pendant très-Iong-temps, parce que toutes leurs parties fluides
ont été pompées par une terre abforbante, ou diffipées par
une grande chaleur ; il n’y efl refié que les parties lôlides
qui ont été préfervées de la fermentation, & par conlequent de
la corruption & de la deftruclion totale par leur defféchement ;
mais cet état de delféchement efl une forte de deflruélion pour
des corps organifes, puifqu’il les déforme au dehors & qu’il ne
laiffe au dedans' que des vefliges greffiers de leur flruélure.
Les momies préparées par les embaumens ne font pas mieux
conlërvées, les plus fameufes nous- viennent des Egyptiens ; les
chairs font defféchées, racornies & cachées fous différentes enveloppes
, le dedans du corps efl rempli de divers ingrédiens,
qui tiennent la place des vilcères ; ainfi l’embaumement n’a pas
mieux confervé la figure extérieure ni la flruélure interne de ces
momies que le Ample defféchement des autres; c’efl pourquoi dans
les momies embaumées de l’Egypte & dans les momies defîechées
de l’Afrique, & c . on ne reconnoît point de vilcères, & les chairs &
la peau ne font plus qu'une malle brute, informe & décolorée.
La momie trouvée en Auvergne étoit en bien meilleur état
lorfqu’elle fut tirée de fon tombeau ; le corps avoit des formes
régulières ; les chairs avoient de la couleur & de la flexibilité ;
les vilcères étaient entiers, & c ; au premier coup-d’oeil on aurait
pu croire que c ’était le corps d’un homme mort depuis quelques
jours. Jamais a - t - o n vu de momie auffi parfaite? & avec les
lëcours de nos fciences & de nos arts pourroit-on en faire à
préfont une pareille ? pour en juger, il faut fàvoir les circonflances
de la découverte de cette momie, & voir au moins lâ defcription.
Le i i Février 1 7 5 6 , des Payfâns d’Auvergne découvrirent
Un tombeau en bêchant un champ fitué dans le canton appelé
le Terroir de Jarlot, prés du lieu des Mdrtres-d’Artières, à deux
lieues de Maringue, à deux lieues & demie de R iom , & à trois
lieues de Clermont-Ferrand, à la diflance de vingt-quatre pas d’un
grand chemin au nord, & à vingt-fix pas du ruiffeau d’Artier
au midi. C e tombeau fi’étoit recouvert que d’un pied & demi
-de terre au plus; il était dirigé d’orient en occident, & com-
,pofé de deux pierres, dont l’une formoit le corps du fépulcre
H l ’autre la couverture; elles étaient de grès très-friable, car
il s’égrèuoit lorfqu’on y touchoit ; la couverture étoit creufée
en-defîbus & difpofée en arcade; elle avoit fept pieds & demi
de longueur, trois pieds huit pouçes de largeur & deux pieds
dix pouées de hauteur de la bafe au fommet, & un pied
d’épaifîêur ; le fommet formoit une plate-bande large de huit
pouces ; les côtés étaient inclinés comme les pans d’un toit
pour l’écoulement des eaux ; le corps du fépulcre étoit creufè en
•forme d’auge longue de fèpt pieds, large.de deux pieds huit
pouces, & haute de deux pieds cinq pouçes; de forte que le
ifepulcre entier avoit cinq pieds trois pouces de hauteur *. L e
-corps de ce fépulcre étoit groffièrement travaillé, la couverture
étoit polie , mais il 11’y avoit point d’infcriptfon.ni aucune figure.
Ç e fépulcre de pierre renfermoit un cercueil de plomb placé
dans l’auge; le cercueil a quatre pieds fèpt pouces dé longueur, un
pied deux pouces & demi de largeur, & quinze pouces de hauteur ;
:il n!a pas la forme d’une bière, il efl carré 8c compofé de deux
pièces , dont l’une forme un coffre de largeur égale dans toute fon
Etendue,, l ’autre pièce efl un couvercle ; elles s’emboîtent comme
une tabatière fans charnière. L e couvercle efl percé de deux fentes
* Autant que j’en ai pu juger par tes dimenfions rapportées dans le Mercure
'de France du mois d’Avril 1756 , Volume I I ; & dans le Journal de Médecine,
Avril 17-56 , qui ne font pas exaétement d’accord dans les détails
tde ta defcription de cette, Momie.