
un chêne qui paroît avoir été confondu parmi les
variétés du quercus robur- il ne s’ élève jamais à plus
de quatre à cinq pieds. Ses rameaux fe recourbent
vers la' terre, & les inférieurs rampent toujours ;
suffi l’appelle-1-on chêne de haie, par fuite de la
faculté dont il jouit de former naturellement d’excellentes
haies. Son écorce eft grive’ > fon bois blanc,
& fi liant qu’ il eft*difficile de le cafter. Son gland
eft feffile, & caché prefqu’entiérementdansla cap-
ftile. Ses feuilles reffemblent beaucoup à celles du
chêne pédoncule, mais elles font plus petires, d un
vert plus clair & toujours très-glabres. Ses pouffes,
après la coupe des vieux pieds, montent, dès lav
première année, à la moitié de la hauteur à laquelle
ils doivent parvenir. Elles font très-nombreufes ,
droites, très-grêles.
Ce chêne croît fur les montagnes de l’eft de la
France, dans les Vofges , le Jura, la chaîne calcaire
fecondaire qui s’ étend de Langres à Dijon.
On emploie fes rameaux, dès la fécondé année ,
à faire des corbeilles , des paniers, des liens, 8c
enfin à tous les ufages des gros brins d ofier,
dont elles ont la foupleffe. Ces paniers ou corbeilles
font préférables à tous les autres , pour la durée
& la folidité.
3°. Le quercus crinha Lam., n° 4 , qui renferme
le quercus cerris Linn., contient plufieurs variétés,
qui font aujourd’hui confïdérées comme efpèces.
Olivier a figuré, dans fon Voyage dans l Empire
ottoman, le quercus hatiphleos, très-commun dans
tout le Levant , & que Bofc foupçonne avoir été
nommé par erreur chêne de Bourgogne,. ne l’ayant
jamais rencontré dans cette province qu’ il a beaucoup
parcourue.
Le véritable quercus cerris de Linné a fes feuilles
profondément & prefqu’ également découpées en
lobes aigus, à peine velus. Ses glands font petits,
fertiles , à moitié enfoncés dans une cupule couverte
de fiUmens velus. Son tronc eft tortueux &
^boueux > fon écorce très-raboteufé, tandis que
dans le quercus hatiphleos- les lobes des feuilles font
anguleux, inégaux, couverts.de poils blancs en
deffous, 8c prefque farineux en deffus y fes glands
a fiez gros, réunis deux ou trois enfemble j ils ref-
tent deux ans fur l’arbre. Son tronc s-eleve fort
haut, & fon bois eft préféré pour la conftru&ion
des maifons & des navires. Je crois que cette
plante eft la même défignee fous les deux variétés-
quercus crinita , var- , f i tandis que la variété y
a de très-grands rapports avec le quercus aufinaca
Wiild.
40. On trouve dans le Voyage de M. Olivier ,
une très-bonne figure du quercus tgylops, n°. 5.
D'après le même auteur, fon tronc s’élève peu &
fon bois n’eft pas eftimé. Il croit abondamment
dans l’Afie mineure ; fes cupules y font employées
au.cannage des cuirs,. & a.la teinture eiv laine,
foie, fil & coton. On les tranfporte en Italie 8f
dans d’autres contrées de l’Europe, pour le meme
objet.
I 5°. t e quercus alba, n°. 8 , doit avoir pour fy-
| nonymie: — Wangenh. Amer. p. U. tab. 5. fig. 6;
— Michaux, ’Flor. boréal. Amer. 2. pag. 195» —
quercus alba, virginiana , Catesb. Carol I . pag. 21.
tab. 2 1. fig. 2. Michaux, dans fon Hijloire des
Chênes, n°. 4 , tab. ƒ, en diftingue deux variétés :
r°. quercus alba pinnatifida , var. a j 20. quercus alba
repanda, var. J3.
6°. Le quercus rubra , n°. 10. — Mich. Hiji- des
Chênes, n°. 20. tab. 3 ç, 56. La variété peftle quercus
paluftris Mich., & celle y le quercus Cafiebai du
même. Ils feront mentionnés plus bas.
7". Le quercus velutina , n°. I I , eft devenu aujourd'hui
unobjetintéreffantdecommerce. (Koycy
plus bas C hêne quercitron. )
8°. Le quercus nigra, n°. 12. La variété /! a été
figurée par Michaux, fous le nom de quercus nigra,
,n°. 12. rab. 2 2 , 23. & Flor. Amer. 2. pag. 198.
— Wangenh. Amer. pag. 77. tab. J . fig. 1 J-
£)°. Le quercus phellos, n°. 13. La variété « f ®
trouve dans Michaux, fous le nom de quercus phellos
filvatica, tab. 1 z .—Wangenh, Amer. 76. tab. y.
fig. 1 1 . — Abbot, Infeéh 2. pag. 19 1. tab. 91 ; &
pour la variété js,Wangenh, Amer. 77. tab. ƒ,
fig. 12.
io°. Le quercus e feulas, n°. 3. Je regarde, dit
M. Bofc, comme type de cette efpèce, le chêne
qu'on cultive au Jardin des Plantes de Paris ; mais
celui qui a été décrit par Alton , & dont je poftede
des feuilles rapportées par Lhéritier, eft très-différent.
Ce dernier a les feuilles très-longues„pin-
.natifides,, à divifïons larges,, écartées y. la plupart
: inégalement tricufpidées à leur Commet, très-glabres
en deffus, inégalement pubefeentes en deffous.
Il fe rapproche beaucoup du quercus crinha ,
var. hatiphleos-,
i i °. Le quercus• abelicea ( chêne de Candie ):
paroît appartenir plutôt aux micocouliers ( celtis).
( y°yeX nos obfervations à la fin du 1 6r. vol. Supp
A dditions, pag. 756..L
12°. Le quercus Lufitanica. Il y a lieu de foupçon-
ner que le quercus ( valentina ) , foliis ovato-lanceo-
Latis 5 ferratis ; ferraturis fpinofis, fabius pubefeenti-
hus, Cavan. Icon. Rar. 2 , pag.«ay, tab. 129,.appartient
à une des variétés de cette efpèce.
Les C hênes forment- un genre très^-naturel >
aucun autre ne présentant des fruits d un caraétere
aufll particulier :. cependant les Anciens &Tourne-
fort lui-même les avoient diftribués-en troisgenres,.
d’après la durée,. la forme de leurs feuilles & la
nature de leur écorce.. Sous le nom. de quercus ,
Toumefort comprenoit les efpèces à feuilles ca-
I duques en automne,, ordinairement, affez- grandes^
8c plus ou moins fïnuées ou lobées : celui d’i/ex
renfermoit ceux que l’on nomme vulgairement
chênes-verts, dont les feuilles coriaces, ordinairement
beaucoup plus petites, entières ou légèrement
finuées ou dentées > perfiftoient bien avant
dans l’hiver, & très-fouvent d’une année à l’autre.
Enfin le chêne-liége ( Suber3 Tournef. ) étoit ré-
fervépour ces arbres remarquables parleur écorce
épaiffe, fpongieufe, crevaffée.
Cette diftinétion arrème du moins une foudi-
vifion affez naturelle des chênes, & les chênes-
vertsi auxquels le liège doit fe réunir, forment
une coupe bien tranchée avec ceux qui occupent
le premier rang par leur élévation, pat l’épaiffeur
de leur tronc , par leurs grandes feuilles, la plupart
ne perfiftant que jufqu’aux premiers froids : ajoutons
par leur fol natal, ainfi que je le dirai plus bas.
Mais ce ne peut être que par la réunion de tous
ces caraétères, qu’on les féparera des chênes-verts
ouyeufes, 8c non fur la caducité de leurs feuilles;
d’autant plus que l’on connoît plufieurs efpèces
d’entr’eux, qui confêrvent leurs feuilles prefque
toute l’année, félon la température des hivers,
tandis que les chênes-verts offrent des efpèces à
feuilles caduques. Le quercus apennina appartient à
la première divifion par fes grandes feuilles, 8c à
la fécondé par la durée de fes feuilles pendant
l’hiver.
Dans fa diftribution des chênes de l’Amérique ,
Michaux les a divifés d’après la durée du tems
qu’exigent les glands pour leur parfaite maturité.
Dans les uns, les fruits mûriffent dans le courant
de l’année, 8c ces fruits, d’après le même auteur,
font toujours axillaires; dans d’autres, les fruits
reftent deux ans à mûrir. La fleur femelle fe développe
d’abord, mais l’ovaire ne prend d’accroiffe-
ment fenfible que le printems fuivant. Cette ob-
fervation, importante pour la végétation, 11e peut
être employée comme foudivifion ; elle écarteroit
des efpèces que la Nature a rapprochées par un plus
grand nombre de caractères. La forme des feuilles,
fi variable même dans les individus de là même
efpèce , eft la plus arbitraire & la moins .fûre des
divifïons
Les Anciens, dans leur fyftème religieux , ont
fenti plus vivement que nous les bienfaits de la
Nature; ils en témoignoient leur reconnoiffance
avec un enthoufiafme qui alloit jufqu’à déifier en
quelque fortejes productions naturelles employées
aux premiers befoins ou aux commodités de la
vie. Ce culte rendu aux* êtres inanimés, mal interprété
par la poftérité, fe reportoit, dans l’idée des
premiers hommes, à l’auteur fuprême de ces bienfaits;
ils honoroient le créateur dans fes créatures
; mais comme l’ignorance change prefque
toujours en fuperftition les premiers élans de l’en-
thoufiafme religieux, & qu’elle convertit en réalité
ce qui ne portoit d’abord que fur des idées
allégoriques, des nations entières font reftées
pendant des fièctes efclaves de préjugés facrés que
de prétendus miniftres de la Divinité avoient intérêt
de propager v telle a été l’origine du culte des
Druides. Il paroît avoir pris naiftance de la vénération
que les peuples de la plus haute antiquité
ont eue pour les chênes. Ces arbres formoienc alors
de rafles- forêts, dont celles qui nous reftent né
font que des portions échappées à la hache de la
deftruCtion. Au refte , il faut remarquer que ces
forêts n’étoient compofées que de nos grands che-
nés ou chênes à larges feuilles (.quercus robur, cef-
ris, &c. ) ,■'comme elles le font encore aui ourd’hui.
C ’etoit lous la voûte épaiffe de leurs branches,
qu’un peuple fuperftitieux alloit recevoir en tremblant
ces oracles fi renommés des chênes de Do-
done; c’étoit dans les fombres forêts de la Gaule,
que le farouche Druide, armé d’une ferpe d’or,
enlevoit le guy myftérieux. Les Grecs avoient con-
facré le plus précieux cfes arbres au plus puiffanc
des dieux.; fes rameaux,treffésen couronnes, or-
noient, chez les Romains, la tête du citoyen dif-
tingué par fes vertus civiques.
Le chêne ne devoit ces honneurs, ce culte de
reconnoiffance qu’ à fes précieufes qualités. Les
hommes ont trouvé de tout tems une reffource
affurée contre la difette dans les glands de quelques
efpèces. On retrouve encore aujourd’hui,
dans la Grèce 8c l’Afie mineure, des chênes à
glands doux. Ils croiffent également dans les montagnes
de l’Atlas, & celui connu fous le nom de
ballotte fournit les marchés de Bonne, d’Alger, de
Conftantine & de plufieurs autres villes de Barbarie.
On mange fes fruits crus ou grillés comme
des châtaignes, dont ils ont prefque la faveur. Ils
font, pendant une partie de l’année, la principale
nourriture de plufieurs peuplades arabes 8c mau-
refques. Ces chênes font encore , dans quelques
contrées de l’Efpagne 8c du Portugal, un objet de
culture lucratif. Il fe fait une grande confomrha-
tion de leurs glands, & M. Bofc les a vu vendre ,
fur le marché à'Burgos , avec le même débit que
la châtaigne en France. Ceux qui ne peuvent fer- f
vir de nourriture à l’homme , font réfervés pour
celle de plufieurs animaux domefliques qu’ il ne
pourroit, fans cette reffource, multiplier en auffi
grande quantité. Michaux, dans fon Hifioire des
chênes de /’ Amérique ,en cite plufieurs efpèces dont
; les glands font recherchés par les Nègres 8c par les
naturels de ces contrées. Les autres propriétés du
chêne font trop connues pour les rappeler ici :
chaque efpèce a les fiennes. Les chênes connus
des Anciens étoient bornés à un très-petit nombre :
les pays étrangers, le Nouveau-Monde, offrent
tous les jours aux voyageurs de nouvelles efpèces
qui.ajoutent à nos richeffes, 8c peuvent un jour
embellir nos forêts. Au refte , la Nature a tellement
diftribué les différentes efpèces de chêne ,
qu’elles ont chacune leur patrie. Elles ne s’étendent
guère au-delà des* contrées tempérées du
Globe. C ’eft dans les provinces feptentrionales de
D d 2