurs étamines
oppofées aux divifions du calice, puif-
qu’ alors les pétales feroient alternes avec elles,
excepté dans quelques cas particuliers, ainfi que
je l’ ai dit plus haut. La greffe du calice & de la
corolle n’auroit donc lieu que dans les feuls cas
où les pétales feroient oppofés aux divifions du
calice, en la fuppofant pofiible. Quoiqu’il n’exifte
pour moi aucun exemple de la foudure du calice
avec la corolle, quoique je croie ces deux organes
peu fufceptibles de fe greffer l’ un fur l’autre, je
n’aurai cependant pas la témérité d’en nier l’im-
poflibilité abfolue > mais pofer en principe que
toutes les enveloppes fimples font dans ce cas,
c’eft hafarder une opinion contredite par les faits,
& qui peut arrêter, dans ceux qui l’adoptent,
toute autre recherche ultérieure fur l’ exiftence &
les caractères de ces deux organes, p
J ’ai effayé de les diftinguer en partant d’un
principe peut-être trop négligé, & qui cependant
me paroît d’une extrême importance pour fixer
les bornes de chaque organe : il confifte dans les
fondions que chacun d’eux eft chargé de remplir
dans le développement des diverfes parties des
végétaux. Quels que foient donc les traits de
reffemblance qui exiftent entre deux organes , il
ne faut pas les confondre dès qu'ils remplirent des
fonctions différentes : ils feront toujours fuffifam-
ment caradtérifés par les rapports plus ou moins
intimes qui les rapprochent ou les éloignent les
uns dés autres, par la diverlité de leurs produits,
qui décèle une différence dans leur organifation ,
quoiqu'elle échappe fouvent aux recherches.
C'eft d'après ces principes que j'ai cru devoir
reim inclre fa trop grande extenlïon que l’on don-
noit au calice, en lui attribuant des ronétions qui
ne peuvent appartenir qu'au réceptacle. ( Voyci^
Calice , Suppl.) C ’elld’après ces mêmes principes
que j'ai reconnu que le calice, plus rapproché des
feuilles que des pétales, ne pouvoit, dans aucun
cas, être pris pour la corolle , qui a bien plus de
rapport avec les fiîamens des étamines.
Enfin, j'ai effayé de prouver que les fiîamens fe
greffoient fur les pétales & non fur le calice, &
que, par la même raifon, la corolle ne pouvoit fe
greffer fur le calice : d'où il fuit que toutes les fois
que les fiîamens feront corps avec uné enveloppe
(impie, cette enveloppe doit être confidérée, non
comme un calice , mais comme une corolle 5 ce
qui arrive dans un grand nombre de plantes.
J ’ai dit encore que le calice étoit bomé à des
formes très-fimples, parce que fes fondions fe
terminoient, ou à protéger la corolle dans fon enfance
, ou , lorfqu'il eft feul, à recouvrir les étamines
avant leur épanouiffement ; que la corolle ,
au contraire, bien plus variée dans les formes ,
étoit uniquement deftinée pour la confervation des
parties fexuelles ; que de la forme & de la pofi-'
tion de ces dernières dépendoient ces formes fi
variées de la corolle, ce qu'on ne remarque nullement
dans le calice; qu’enfin toute enveloppe fim-
ple , qui, par furabondance de fucs nourriciers ,
augmentoit le nombre de fes parties, comme dans
les Heurs doubles, femidoubles , &c. , devoir
être regardée comme une corolle.
L'application de ces principes laiffera peu de
doutes fur la dénomination que l'on doit donner à
une enveloppe , lorfqu'elle exiftera feule dans une
fleur. Il fuffira de confidérer, 1®. fa forme plus ou
moins rapprochée de celle du calice & de la corolle,
obfervésdans les fleurs pourvues de ces deux
organes ; a” , fon développement, dans le luxe de
la végétation, en prolongemens foliacés ou en
pétales ; 5°. fa foudure avec les fiîamens; 4°.
nature des fervices qu'elle rendaux organes fexuels,
foit en leur fervant feulement d'enveloppe jufqu’à
l’époque de leur développement, foit en continuant
à les protéger, à les abriter, en fe repliant
fur elles ou en les recevant dans des cavités particulières
; s °. la nature des produits, tels que des
huiles effentielles , des parfums, &c. ; l'éclat,
la vivacité de fes couleurs , la grandeur & la
variété de fes formes, &c. La réunion de ces
caractères,
carafttères, en totalité ou en partie, fervira à faire
reconnoîrre, dans ies enveloppes fimples, l’exif-
tence d’un calice ou d’ une corolle.
Pour confirmer les principes que je viens d'établir
fur la diftinéfcion du calice & de la corolle,
ainfi que j’ai dit ailleurs du réceptacle, il me ref-
teroic à parcourir la plupart des familles des vér
gécaux, & prouver que ces anomalies , ces prétendus
écarts entrent tous dans les vues de la Nature
, & font plutôt une confirmation qu’une exception
de fes lois, ainfi que je l’ai fait voir plus
haut pour les fleurs à étamines, dépourvues de
calice & de corolle. De plus longs détails feroient
l’objet d’un travail particulier, trop étendu pour
qu'il puiflfe trouver place ici.
CORONILLA. (Voye% C oronille.)
CORONILLE. Coronilla. Illuflr. Gen. tab. 630,
fig. 1 , coronilla emerus , n®. I ; — TourneE- tab.
418 5 — fig. 2 , Fruélification du coronilla d’après
Tourbefort, tab. 419 $ — fig. 3 3 coronillavalentina,
n®. 4; — Gærtn. tab. 1555 - r fig. 4 , caronilla mi-
' tiima , n°. 6.
Obfervadons. i° . Quelques auteurs ont féparé de
ce genre le coronilla fecuridaca Linn.,&en ont formé
un genre particulier. M. de Lamarck a adopté cette
reforme dans les TUuf rations des Genres , tab. 629,
& Gaîrtner , tab. I J 5 , où le coronilla fecuridaca
Linn. porte le nom de fecuridaca, mais par erreur,
puifqu’il exifte un autre genre de Linné fous cette
dénomination, Illuftr. tab. 599. Celui dont il s’agit
a été nommé bonaveria par Necker, fecurigera par
Decandolle, fecurilla par Perfoon. Il diffère des ;
coronilles par fes gouttes larges, comprimées, j
terminées par une longue pointe fubulée, en forme j
de corne, & par fes femences parallélogrames.
1 9. M. Willdenow a cru devoir faire entrer dans
ce genre plufieurs efpèces dUfchinomene j qui, à la
vérité, s’en rapprochent beaucoup par les parties
de la fru&ification , mais qui- s’en éloignent par
leur port , que l’on ne peut guère fe difpepfer de
prendre en confidération dans une famille auflî naturelle
, & dont la plupart des genres le font fi
peu. ( Voye^ Sesbane.)
. 3°. Le fynonyme de Profp. Alpin J Exot., p. 14 ,
joint au coronilla globofa, n°. 1 1 , peut bien conve-
venir à cette efpèce 5 mais la figure qui porte ce
nom^ne lui convient nullement : elle appartient
plutôt à une plante labiée.
Obfervadons. Les coronilles ornent nos bofquets
& nos parterres d’une fuite de jolis arbuftes, dont
les fleurs durent une grande partie de l’été \ mais,
confondues avec une foule d’autres qui les éçlipfent
eti beauté, elles ne forment qu’ une nuance au milieu
de nos richeffes végétales } elles ont un bien
plus grand prix dans leur lieu natal j c’eft fur les
collines arides qu’elles jouiffent de tout leur inéi
Botanique. Supplément, Tome IL
f rite j c’eft là que leurs fleurs, d’un beau jaune
éclatant, con.raftent avec la verdure d’un gazon
rare ; elles fe montrent encore dans les clairières
des forêts des montagnes, s’ élancent d’entre les
buiffons, ou vont fe fixer entre les fentes d’une
roche ftérile 5 d’autres efpèces , plus ordinairement
à tiges herbacées , ëmbelliffent les prairies , les
pâturages tecs f coronilla juncea Linn. ) ; d’ autres,
à belles fleurs panachées de 10fe , de violet & de
blanc, ramafféesen bouquets, s’étendant en guirlandes
par leurs tiges rampantes (coronilla varia,
globofa Linn.). Ornement ae la nature agrcft.j , par*
tout elles plaifent par leur éclat, par la difpofition
de leurs fleurs réunies’en un joli bouquet étalé , 8c
qui a tellement féduit la vue des premiers obfèrva-
teurs,qu’ils l’ont comparé à une petite couronne, 8c
lui en ont donné le nom. Enlevées à leur fitè natal,
placées dans nos jardins fur un théâtre plus brillant,
ces fleurs perdent, dans leur nouvelle pofition, ceS
charmes particuliers attachés à la place que La Na-w
ture leur a donnée fur la furface du Globe.
S u i t e d e s e s p è c e s .
13. C oronille à cinq folioles. Coronilla pén-
tapkylla. Des font.
Coronilla foliolis quinis aut feptenis, ctineiformi-
bus , emarginatis j fiipulis ovatisJ décidais. Desfont.
Flor. atlant. 2. pag. 17 1.
En rapprochant cette efpècé de plufieurs autres
connues, M. Desfontaines obferve, i°. qu’elle a
des rapports avec lé coronilla Rivin. 2 , rab. 92 j
mais celle-ci a neuf folioles ; 20. elle rettemble
encore, par fes feuilles 8r fes.fl=urs, au coronilla.
fruticofa , leguminibus crafftoribus. Miller, Diét.
tab. 289. Mais cette dernière eft dépourvue de
ftipules : ce n’eft point non plus le coronilla, Miller,
Diéh rab. 289,, fu . 1 , qui lui reff.-mble par
fes ftipules, mais qui en diffère par fes folioles
plus nombreufes , plus petites, glauques, prefque
charnues.
! , C’eft d’ailleurs un périt arbufte très-glabre,
haut d’environ trois pieds,. droit, très-rameux,
garni de feuiiles compofées de cinq , très-rarement
de fept folioles cunéiformes, la plupart
échancrées , quelques-unes entières j les ftipules
grandes, entières, ovales, caduques les pédoncules
nus, foutenant à leur fommet dix à vingt
fleurs jaunes , pédicellées, difpofées en une petite
ombelle.
Cette plante croît fur les collines, aux environs
d’Alger. ( V . f in herb. Desfont.)
14. C oronille de la Cochinchine. Coronilla.
cochinchinenfis. Lour.
. Coronilla fujfruticofa , foliis fubquindecimjugis y
pedunculis fubtrifloris ; leguminibus ereiïis , torulofis,
! Loureijo, Flor. cochin. pag, 452.
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