près les uns des autres qu’on ne peut y marcher qu’avec
précaution.
X I X.
L a M U S A R A I G N E d u B r é s i l .
Nous indiquons cet animal par la dénomination
de Mufaraiÿie du Brefil, parce que nous en ignorons
le nom, & qu’ il reffemble plus à la mufaraigne qu’à
aucun autre animal ; il eft cependant confidérablement
plus grand, ayant environ cinq pouces depuis l’extrémité
du mufeau jufqu’à l’origine de la queue, qui n’a
pas deux pouces, & qui par conféquent eft plus courte
à proportion que celle de la mufaraigne commune ; il a
le mufeau pointu & les dents très-aiguës : fur un fond de
poil brun, on remarque trois bandes noires affez larges
qui s’étendent longitudinalement depuis la tête jufqu’à
la queue, au-deflous de laquelle on remarque aulfi la
bourfe avec les tefticules qui font pendans entre les
pieds de derrière : cet animal, dit Marcgrave, jouoit
avec les chats, qui d’ailleurs ne fe foucient pas de le
manger * ; & c ’eft encore une chofe qu’il a de commun
avec la mufaraigne d’Europe, que les chats tuent,
mais qu’ ils ne mangent jamais,
X XL
’ A P É R E A.
Cet animal qui fe trouve au Brefd, n’eft ni lapin ni
* Marcgrav. H iß. nat. Brajd, pag. 229.
rat,
rat, & paroît tenir quelque chofe de tous deux; il a
environ un pied de longueur fur fept pouces de circonférence
; le poil de la même couleur que nos lièvres,
& blanc fous le ventre; il a auiïï la lèvre fendue de même;
les grandes dents incifives, & la mouftache autour de
la gueule & à côté des yeux; mais fes oreilles font
arrondies comme celles du rat, & elles font fi courtes
qu’elles n’ont pas un travers de doigt de hauteur; les
jambes de devant n’ont que trois pouces de hauteur,
celles de derrière font un peu plus longues; les pieds
de devant ont quatre doigts couverts d ’une peau noire
& munis de petits ongles courts ; les pieds de derrière
n’ont que trois doigts dont celui du milieu eft plus
long que les deux autres ; l’apérea n’a point de queue ; là
tête eft un peu plus alongée que celle du lièvre , & là
chair eft comme celle du lapin , auquel il reffemble par
la manière de vivre3. Il fe recèle aufli dans des trous,
mais il ne creufe pas la terre comme le lapin, c ’eft plutôt
dans des fentes de rochers & de pierres que dans des
fables qu’il fe retire ; atiff eft - il bien aile à prendre
dans là retraite. On le chaffe comme un très-bon gibier,
ou du moins aufti bon que nos meilleurs lapins 8. Il
me paroit que l’animal dont Oviedo, & après lui,
Charlevoixc & du Perrier de Montfraifier font mention
* Maicgrav. Hifl. nat. Brafd. p.ig. 223 , fig. Ibid.
** Piton. Hifl. Brafil, pag. 103.
Oviedo di t, que le Cor/ eft comme un petit lapin , qu’il y en a de
tout blancs & d’autres de couleurs mêlées. Hijloire de Saint-Domingue,
par le P . Charlevoix , tome I , page 1 j .
Tome XV. X