$ H i s t o i r e N a t u r e l le
portent leurs petits fur le dos 6c fautent avec cette
charge de branches en branches 6c d’arbres en arbres ;
les petits embralfent avec les bras 6c les mains le corps
de leur mère dans la partie la plus étroite, 6c s’y tiennent
fermement attachés tant qu’elle eft en mouvement. Ail
relie, ces animaux font lâuvages 6c méchans, on ne
peut les apprivoifer ni même les dompter ; ils mordent
cruellement, 6c quoiqu’ils ne foient pas du nombre
des animaux earnafiîers 6c féroces , ils ne lailfent pas
d’infpirer de la crainte, tant par leur voix effroyable,
que par leur air d’impudence : comme ils ne vivent*,
que de fruits, de légumes , de graines 6c de quelques
infectes, leur chair n’ell pas mauvaife à manger p
» Les
* Les Singes (ont le gibier le plus ordinaire & îe plus du goût des
Indiens de l’Amazone............Il y en a d’aulîx grands qu’un Lévrier,
Voyage fur la rivière de l’Amazone, par A I. delà Condamine, page 1 6 4 .
— Cayenne eft le pays des ling es. . . . Quand on a une fois vaincu
là répugnance pour en manger, il eft certain qu’on les trouve fort
bons ; leur chair eft blanche, & quoique peu chargée de graillé
pour l ’ordinaire, elle ne laiflë pas d’être tendre , délicate & de bon
goût; leurs têtes font de bonnes foupes, & on les fert delïus, comme
mtchapon bouilli, &c. Voyage de Defmarchais, tome III,p a g e s 3 1 1
& 3 3 8. — Il y a des guenons à Cayenne auflî greffes que de grands
chiens, de couleur de rouge-de-vache ; on les appelle les hurleurs,
parce qu’étant en troupes, ils hurlent d’une façon, que d’abord l ’on
croit que c ’eft une troupe de pourceaux qui fe battent; ils font
affreux & ont une gueule fort large ; je crois qu’ils font furieux ; fi
les Sauvages les flèchent, ils retirent la flèche de leur corps avec
leurs mains comme une perlonne; la chair de ces hurleurs eft très-
bonne à manger, elle reffemble à la chair du mouton, il y a à mangée
pour
de L’OUARINE i f de LÏA LOU AT E. 9
« Les -chalfieurs, dit Oexmelin, apportèrent fur le foir
des linges qu’ils avoient tués dans les terres du cap «
Gracias-a-Dio ; on fit rôtir une partie de ces linges 6c «
bouillir l’autre, ce qui nous fembla fort bon ; la chair «
en eft comme celle du lièvre, mais elle n’a pas le même «
goût étant un peu douceâtre, c ’eft pourquoi il y faut «
mettre beaucoup de fel en la fkilànt cuire ; la gratifie «
en eft jaune comme celle du chapon , 6c plus même, «
6c a fort bon goût ; nous ne vécûmes que de ces ani- «
maux pendant tout le temps que nous fumes là, parce «
que nous ne trouvions pas autre ehôfe ; fi -bien que «
tous les .jours les chalfieurs en apportoient autant que «
nous en pouvions manger. Je fus curieux d’aller à cette «
chalfie , 6c furpris de l’inftinét qu’ont ces bêtes de «
connoître plus particulièrement que les autres animaux «
ceux qui leur font la guerre, 6c de chercher les moyens, «
quand ils font attaqués, de fe fecourir 6c de fe défendre. «
Lorfque nous les approchions, ils fe joignoient tous «
enfemble, fe mettoient à crier 6c faire un bruit épou- «
vantable, 6c à nous jeter des branches sèches qu’ils«
rompoient des arbres ; il y en avoit même qui làifoient «
leur làlete dans leurs pattes qu’ils nous envoyoient à la «
tete; j ai remarque aulfi qu’ils ne s’abandonnent jamais, «
pour dix perfpnnes ; ils ont un cornet intérieur en la gorge qui leur
rend le cri effroyable. Voyage de Binet, pages 3 4 1 i f 3 y.2 . — Les
Sauvages Achaguas de rÔrenoque font friands des fri iges jaunes,
quils appellent arabata, lefquels -font matin & foir un bruit infup.-
portable. Hijloire de l ’Orenoque, ppr Çumilla,: page S.
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