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vaches ne mugiffent pas, mais qu’elles grognent, il
avoue cependant qu’elles grognent très-rarement, <3c
c ’étoit peut-être une affeétion particulière de l’individu
qu’ il a v u , car Rubruquis & les autres qu’il cite ne
parlent pas de ce grognement; peut-être auffi les bifons
lorfqu’ils font irrités ont-ils un grognement de colère ;
nos taureaux même, fur-tout dans le temps du rut, ont
une groffe voix entrecoupée qui reffemble beaucoup
plus à un grognement qu’à un mugiflèment. Je fuis donc
perfuadé que cette vache grognante (Vacca gnmniens)
de M. Gmelin n’eft autre chofe qu’un bifon, & ne fait
pas une efpèce particulière.
I I I .
L e T 0 L A I .
Cet animal qui eft fort commun dans les terres voi-
fines du lac Baikal en Tartarie, eft un peu plus grand
qu’un lapin, auquel il reffemble par la forme du corps,
par le p o il, par les'allures, par la qualité, la faveur, la
couleur de la chair, & auffi par l’habitude de creufer de
même la terre pour fe faire une retraite : il n’en diffère
que par la queue qui eft confidérablement plus longue
que celle du lapin , il eft auftî conformé de même à
l ’intérieur*; il me paroît donc affez vraifemblable que
* Cuniculus infigniter caudatus coloris Leporini....... Cire a internas partes
heee obfervavi. Cæcum colo paulo augujlius erat fed longius, ut pote oâo
potlicum longitudinem oequans ; ptope ilei infertionem cærulefcens, digiti
medii capax, fenfimque decrefcens, in exlremitate yix calamum feriptorium
n’en différant que par la feule longueur de la queue,
il ne fait pas une efpèce réellement différente, mais
une fimpie variété dans celle du lapin : Rubruquis en
parlant des animaux de Tartarie, dit, « il y a des
connils à longue queue, qui ont au bout d’icelle des
poils noirs & blancs— Point de cerfs, peu de lièvres,
force gazelles, &c. » Ce paffage femble indiquer que
notre lapin à courte queue ne fe trouve point en Tartarie1
, ou plutôt qu’il a fubi dans ce climat quelques
variétés & notamment celle d ’une queue plus alongée;
car le tolai reffemblant au lapin à tous autres égards,
on ne peut guère douter que ce ne foit en effet un lapin
à queue longue , & je ne crois pas qu’il foit néceffaire
d’en faire une efpèce diftméle & féparée de celle du
lapin.
i v .
L e Z I S E L .
Quelques Auteurs , & entr’autres M. Linnæus ont
douté fi le <jfel ou ^iefel h, ( citillusJ étoit un animal
latitudine capit, colore ibidem albente gaudens. (Efophagus uti in Lepore
yentriculum medium fubit. A Mongolis Tolai dicitur idemque nomen Rujfts
etiam harum regionum ufitatum eji. Gmelin. Nov. comment.' Ac. Petrop.
lom. V , tab. X I , fig. 2.
Relation des voyages en Tartarie, par Rubruquis, page 2 p .
1 Adus noricus quem citillum appeliant, in terree cavernis habitat, eï
corpus ut mujlelce domejlicoe longum & tenue, cauda admodum brevis,
color pilis ut cuniculorum quorumdam pilis, cinereus , fed obfcurior. Sicut
talpa caret auribus fed non caret foraminibus quitusJbrwm ut avis recipit.
S ij