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jeter fur tout ce qu’ils rencontrent pour le dévorer,
& c ’eft ce qui a pu augmenter encore le préjugé, que
ces ours de mer font d’une efpèce plus féroce & plus
vorace que l’efpece ordinaire i quelques Auteurs le font
même pérfuadés qu’ils étoient amphibies comme les
phoques, 6c qu ils pouvoient demeurer fous 1 eau tout
aulh long-temps qu’ils vouloient; mais le contraire elt
évident & réfulte de la manière dont on les chaffe ; ils
ne peuvent nager que pendant un petit temps, ni parcourir
de fuite un efpace de plus d’une lieue; on les
fuit avec une chaloupe, 6c on les force de laffitude;
s’ils pouvoient fe palfer de refpirer, ils fe plongeraient
pour fe repofer au fond de .1 eau ; mais s ils plongent,
ce n’eft que pour quelques inflans; «Sc dans la crainte
de fe noyer , ils fe lailfent tuer à fleur - d’eau \
La proie la plus ordinaire des ours blancs font les
phoques1’ , qui ne font pas aflfez forts pour leur réfifter;
1 C e t ours blapç nagea en mer quitfï I’efpace d’un mille ; nous le
pourfuivimes vivement avec trois efquïfs, & après que nous l’eûmes
lafle , il fut furtnoniè & tué. 'Trois navigations des Hollandais au Nord,
par Gérard de Vira. Paris, i 599 ',/dge t 1 0. A Ils Mge 1*.dune pièce
de glace à l’autre & plongent; iorfque'nous les pourluivions dans nos
chaloupes, ils plongeoiem à un bout & fortoient de Peau à l ’autre
extrémité; ils favent aufîi fort bien courir à terre. Recueil des voyages
du Nord, tome I I , page 1 1 tf. — Sur la côte de Spitzberg un ours
blanc entra dans l’eau & nagea plus d’une lieue au large, on le fuivit
avec des chaloupés, & on le tua, &c. Troifième voyage des Hollandois,
page 14 . .
h Quand on eut achevé de tuer cet ours blanc, on lui fendit Iç
ventre, oit l’on trouva des morceaux de çhien-marin encore entiers,
mais les niorfes auxquels ils enlèvent quelquefois leurs
petits les percent de leurs défenfes & les mettent en
fuite; il en elt de même des baleines, elles les aflom-
ment par leur mafle & les chalfent des lieux qu’elles
habitent, où néanmoins ils ravilfent & dévorent fouvent
leurs petits baleineaux. Tous les ours ont naturellement
beaucoup de graille, & ceux-ci qui ne vivent que d’animaux
chargés d’huile en ont plus que les autres; elle
efl aufli à peu près femblable à celle de la baleine. La
chair de ces ours n’efl; clit-on pas mauvaife à manger, 6c
leur peau fait une fourrure très-chaiide 6c très-durable *.
avec la peau & le poil qui étoient des marques qu’il ne venoit que
d’être dévoré. Troifième voyage des Hollandois par le Nord, page y 6.
* Les ours blancs vont à la quête des loups & des chiens-marins,
& font avides de baleineaux qu’ils trouvent friands fur tous les autres
poilîons...............Ils craignent les baleines qui les fentent & les pourfuivent
par une antipathie naturelle, parce qu’ils mangent leurs petits.,
Recueil des voyages du Nord, tome I , page p p . — Les peaux des ours
blancs font d’un grand foulagement pour ceux qui voyagent en
hiver ; on prépare ces peaux à Spitzberg même, en les jetant dans de
la fleure qu’on fait bien chauffer , & qui de cette manière tire toute
la graillé des peaux & les defsèche. . . . .L e u r graillé eft comme du
fuif, elle devient auffi claire que l’huile ou graillé de baleine après
qu’on l’a bien fondue; on s’en fert ordinairement pour les lampes, &
elle ne lént pas 11 mauvais que l ’huile de poilfon. Nos mariniers la
vendent pour huile de baleine. La chair de ces ours eft grafïé &
blanchâtre..........Leur lait eft fort blanc & gras. Troifième voyage des
Hollandois, tome I I , page 1 1 y .