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 c’est  une  tâche  dont  son  Excellence  le  ministre  de  l’intérieur  a  bien  
 voulu  m’honorer,  et  que  je  ne  crains  pas  de  m’imposer  sous  la  protection  
 d’un  souverain  que,  sans  flatterie,  et  dans l’effusion  du  coeur,  
 chacun proclame  le~ père,  l’ami de  son  peuple  et le  modèle de  toutes  les  
 vertus privées. 
 En  attendant  qu’une  entreprise  de  cette  extension  puisse  s’organiser  
 d’une  manière  complètement  nationale ,  j’ai  cru  rendre  hommage  
 à ma  patrie,  et  faire  apprécier à l’étranger les  importantes  découvertes  
 des  naturalistes  nerlandais,  en  publiant  à  Paris  quelques  fragmens  de  
 ces découvertes,  et  les portraits  des  espèces  les  plus  marquantes  déposées  
 dans  les  galeries  du  musée  des  Pays-Bas.  La  science  ne  connaît  
 plus de limites géographiques;  le  continent  est,  sous  ce  rapport ^complètement  
 libre  de  préjugé  national;  l’observateur  trouve  les  moyens  
 d’étudier  dans  tous  les  pays,  partout  il  rencontre les  secours  les  plus  
 empressés  de  la  part  des  savans  de  toutes les nations. 
 Cette  facilité  avec  laquelle  on  se voit  admis  dans  les  sanctuaires  des  
 sciences,  la noble libéralité avec  laquelle les  savans  des  diverses nations  
 se  communiquent  ce  qu’ils  possèdent,  la  protection  que  les  gouverne!] 
  ! eus  européens  accordent  à  ceux  que  le  désir  de  s instruire  porte  
 au  delà  des  limites  de  leur  patrie,  sont  de  nouveaux  bienfaits  dont  
 on  est  redevable  aux  progrès  de  la  civilisation  qui,  grâces  aux  vues  
 philanthropiques,  acquiert  de  jour  en  jour  un  développement  plus  
 parfait.  Il  n’existe  en  effet,  parmi  les  savans ,  plus  d’autre  jalousie,  
 plus  d’autre  émulation que  celle  de  contribuer  à  l’accroissement  plus  
 rapide  des  connaissances. 
 Ce noble  élan d’efforts partiels  dirigé  vers un  centre  commun  permet  
 de  prendre une  idée  plus  exacte  de  la  richesse  que  nous  offre  la  nature  
 organisée.  Comment  oser se  flatter  de  voir jamais un  seul  homme  
 embrasser  l’étude  de  l’ensemble  de  la  création? Pour  décrire  avec  précision, 
   et  d’après  la  nature,  une  seule  classe  du  règne  animal,  la  vie  
 de  l’homme  le  plus  actif  suffirait  à  peine.  Le  meilleur  moyen  que  les 
 DISCOURS  PRÉLIMINAIRE. ix 
 naturalistes puissent  choisir pour  faire  connaître  une  sérié  de  résultats  
 des  faits présentés en  masse,  paraît  être  celui  de  publications  par Monographies. 
   Ce moyen  a  été  employé  avec beaucoup de succès  dans des  
 ouvrages  publiés  sur  quelques genres  d’oiseaux,  d’insectes  et  de  plantes; 
   ce  sont  autant  de  traités  classiques  vers  lesquëls  on  se  reporte  
 avec  confiance.  J’en  use  aussi  dans  cette  publication  de  l’histoire  des  
 mammifères destinée à servir de suite  et de complément à  cette partie de  
 Y Histoire  des  ossemens fossiles,  de  M.  le  baron  Cuvier,  qui  traite  plus  
 particulièrement  des  espèces  vivantes  de mammifères.  J’ai mis  tous  mes  
 soins à laisser le moins possible à désirer dans ces monographies de genres  
 qui  se suivront  et seront  réparties entre  elles sans  arrangement méthodique  
 quelconque. Je choisirai parmi les genres ceux sur lesquels il m’aura  
 été possible de rassembler un grand Jiombre  de faits,  et dont les  cadres  
 pourront comprendre la presque totalité des espèces connues. Toute compilation  
 est bannie  de la partie  officielle  ( si je peux m’exprimer ainsi)  de  
 l’ouvrage; les espèces indiquées  dans les  ouvrages divers, et qui n’auront  
 point  été  observées  de nouveau  en  nature,  seront  classées  provisoirement  
 hors  de  ligne,  et paraîtront  comme  articles  supplémentaires  des  
 genres  auxquels  elles  peuvent  être  rapportées. 
 Les  entraves  toujours  croissantes  que  l’esprit  de  compilation  porte  
 dans  l’étude de  la  nature,  m’ont fait  adopter ce plan de  révision.  Je  ne  
 me dissimule  pourtant point  qu’il  faut  du courage  et de la persévérance  
 pour vaincre  les  difficultés  inséparables d’un  travail  tïès-long,  souvent  
 encombré  d’obstacles,  et qui  oblige à de nombreuses  courses  pour  examiner  
 et  décrire  les  différéntes  espèces  réparties  dans  les  collections  
 d’histoire  naturelle.  Pour  atteindre  mon  but,  il  m’a  été nécessaire de  
 mettre  encore  plus de  circonspection  que  mes  devanciers  dans  l’admission  
 des  espèces;  il  m’a  fallu  pousser la  réserve jusqu’à  la  défiance,  en  
 n admettant  dans  le  catalogue  des  genres  que  les  espèces  observées  
 avec soin  sur  le  vivant  ou  sur des sujets  bien  préparés,  établies  autant  
 que possible  d’après  l’examen du squelette  entier, et  toujours  d’après  la 
 formule  dentaire,  et  la  comparaison  de  la  forme  du  crâne ;  les  obser-  
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