2 H i s t o i r e N a t u r e l l e
faire mention ne fe trouvent au contraire que dans fe
nouveau monde. Nous les diftinguons d abord par deux
noms génériques, parce qu’on peut les divifer en deux
clafles ; la première, eft celle des Sapajous, 6c la fécondé
celle des Sagoins; les uns 6c les autres ont les pieds
conformés à peu près comme ceux des finges, des
babouins & des guenons; mais ils différent des finges,
en ce qu’ils ont des queues ; ils diffèrent des babouins
& des guenons, en ce qu’ils n’ont ni poches au bas
des joues, ni callofités fur lesfeffes; 6c enfin ils diffèrent
de tous trois, c ’eft-à-dire, des finges, des babouins 6c
des guenons, en ce que tous ceux-ci ont la cloifon du
nez mince, & les narines ouvertes à peu près comme
celles de l’homme au-deffous du nez; au lieu que les
fapajous 6c les fagoins ont cette cloifon des narines fort
large 6c fort épaiffe, 6c les ouvertures des narines placées
à côté 6c non pas au-deffous du nez : ainfi les fapajous
& les fagoins font non-feulement fpécifiquement, mais
même génériquement différens des finges, des babouins
& des guenons. Et lorfqu’enfuite on vient à les comparer
entr’eux, on trouve qu ils diffèrent auffi par quelques
caraétères généraux ; car tous les fapajous ont la
queue prenante, c ’eft-a-dire, mufclee de maniéré qu ils
peuvent s’en fervir comme d’un doigt pour faifir 6c
prendre ce qui leur plaît ; cette queue qu ils plient,
qu’ils étendent, dont ils recoquillent ou développent
le bout à leur volonté, 6c qui leur fert principalement
à s’accrocher aux branches par fon extrémité eft ordides
Sa p a j o u s i f des S a g o i n s . ■>
nairement dégarnie de poil en deffous 6c couverte d’une
peau liffe. Les fagoins au contraire ont tons la queue
proportionnellement plus longue que les fapajous, 6c
en même temps ils l’ont entièrement velue, lâche 6c
droite; en forte qu’ils ne peuvent s’en fervir en aucune
manière, ni pour faifir ni pour s’accrocher : cette différence
eft fi apparente qu’elle fuffit feule pour qu’on
puiffe toujours diftinguer un fapajou d’un fagoin.
Nous connoiffons huit fapajous que nous croyons
pouvoir réduire à cinq efpèces ; la première, eft Youarine
ou gouariba du Brefil : ce fapajou eft grand comme un
renard, 6c il ne diffère de celui qu’on appelle alouate
à Cayenne que par la couleur : l ’ouarine a le poil noir
6c i’alouate l’a rouge, 6c comme ils fe reffemblent à tous
autres égards, je n’en fais ici qu’une feule 6c même
efpèce ; la fécondé , eft le coaita qui eft noir comme
l ’ouarine, mais qui n’efl pas fi grand 6c dont Yexquhna.
nous paroît être une variété; latroifième, eft le fajou
ou fapajou proprement dit, qui eft de petite taille ,
d’un poil brun, 6c qu’on connoît vulgairement fous le
nom impropre de finge-capuc'm; il y a dans cette efpèce
une variété que nous appellerons le fajou gris, 6c qui ne
diffère du fajou brun que par cette différence du poil;
la quatrième efpèce, eft le fa i que les Voyageurs ont
appelé le pleureur, il eft un peu plus grand que le fajou,
6c il a le mufeau plus large : nous en connoiffons deux
qui ne diffèrent que par la couleur du poil ; le premier eft
d un brun-noirâtre, 6c le fécond d’un roux-blanchâtre;
A g