» & qu’ils üujtent d’arbres en arbres fi fubtilement que
» cela éblouit la Vue ; je vis encore qu’ils fe jetoient à
« corps perdu de branches en branches fans jamais tomber
» à terre; car avant qu’ils puiflent être à bas, ils s’accro-
» chent, ou avec leurs pattes ou avec la queue ; ce qui
» lait que quand on les tire à coups de fufil, à moins
» qu’on ne les tue tout-à-fait, on ne les fauroit avoir; car
» lorfqu’ils font bleffés, & même mortellement, ils de-
« meurent toujours accrochés aux arbres, où ils meurent
» fouvent & ne tombent que par pièces. J ’en ai vu de
» morts depuis plus'de quatre jours, qui pendoient encore
» aux arbres fi bien, que fort fouvent on en tiroit quinze
» ou feize pour en avoir trois ou quatre tout au plus :
» mais ce qui me parut plus fingulier, c ’eft qu’au moment
» que l’un d’eux eft bleffé, on les voit s’alfembler autour
» de lui, mettre leurs doigts dans la plaie, & faire de
» mênne que s’ils la vouloient fonder ; alors s’ils voient
» couler beaucoup de làng, ils la tiennent fermée pendant
» que d’aiitres apportent quelques feuilles, qu’ils mâchent
» & poulfent adroitement dans l’ouverture de la plaie ;
» je puis dire avoir vu cela plufieurs fo is , & l’avoir vu
» avec admiration. Les femelles n’ont jamais qu’un petit
» qu’elles portent de la même manière que les Négrelfes
» portent leur enfant ; ce petit fur le dos de fa mère lui
» embraffe le cou par-deffus les épaules avec les deux
» pattes de devant ; & des deux de derrière, il la tient par
« le milieu du corps ; quand elle veut lui donner à teter,
» elle le prend dans fes pattes, & lui préfente la mamelle
comme les femmes..........On n’a point d’autre moyen
d ’avoir le petit que de tuer la mère, car il ne l ’abandonne
jamais; étant morte, il tombe avec elle, & alors
on le peut prendre. Lorfque ces animaux font emhar-
raffés, ils s’entr’aident pour paffer. d’un arbre ou d’un
ruiffeau à un autre, ou dans queiqifautre rencontre que
ce puiffe etre.........On a coutume de les entendre de
plus d’une grande lieue *. »
Dampierreb, confirme la plupart de ces faits, néanmoins
‘ Hiftoire des Aventuriers, par Oexmelin, tome I I , page ap i &
fuivantes.
k Les fmges qui fe trouvent dans les terres de la baie de Campèche,
font. les plus laids que j’aie vu de ma vie; ’ils font beaucoup plus
gros qu’un lièvre, & ont de grandes queues de près de deux pieds
& demi de long ; le deflous de leur queue eft lins p o i l, & la peau
en eft dure & n o ire , mais le delfus, auffi-bien que tout le refte du
co rp s , eft couvert d ’un poil rude, long, noir & hériffé; ils vont de
vingt ou trente dé compagnie, roder dans les bois où ils liment d’un
arbre à l ’autre ; s’ils trouvent une perfonne feule ils font mine de la
vouloir dévorer. Lors même que j ’ai été feul, je n’ai pas ôfé les
tirer, fur-tout la première Ibis que.je les vis; il y en avoit une grofîe
troupe, qui fe lançorent d’arbre en arbre par-defïus ina tête cra-
quetoient des dents & fàifoient un bruit enrage' ; il y en avoit même
plufreurs qui fàifoient des grimaces de la bouche & des yeux , & mille
poftures grorefquès ; quelques-uns rompoiènt des branches sèches &
me les jetoient ; d’autres répandoient leur urine & leurs ordures fur
moi ; à la fin , il y en eut un plus gros que les autres, qui vint fur une
petite branche au-deflûs de ma tête & fauta tout droit contre m o i, ce
qui nié fit reculer en arrière, mais il fe prit à la branche au bout de
la queue, & il demeura-là fufpendù à fê brandîHër & à me faire ia
moue; enfin, je me retirai, St ifs me fiiivirent julqü’à nos hôtes avec
les memes poftures menaçantes. Ces linges fe fervërit de leur queue
B ij