peu à peu & brunirent de plus en plus. A prélënt le corps de la
momie eft lëc & roide, aucun inlëéle n’en a approché; je crois
que c’eft parce qu’elle a été pénétrée de fubftances qui ne peuvent
pas leur fervir d’aliment, car l’odeur pénétrante quelle exhale
encore à prélënt, n’empêcheroit pas les inlëétes d’en approcher :
Quoique le cercueil eût la même odeur, ils y font entrés y étant
attirés par des oilèaux empaillés que l’on y avoit mis en dépôt.
II y a tout lieu de croire que cette momie a été faite pour
un homme très-important , & qu’elle eft fort ancienne ; l’embaumement
feroit remarquable en Egypte même, il eft très-
furprenant en Auvergne. On n’a pas pu en déterminer iepoque,
on n’en a trouvé aucun indice dans le tombeau ni fur la momie.
Il y a feulement fur le cercueil quelques traits irréguliers, qui
reprélëntent vers l’une des extrémités une forte d’étoile ; il y
avoit auffi fur les bandes de la momie des caraétères finguliers,
tels qu’un grand G barré, un grand Y , & d'autres lettres pref-
q u ’entièrement défigurées par les gens qui a voient, déchiré les
linges pour iês emporter.
Le procédé de cet embaumement n’eft pas mieux connu que
Ion époque, mais il différait de ce que nous connoifions des
procédés des embaumemens, qui ont été pratiqués par les
Egyptiens, puilqu’ils vidoient les capacités du corps, & qu’ils
en tiroient les entrailles, ou qu’ils les confumoient au dedans
du corps en y injectant une diflolution de leur natron. On a
reconnu que ce natron ou nitre des Anciens étoit un vrai fel
alcali fixe, qui agiffoit fur les chairs comme la chaux agit fur les
cuirs pour les préparer & les tanner, & les diiïôut s’ils reftent
trop long-temps expofés à Ion action *. Les Égyptiens fiioient
* Voyez dans les Mémoires de l’Académie royale des Sciences, année 1750,
le premier Mémoire fur les embaumemens des Égyptiens, parM. Rouelle, p, 12 7 «
les corps, enfuite ils les faifoient fécher à l’air, lôit qu’ils vouiuftènt
les embaumer ou les conferver ainfi deftechés fins aucune autre
préparation. O r les vifcères de la momie trouvée en Auvergne,
n’ont été ni enlevés ni diffous, puilqu’ils fubfiftent dans leur
entier, & que l’on ne voit aucun veftige des ouvertures que l ’on
auroit été obligé de faire pour les tirer du corps & pour les y
replacer. La momie n’avoit pas été defféchée, puifqu’au fortir du
cercueil les chairs & les vifcères a voient encore à peu près lafou-
pleflë & la couleur de la chair & des vifcères d’un cadavre récent.
Cet embaumement a donc etc plus parfait que ceux des Egyptiens
puilque cette momie eft plus entière & mieux conlèrvée que les
leurs, autant que l’on en peut juger d’après les relations des anciens
Auteurs qui ont traité des embaumemens pratiqués en É g y p te ,
& d’après l’inlpeélion des momies qui y ont été trouvées.
Celle de l’Auvergne n’étoit peut-être pas auffi ancienne que
les momies d’Égypte; mais il eft à croire quelle auroit duréauffi
long-temps dans le même état où on l’a trouvée, parce que les
premiers temps font les plus difficiles. Cependant l'embaumement
de cette momie me paroît plus fimple que ceux qui étoient pratiqués
en Égypte. Des injeétions de pétrole au dedans du corps ;
un enduit de pifilphatte au dehors fuffiroient peut-être pour faire
une bonne momie : l’Auvergne où celle dont il s’agit, a été trouvée
fournit ces deux fubftances. Quoi qu’il en foit du procédé de
l’embaumement de cette momie, il eft certain que l’on n’en feroit
pas à prélënt une auffi bonne, mais l ’on y parviendrait fi l ’on
vouloit s’appliquer à perfeétionner cet art, au moins on feroit
bientôt de meilleurs embaumemens que ceux qui font aéluel-
lement en ufage.
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