future , & il lui parut qu’ils avoient été embaumés avec les
excrémens fans qu’ils euffent éprouvé aucune altération; il fe
trouva feulement dans le jéjunum une matière qui reflembloit
à du miel , 6c qui fe fondit dans l’eau : M . Stroppe jugea
que cetoit un refie des. excrémens ; en introduilânt le doigt
par l’ouverture faite à l’endroit de 1 eflomac, on failôit jouet la
poitrine comme un foufflet; on lentoit le diaphragme 6c tous
les vilcères fouples 6c entiers comme dans un cadavie fiais, ils
paroiffoient enduits d’une matière moins folide que celle qui étoit
à l ’extérieur du corps.
La matière de l’embaumement avoit une odeur très-forte 8c
très-pénétrante , que le corps du lèpulcre exhaloit encore api es
avoir été expofé au grand air pendant plus d’un mois : cette
odeur fe faifoit fentir dans tous les lieux où la momie avoit été
dépofée, quoiqu’elle n’y fût refiée que peu de temps ; on a même
prétendu que les payfans des villages voifms en avoient été incommodés.
Lorfque l’on touchoit au corps de la momie ou à
fes aromates, l’odeur en reftoit aux mains pendant plufieurs heures,
quoiqu’elles euffent été lavées avec de l’eau chaude, de i’eau-de-vie
ou du vinaigre : M. Stroppe a rapporté qu’il n’avoit pu faire paflër
cette odeur qua l ’aide de i’efprit-de-vin. M .rs Bernard deJuffieu
& Rouelle, connus de toute l’Europe par leur grande célébrité
en Hifloire naturelle 8c en C h im ie , ayant vu de la matière de
l’embaumement, ont cru que ce n’étoit qu’un mélange de poix
& de poudre aromatiques, principalement de canelle, d’encens,
de meum 8c de valériane.
Cette momie étant reliée pendant quelques jours expofée à
lacuriofité du peuple, fut un peu défigurée; on coupa une partie
de la peau du front ; on arracha toutes les dents incifives 8c
canines; on fit même des tentatives pour arracher la langue;
on êmporta une grande partie des linges : mais dès que M .,s les
Officiers de laSénéchauflee d’Auvergne eurent appris quelle avoit
été découverte dans leur reflort, ils la firent tranlporter à la ville
de Riom ; elle fut mile en dépôt dans le Cabinet de Pharmacie
de l’Hôpital général de cette ville; on mit un cadre de verre
fur le cercueil à la place du couvercle de p lom b , afin que l’on
pût voir cette momie fans quelle fût expofée à i’impreflion de
Pair, qui l’avoit déjà noircie & deflechée ; des gens qui l ’avoient
mefurée au fbrtir du tombeau, ont affùré quelle setoit raccourcie
de trois pouces : à prélênt elle n’a que trois pieds 8c demi de
longueur, prifê depuis le talon jufqu’au fbmmet de la tête.
M . le Comte de Saint-Florentin, ayant été informé de la
découverte de la momie , 8c en ayant rendu compte au R o i ,
manda à M. de la Michodière, alors Intendant d’Auvergne, que
Sa Majefté jugeoit à propos que la momie fût confervée dans
fon Cabinet d’hiftoire naturelle ; en conféquence elle fut remife
au Cabinet le 2 4 A v r il 1 7 5 6.
Quoiqu’elle fût exhumée depuis près de deux mois 8c demi,
j’ai vu que la peau avoit encore alors une couleur blanchâtre en
quelques endroits, les autres étoient bruns ; lorfqu’on foulevoit
lé corps en le prenant feulement par la tête 8c par les pieds, il
fe courboit en arc ; les os 8c les articulations étoient flexibles ;
la peau commençoit à le durcir ;, mais je tirai au dehors par i’in-
cifion qui avoit été faite à l’épigaftre quelques portions des in-
teflins qui étoient encore fouples 8c blanchâtres, je les fis rentrer
au dedans, 8c je plaçai la momie dans une armoire en forme de
tombeau, fermée par une glace avec du papier gris collé fur les
joints. Dès le lendemain, je vis de la moififlùre fur la momie,
je la fis effùyer, 8c je ceffài de fermer les joints de l’armoire,
il n’y çut plus de moififlùre, mais les chairs fè deflèchèrent
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