154- H i s t o i r e N a t u r e l l e .
les plus chauds de l ’ancien continent, 6c il eft probable
que ceux que Fernandès a vus en Amérique y avoient
été tranfportés, d’autant plus qu’il dit expreflement
qu’ il avoit vu cette efpèce en Efpagne avant fon départ
pour l’Amérique : ces deux raifons font fuffifantespour
qu’on doive préfumer que ce chien nu n’en étoit pas
originaire , mais y avoit été tranfporté; 6c ce qui achève
de le prouver, c ’ell que cet animal n’avoit point de
nom Américain, 6c que Fernandès pour lui en donner
un , emprunte celui de 'Koloit^cuintli, qui eft le nom du
loup de Mexique ; ainfi des trois efpèces ou variétés
des chiens Américains, dont cet Auteur fait mention ,
il n’en refte que deux que l’on défignoit indifféremment
par le nom èî alco. Car indépendamment de 1 alco gras 6e
potelé, qui fervoit de chien bichon aux F)ames Péruviennes,
il y avoit un alco maigre 6c à mine trifte qu on
employoit à la chafle ; 6c il eft très - poffible que ces
animaux, quoique de races tres-differentes en apparence
de celles.de tous nos chiens, foient cependant iftiis de
la meme louche. Les chiens de Lappome , de Sibérie,
d ’Iiïande, 6cc. ont dû paffer comme les renards 6c les
loups d’un continent à l’autre, 6c fe dénattirer enfuite
comme les autres chiens par le climat 6c la domefticite.
L e premier alco dont le cou eft fi court fe rapproche du
chien d’Iflande ; 6c le techichi de la nouvelle Efpagne, eft
peut-être le même animal que le koupara* ou chien-crabe
* Canis férus, Major, Cancrofus, vulgo diffus Koupara, Barrête,
Etfai d’Htf• nat. de ta France Équin, page 14.9.
de la Guiane, qui reflemble au renard par la figure, 6c
au chacal par le poil ; on l’a nommé chien-crabe, parce
qu’il fe nourrit principalement de crabes 6c d’autres
cruftacées. Je n’ai vu qu’une peau de cet animal de fa
Guiane, 6c je ne fuis pas en état de décider s’il eft
d’une efpèce particulière, où fi l’on doit le rapporter
à celles du chien, du renard où du chacal.
X V .
L e T A Y R A ou l e G A L E RA.
Cet animal dont M. Brown nous a donné la def-
cription 6c la figure, eft de la grandeur d’un petit lapin ,
6c reffemble affez à la belette ou à la fouine ; il fe creufe
un terrier, il a beaucoup de force dans les pieds de
devant, qui font confidérablement plus courts que ceux
de derrière ; fon niufeau eft alongé, un peu pointu 6c
garni d’une mouftache ; la mâchoire inférieure eft
beaucoup plus courte que la fupérieure, il a fix dents
incifives 6c deux canines à chaque mâchoire , fans
compter les mâchelières ; fa langue eft rude comme
celle du chat ; fa tête eft oblongue ; fes yeux qui font
auffi un peu oblongs font à une égale diftance des
oreilles 6c de l’extrémité du mufeau ; fes oreilles font
plattes 6c affez femblables à celles de l’homme ; fes
pieds font forts, 6c faits pour creufer ; les métatarfes
font alongés, il y a cinq doigts à tous les pieds ; la
queue eft longue 6c droite, 6c va toujours en diminuant;
ie corps eft oblong 6c reflemble beaucoup à celui d’un
Vi /