i 2 o H i s t o i r e N a t u r e l l e .
commun *. La différence dans les habitudes né me
paroît pas plus décifive que celle de la couleur & de
la grandeur ; fours des mers du Nord fe nourrit de-
poiffon; il ne quitte pas les rivages de la mer, &
fouvent même il habite en pleine eau fur des glaçons
fîottans ; mais fi l’on fait attention que l’ours en général
eft un animal qui fe nourrit de tou t, & qui lorfqu il
eft affamé ne fait aucun choix : fi l’on penfe aufïï qu il
ne craint pas l’eau ; ces habitudes ne paroitiont pas
affez différentes pour en conclure que l’efpèce n’eft
pas la même; car le poiffon que mange l’ours des mers
du Nord, eft plutôt de la chair ; c ’eft principalement
les cadavres des baleines, des morfes & des phoques
qui lui fervent de pâture , & cela dans un pays où il
n’y a ni autres animaux, ni grains, ni fruits fur la terre,
& ou par conféquent il ne peut fubfifter que des productions
de la mer ; n’eft-il pas probable que fi l’on
tranfportoit nos ours de Savoie fur les montagnes de
Spitzberg, n’y trouvant nulle nourriture fur la terre, ils
fe jetteroient à la mer pour y chercher leur fubfiftance!
La couleur, la grandeur & la façon de vivre ne fuffifant
* JJrfus in Polonia variât, maximus nigricans, minorfulvus, minimus
argentims, in confiniis Adojchovice pilis aigris Ù* argentei coloris m'ixti.....
ex Urfo occifo pellis detraâa fere ad ulnas fe x pfotendebatur in terra
Chelmenfi, altéra in Palatinatu Braclavienfr, terlia ad ulnas quinque
in Bondargouto pago Palatinatus Pomeranioe........ non raro ex Lithuania
advehuntur Gedanum pelles ofto pedum. Rzaczinsld. Audi. pag. 322.
Nota. C e paflage prouve qu’il y a des ours terreftres blancs & auffi
grands que les ours blancs des mers du Nord.
pas , il ne refte pour caraétères différentiels que ceux
qu’on peut tirer de la forme ; or tout ce que les Voyageurs
en ont dit, fe réduit à ce que l’ours des mers
du Nord a fa tête plus longue que notre ours, le corps
plus alongé , le poil plus long & le crâne beaucoup
plus dur. Si ces caraétères ont été bien faifis, & fi ces
différences font réelles & confidérables, elles fuffiroient
pour conftituer une autre efpèce ; mais, je ne fais fi
Martens a bien vu, & fi les autres qui l’ont copié n’ont
pas exagéré *. « Ces ours blancs ( dit-il ) font faits tout
autrement que les nôtres ; ils ont la tête longue, fem- «
blable à celle d’un chien, & le cou long auffi ; ils aboient
prefque comme des chiens qui font enroués; ils font «
avec cela plus déliés & plus agiles que les autres ours; <m
ils font à peu près de la même grandeur; leur poil eft «
long & auffi doux que de la laine ; ils ont le mufeau, «
le ne| & les griffes noires.......... On dit que les autres «
ours ont la tête fort tendre ; mais c ’eft tout le contraire «
pour les ours blancs, quelques coups de maffue que «
nous leur donnaffions fur la tête, ils n’en étoient point «
du tout étourdis, quoique ces coups euffent pu af- «
fommer un boeuf. » On doit remarquer dans cette def-
cription, i.° Que l’Auteur ne' fait pas ces ours plus
grands que les autres ours, & que par conféquent on
doit regarder comme fufpeél le témoignage de ceux
* Ancîerfon, dans ton hiftoirfi d’Iflande & de Groenland, tome I I ,
page E lis dans fon voyage de la baie du Hudfon, tome 1,
page j ï .
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