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qui ont dit que ces ours de mer avoient jufqu’à treize
pieds de longueur3. z.° Que ie poil aulfi doux que de
la laine ne fait pas un caractère qui diftingue fpécift-
quement ces ours, puifqu’il fuffit qu’un animal habite
fouvent dans l’eau ,. pour que fon poil devienne plus
doux & même plus touffu ; on voit cette même différence
dans les caftors d’eau & dans les caflors
terriers, ceux-ci qui habitent plus la terre que l’eau
ont le poil plus rude & moins fourni ; & ce qui me
fait préfumer que les autres différences ne font ni réelles
ni même auffi apparentes que le dit Martens; c ’efl que
Dithmar Blefken dans fa defcription de l’Iflande, parle
de ces ours blancs, & affure en avoir vu tuer un en
Groenland, qui fe dreffa fur fes deux pieds comme les
autres ours; & dans ce récit, il ne dit pas un mot qui
puiffe indiquer que cet ours blanc du Groenland ne fût
pas entièrement fembiabie aux autres ours b. D'ailleurs,
îorfque ces animaux trouvent quelque proie fur terre,
ils ne fe donnent pas la peine d’aller châffer en mer ;
a O n porta à bord un ours.blanc qu’on avoit tué, là peau avoit
treize pieds de longueur. Troifième voyage des Hollandais par le nord,
page y y .
h Habet ljlandia coloris albi ingentes UrfoS-----in Groenlandiâ urfum
magnum & album habuimus obviam qui neque nos timebat neque nojlro
clamore abigi poterat, vemm reüa ad nos tanquam ad certam pris dam
contendebat, cumque proprius nos accejfijfet, . is bonbarda trajeâus, ibi
demum ereâus, pojiérioribus pedibus tanquam komo Jiabat donec tertio tra-
jiceretur, atque ita exanimatus concidit. Dithmar Blefken. JJland.Lugd.
Bat. 1 6 0 7 , pag. 64.
Notices de quelques A n im au x . \ 3 3
ils dévorent les rennes & les autres bêtes qu’ils peuvent
faifir ; ils attaquent même les hommes , & ne manquent
jamais de déterrer les cadavres3 ; mais la difette où ils
fe trouvent fouvent dans ces terres flériles & défertes,
les forcent de s’habituer à l’eau, ils s’y jettent pour
attraper des phoques, des jeunes morfes, des petits baleineaux;
ils fe gîtent fur des glaçon,s où ils les attendent,
& d’où ils peuvent les voir venir, les obferver de loin,
& tant qu’ils trouvent que ce polie leur produit une
fubfiftance abondante, ils ne l’abandonnent pas ; en forte
que quand les glaces commencent à fe détacher au
printemps, ils fe laiffent emmener, & voyagent avec
elles; & comme ils ne peuvent plus regagner la terre ,
ni même abandonner pour long-temps le glaçon fur
lequel ils fe trouvent embarqués, ils périffent en pleine
mer ; & ceux qui arrivent avec ces glaces fur les côtes
d’Iflande ou de Norvègem font affamés au point de fe
* Les ours blancs vivent de baleines mortes , & c ’efl près de ces
charognes que i ’on en trouve le plus ; ils mangent auffi les hommes
en vie lorlqu’ils en peuvent furprendre ; s’ils viennent à fentir l’endroit
où l’on a enterré un corps mort, ils favent fort bien le déterrer, ôter
toutes les pierres dont la fofîè elt couverte, & ouvrir en fuite le cercueil
pour manger ce corps. Recueil des voyages du Nord, tome I I , page 1 1 6 .
i î Quand les glaces font détachées du Groenland feptentrional, Se.
qu’elles font pouffées vers le midi, les ours blancs qui le trouvent
deffus n’en ofênt fortir, & comme ils abordent ou en Blinde ou en
Norvège à l ’endroit où les glaces les portent, ils deviennent enrao-és
de faim ; & i’on dit d’étranges hiltoires des ravages que fout alors
ces animaux. Recueil des voyages du Nord, tome 1, page i o o,
Riij