16 H i s t o i r e Na t u r e l le
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LE COAITA* e t L'EXQUIMA*’,
T 1E Coaita. ( planche i ) eft , après l’Ouarine &
l ’A [ouate, le plus grand des Sapajous; je i’ai vu vivant
à l’hôtel de M. le Duc de Bouillon, ou par la familiarité
, & même par fes careffes empreflees, il méritoit
l ’affèétion de eeux qui le foignoient : mais malgré les
bons traite mens & les foins, il ne put refifter aux froids
de l’hiver 1764: il mourut, & fut regretté de fon maître,
qui eut la bonté de me l’envoyer pour le placer au
* Coaita ou Qoata, nom de cet animal à la Guiane, & que nous
•avons adopté ; Chameck, au Pérou. Nota. Le mot Coaita pourroit
Lien venir de Cailaia, nom d’un autre Sapajou dans la langue Brafi-
lienne , qui cependant doit Le prononcer faitaia.
Cercopithecus major niger faciem humanam refirens Quqata. Barrère,
hiß. nat. de la Franc. Equin, pag. 1 5 0.
Cercopithecus in pedibus anterioribus pollice carens , cauda inferius
verfus apicem pilis deflîtutâ. Le Belzebuth. B r if rtg. anim. pag. 2 1 1 .
Simia fufca major palmis tetradaflylis, caudâ prehenßi ad apicem
fubtus nuda. The four, fingoered Moukie. Brown’s , hift. of. Jama'ie.
drap. 5 , fec. V .
* * Cercopithecus barlatus Guineenfis in Congo vocatur Exquima. Marcg.
hiß. nat. Brafil. pag. 3 2 7 . Nota. Je crois que c e l i 1 cette efpèce de
.Coaita qu’il faut rapporter le pafiage fuivant du P. d’Abbeville. « II y a ,
53 dit-il, en l ’île de Maragnori d’autres Guenons qui s’appellent Cayou
3, (Sajou) , d’au;ant qu’elles font toutes noires ; elles portent une barbe
» longue de plus de quatre doigts, aucunes environ d’un demi-pied de
33 long, & font très-belles & plaifantes à voir. M ijf. au Maragrion,
page 2 y 2 . >?
Çgbiqeji:
du Coaita èr de i ’Exquima. 17
Cabinet du Roi. J ’en ai vu un autre chez M. le Marquis
de Montmirail, celui-ci étoit un mâle, & le premier
une femelle , tous deux étoient également traitables 8c
bien apprivoifés. C e fàpajou , par fon naturel doux 8c
docile, diffère donc beaucoup de l’ouarine 8c de l’alouate,
qui font indomptables 8c farouches; il en diffère aiiffi,
en ce qu’il n’a pas comme eux une poche offeufe dans
la gorge ; il a comme l’ouarine le poil noir, mais
hériffé; il en diffère encore, aufïï-bien que de tous
les autres fapajous, en ce qu’il n’a que quatre doigts
aux mains, 8c que le pouce lui manque; par ce feuf
caraélère 8c par fà queue prenante , il eft aifé de le dif-
tinguer des guenons, qui toutes ont la queue lâche &
cinq doigts aux mains.
L animal que Marcgrave appelle exquima, eft d’une
efpece tres-voifine de celle du cpaita, 8c même n’en
eft peut-etre qu’une fimple variété ; il me paroît que
cet Auteur a fait une fiute lorfqu’il a dit que l’exquima
étoit de Guinée & de Congo; la figure qu’il en donne
fuffit feule pour démontrer l’erreur, car cet animal y
eft repréfenté avec la queue recoquillée à l’extrémité,
caraélère qui n’appartient qu’aux feuls fapajous & point
aux guenons, qui toutes ont la queue lâche : or nous
fommes affurés qu’il n’y a en Guinée & à Congo que
des guenons 8c point de fapajous ; par conféquent
l ’exquima deMarcgraye, n’eft pas comme il le dit une
guenon ou cercopithèque de Guinée, mais un fapajou à
queue prenante, qui fans ffoyte y ayoit été tranfporté du
Tome XV. ç