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 autres  carnassiers  qui,  par  leur  naturel  farouche  et  sanguinaire ,  
 exercent  encore  tant  de  ravages parmi  les  tribus  populeuses  de  ces  
 vastes  contrées.  L ’homme  a  su  mettre  à  profit  l’instinct  des  espèces  
 les  moins  grandes  en les  faisant  servir  à  la destruction  des  animaux  
 qu’attire  autour de ses demeures  sa prévoyance  à  s’assurer une  
 subsistance journalière. 
 Parlant ici  du Chat domestique,  qu’on retrouve sur  tous les points  
 du  globe où  l’homme,  plus  ou moins civilisé,  réuni en société $  s’est  
 pratiqué des  demeures,  il  est  naturel  d’agiter  la  question relativement  
 à l’origine  de la  domesticité  du Chat,  et  de  chercher à  connaître  
 l’espèce  type à laquelle  ces  races  doivent  l’existence.  Plusieurs  
 naturalistes  très-judicieux  ont  des  doutes sur  l’origine  qu’on  attribue  
 assez  généralement à nos Chats.  L ’opiniomreçue.  et  adoptée par  
 le  plus  grand  nombre  est,  que  le  Chat  sauvage  des forêts  de l’Eü-.  
 rope  et de l’Asie  doit  être  considéré  comme  souche  primordiale  de  
 toutes  les races de Chats  domestiques.  En réfléchissant  sur  ce point,  
 on  voit  naître  le  doute,  qu’une  comparaison  établie  entre  nos  
 chats de maisons et  ce type  sauvage  tend à fortifier. 
 En  cherchant  à  remonter  vers  l’origine  de  la  domesticité  du  
 Chat,  on  se  trouve  en  quelque  sorte  guidé par  la  pensée  vers  ces  
 contrées  qui  furent témoins du premier élan  de  la  civilisation,  des  
 connaissances  et des arts.  C’est de l’enceinte  des temples consacrés  à  
 Isis,  et sous  le  règne  des Pharaons,  qu’on a  vu  naître  les  premiers  
 rayons des  sciences,  depuis,  plus  dignement honorées en Grèce,  et  
 portées  de proche  en  proche  dans  les  contrées que  nous  habitons.  
 L’Égypte, témoin  de  cette civilisation  naissante,  a  sans doute fourni  
 à  ses  habitans,  réunis  en  société,  cet  animal utile. Plus  encore que  
 tous  les  autres  peuples  cultivateurs,  les  anciens Égyptiens  ont dû  
 apprécier  les  bonnes qualités du  Chat.  S’ils en ont eu  connaissance ,  
 ce  que  tout  porte  à  croire,  il  est  certain  qu’une  espèce  sauvage  
 propre  à  ces contrées  a  fourni  la  première  race domestique  (i). 
 (1) Il serait intéressant de comparer le squelette de notre Félisganté avec ceux qu’on trouve  
 dans les mémoires. Voyez Grand ouvrage d'Égypte, p .  54, fig .  7. 
 En  effet,  le  Chat égyptien,  que  nous faisons  connaître dans cette  
 monographie,  sous  le  nom  de  Félis  ganté,  ressemble  bien  plus  
 exactement  à nos Chats de  maisons  que  ceux-ci  aux  Chats  sauvages  
 des  forêts  :  la  taille,  les  formes  absolument  les mêmes,  la  même  
 longueur de queue, moins  grosse  au bout qu’à  l’origine.  Nos  Chats  
 domestiques  de  très-forte  race  sont  constamment moins  grands que  
 ceux  de  l’espèce  sauvage,  et  la  queue  diffère  d’une  manière  constante. 
 Nous  savons par expérience que  les  suites  d’une longue  domesticité  
 influent  sur  la  taille  et  sur  tout  le  système  physique  des  animaux; 
   la surabondance  de nourriture,  et les  soins  assidus,  contribuent  
 au développement de tous leurs  organes,  et leur  taille  devient  
 plus  forte.  Tous  nos  animaux,  pris  de  l’état  sauvage,  et  réduits  à  
 la domesticité,  en  fournissent  les  preuves.  Le Chat  domestique,  en  
 le supposant  originaire des Chats de  nos  forêts,  fournirait  la preuve  
 d’un  dépérissement  de  la  race,  indice  certain  de  son  entière  destruction. 
 Lorsque nous  comparons les  formes  extérieures  du  Chat domestique  
 à  celles  du  Chat  sauvage  ,  nous  trouvons  constamment  le  
 premier moins  grand ;  il  a  la queue  plus  longue,  et  cette  queue  est  
 terminée;en pointe,  tandis  que  le Chat  sauvage a  la  queue,  proportionnellement  
 à  la  taille,  beaucoup  plus  courte,  de  grosseur  ég^le  
 aux  deux  bouts,  et  comme  tronquée  à  l’extrémité. 
 La  taille  du Chat  égyptien,  notre  Félis ganté,  est  moindre  que  
 celle  du . Chat  de maison ;  la queue,  proportionnellement au  corps,  
 a  la  même  longueur,  et  ressemble,  par  sa  forme,  à  celle  de  nos  
 Chats.  On  voit enfin  des, rapports dans  l’ensemble des  formes  entre  
 ce  Félis  égyptien  et  nos Chats,  et  ceux-ci  diffèrent  d’une  manière  
 constante  de  l’espècè  sauvage  des  forêts  de  l’Europe  et  de  l’Asie. 
 Il  est  cependant  probable que  le  croisement de  la  race égyptienne  
 avec  celle de  la  race  franche  de nos  forêts a  pu  donner  l’existence  à  
 une  race  intermédiaire ; mais  ici,  comme  dans  toutes  les  occasions  
 où  l’homme  a su  plier  ou assujettir la  nature  à  ses  vues,  il  devient  
 impossible  de  suivre le  fil des  circonstances accessoires et locales qui