22 H i s t o i r e N a t u r e l l e
comparer avec celle que M. Dauhenton a faite du
coaita , & reconnoitre qu’à quelques variétés près, ce
chameck du Pérou, eft le même animal que.le coaita
de la Guiane.
Ces fapajous font intelligens & très-adroits ; ils vont
de compagnie , s’avertifTent, s’aident & fe fecourent ;
la queue leur fert exactement d’une cinquième main ;
il paraît même qu’ils font plus de chofes avec la queue
qu’avec les mains ou les pieds * : la Nature femble les
avoir dédommagés par-là du pouce qui leur manque.
On allure qu’ils pêchent & prennent du poilfon avec
largeur ; il avoit aux mains quatre grands doigts garnis d’ongles, &
un petit pouce (ans ongle qui n’étoit long que de deux lignes; l’index
avoit deux pouces deux lignes de longueur; le doigt du milieu deux
pouces & demi ; l ’annulaire deux pouces quatre lignes, & fe petit
doigt deux pouces ; Jes ongles trois lignes & demie à quatre lignes
de longueur ; la jambe fix pouces jufqu’au genou & quatre pouces
huit lignes de circonférence au plus g ro s , depuis le genou julqu’au
talon cinq pouces quatre lignes, & trois pouces de .circonférence;
le pied cinq pouces & demi de longueur, il avoit aux pieds cinq
doigts mieux proportionnés que ceux des mains ; le pouce avoit un
pouce fix lignes de longueur, l’index deux p ou c e s , le doigt du
milieu deux pouces deux lignes, l’annulaire deux pouces, & le petit
doigt un pouce neuf lignes ; le pied deux pouces trois lignes de
largeur.
* This créature has no more than four fngers to each o f its fore paws,
lu t the. top o f the tail is fmooth underneath, and on this it depends for
its chief allions, fo r the creature holds every thing by it, and fin g it f e lf
with the greatejl cafe from every tree and pojl by its means, . . . . It is
a native o f the main continent ; and a part o f the food o f the Indians,
Rulfei. h if. o f Jamaica, chap, v , feet. j .
du Co aita i f de l’Ex q u im a . z ->
cette longue queue, & cela ne me paraît pas incroyable,
car nous avons vu l’un de nos coaitas prendre de même
avec fa queue & amener à lui un écureuil qu’on lui
avoit donné pour compagnon dans fa chambre. Us ont;
l ’adrefïe de cafter l’écaille des huîtres pour Jes manger3:
& il eft certain qu’ils fe fufpendent plufteurs les uns
au bout des autres, foit pour traverfer un ruiiïeau, foit
pour s’élancer d’un arbre à un autre b. Us neproduifent
ordinairement qu’un ou deux petits, qu’ils portent toujours
fur le dos ; ils mangent du poifton, des vers &
des infeétes , mais les fruits font leur nourriture fa plus
ordinaire: ils deviennent très-gras dans le temps de
* A I’îie de Gorgonia fur la côte du Pérou, je remarquai des finies
qui venoient cueillir des huîtres lorfque la marée étoit b a flè , & qui
les ouvraient de cette manière : ils en prenoient une qu’ils mettoient
fur une pierre , & avec une autre pierre ils la frappoient jufqu’à ce
qu’ils euflènt rompu l’écaille en morceaux, enfuite ils en avaloient les
poiffons. Voyage de Dampierre, tome IV , page 288.
b En allant à Panama, je vis en Capira qu’une de ces guenons
fauta d’un arbre à un autre, qui étoit de l ’autre côté de la rivière
ce qui me fit beaucoup émerveiller; elles fautent où elles veulent'
s’entortillant la queue en une branche pour fe branler , & quand elles
veulent fauter en un lieu éloigné & qu’elles ne peuvent y atteindre
d'un faut, elfes ufènt alors d’une gentille façon , qui eft qu’elles
s’attachent à fa queue les unes des autres, & font par ce moyen
comme une chaîne de pFufieurs, puis après elles s’élancent & fe jettent
en avant , & la première étant aidée de la force des autres atteint où
eile veut & s’attache à un rameau, puis elle aide & foutient tout le
relie julqu’à ce qu’elles foient toutes parvenues, attachées, comme je
l ’ai dit, à la queue les unes des autres. Hifoire naturelle des Indes,
par Jofeph d'Acojta, page 200.