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fes joues & fon mufeau étoient teints d’un vermillon
fi vif, qu’on avoit peine à fe perfuader que cette couleur
fût naturelle ; je l ’ai gardé pendant un an, & il étoit
encore en vie lorfque j’écrivois c e c i, prefque à la vue
des côtes de France, où je me faifois un plaifir de
l’apporter vivant : malgré les précautions continuelles
que je prenois pour le préferver du froid , la rigueur
de la faifon l’a vraifemblablement fait mourir— Tout
ce que j ’ai pu faire, a été de le conferver dans l’eau-
de-vie , ce qui fuffira peut-être pour faire voir que je
n’ai rien exagéré dans ma defcription * »; par ce récit
de M. de la Condamine , il eft aifé de voir que la
première efpèce des animaux dont B parle r elt celui'
que nous avons appelé Tamarin , & que le dernier auquel
nous appliquons le nom de Aîica, eft d’une elpèce
très-différente & vraifemblablement beaucoup plus rare,
puifqu’aucun Auteur ni aucun Voyageur avant lui , n’en
avoit fait mention, quoique ce petit animal foit très-
remarquable par le rouge vif qui anime fa face & par
la beauté de fon poil.
Caractères dijlinâifs de celte efpèce.
L e Mico n’a ni abajoues ni callofités fur les feffes ;
il a la queue lâche, non prenante & d’environ moitié
plus longue que la tète & le corps pris enfemble ; la
cloifon des narines moins épaiffe que les autres fagoins,
* Voyage fur la rivière des Amazones, par M de la Condamine,
page 1 6 } & fuir antes.
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mais leurs ouvertures font fituées de même à côté &
non pas au bas du nez; il a la face & les oreilles nues,
& couleur de vermillon ; le mufeau court ; les yeux
éloignés l’un de l’autre ; les oreilles grandes ; le poil
d’un beau blanc-argenté, celui de la queue d’un brun-
luflré & prefque noir ; il marche à quatre pieds , &
il n’a qu’environ fept ou huit pouces de longueur en
tout. Les femelles ne font pas fujettes à l’écoulement
périodique.
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