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 doit  être  attribuée  au  développement  excessif du  talon,  sur  lequel  
 les  pointes  des  canines  paraissent  comme  entées.  Dans  l’adulte  
 ,  elles  semblent  sortir  d’une seule  alvéole,  et  leur  étendue  
 occupe  toute  la  place  remplie,  dans  le  jeune  âge,  par  les  petites  
 incisives,  de  façon que  les  deux,  et  rarement  les  six  ou  les  quatre  
 très-petites  dents  qu’on  voit  au-devant  des  canines,  ne  correspondent  
 plus  avec  les  incisives  supérieures;  ces  premières  se  trouvent  
 totalement  hors de  rang et  sans fonction présumable  :  les deux  fortes  
 pointes,  très-aiguës,  du  talon des  canine^, se  touchent  alors  exactement. 
   Ces  deux  pointes  intérieures  accolées paraissent  former  deux  
 grandes  incisives ;  dans  l’adulte,  elles  correspondent  parfaitement  
 avec  les  incisives  supérieures,  et  suppléent de  cette manière,  par  
 une  organisation  inconnue  jusqu’à  ce jour,  à  la  nullité  des  petites  
 dents rudimentaires  poussées  de  leurs  alvéoles.  - 
 L’accroissement  progressif  que  je  viens  de  signaler  na  pas  été  
 examiné  chez  toutes  les  espèces  décrites  dans  cette  monographie ;  
 mes observations sont basées  sur quatre  espèces: du Nouveau-Monde  
 et  sur  trois  de  l’ancien  continent ;  les  premières  sont,  Dysopes  
 n ifu s ,  abrasus  ,  nasutus  et  obscurus ;  celles  de  l’ancien  continent  
 sont  :  Dysopes  tennis,  Geoffroyi  et  Ruppelii  (i).  Le  crâne  
 d’un  très-vieux  individu  de  cette  derniere  espece  n a  pas  encore  ete  
 examiné ;  je  n’ai  eu  à  ma  disposition  que  des jeunes  pourvus  de  
 toutes  leurs  molaires  et  à  formes  totales  entièrement  développées ,  
 et  deux  sujets,  sans  doute  plus  âgés  que  les  premiers,  quoique  
 d’après  les  indices  que m’ont  fournis  les  sutures  et  la  crête  de  leur  
 crâne,  ils  ne fussent point encore parvenus au maximum de  leur développement  
 ;  les  premiers  ont  six  incisives  inférieures,  les  seconds  
 n’en  ont  plus  que  quatre ;  en  perdraient-ils  encore  par  une plus  
 grande  extension du  talon  des  canines ? Il est  certain qu!on trouve  
 dans  l’ancien  continent,  comme  dans  le Nouveau-Monde ,  des Mofi) 
   Dysopes  cheiropus  de  la  Cochinchine,  n’a  été  vu  que  dans  l’état  de  développement  
 complet des  dents;  il  a  deux  incisives  inférieures,  absolument  comme  dans Dysopes  tennis  
 et dans toutes  les  espèces à système dentaire totalement  développé,  qui  habitent  le  Nouveau-  
 Monde. 
 DE  MAMMAEOGIE. a i 3 
 losses  à  deux ,  à  quatre  et à  six incisives  à la mâchoire  inférieure :  
 les  premiers  ont  tous  les  caractères  d’individus  parfaitement développés  
 ;  les  derniers  offrent  le  plus  souvent  les  indices  du  jeune  
 âge,  quoique  extérieurement  on  ne  puisse  pas  les  distinguer,  du  
 premier  coup  d’oeil,  des  adultes.  Il  faudrait  pouvoir  examiner un  
 très-grand nombre  d’individus  dans  tous  les périodes  de l’âge, pour  
 établir  une  règle  fixe  dans  les  caractères  du  système  dentaire  des  
 Chéiroptères ;  les  assujettir  à  la  règle  adoptée  en  mammalogie,  et  
 vouloir  les  classer génériquement  à  l’aide  du nombre et  de  la forme  
 de leurs  dents,  me  paraît,  d’après mes  nombreuses  observations,  
 pour  le moins  très-hasardé. 
 Voici  l’exposé  succinct des faits  tels que  je les ai observés  sur plusieurs  
 individus des espèces suivantes : Dysopes obscurus m’a fourni,  
 sur quatre  individus ,  la  disparité la  plus  remarquable de l’anomalie  
 dans  le  système  dentaire  des Molosses ;  deux individus  se  trouvent  
 munis  de quatre  incisives  entassées  et  bilobées  à la mâchoire  inférieure  
 ;  le  troisième a deux  très-fines  incisives  en  avant  des  grands  
 talons des canines ;  et  lè quatrième,  sans doute  très-vieux  et à  talons  
 des canines exactement  accolés,  n’a  plus d’incisives;  deux très-petits  
 trous  alvéolaires,  en  partie  oblitérés,  servent d’indices  que  la  chute  
 de ces  dents  était  récente.  Le crâne et les  dents  de  ce  sujet  très-vieux  
 sont  figurés,  pl.  23,  fig.  20  et  21.  De dix-huit  individus de  Dysopes  
 nasutus  (1)  ,  j’en  ai  vu  seulement  deux  n’ayant  que  deux  
 très-petites  incisives  poussées  en  avant du  talon  des  canines ;  plusieurs  
 individus m’ont paru pourvus de quatre incisives ; mais comme  
 les  dents  du  plus  grand  nombre  de  ces  individus  (notamment  de  
 onze  sujets  du musée  de  Paris)  ont  été  examinées  sur  des peaux  
 préparées,  il  ne m’a pas  été  possible  de  distinguer,  à  l’aide  de  la  
 loupe,  le  nombre  exact  de  ces dents,  dont  la  pointe  bilobée  peut  
 induire en  erreur  sur  le nombre.  J’ai  devant moi les crânes  de deux  
 jeunes  individus  :  le  moins  âgé  a  six  incisives  enchâssées  dans  six 
 (t)  C’est le nom que j ’ai donné à l’espèce décrite par M. Isidore Geoffroy sous celui de Nyc~  
 tinomus brasïlicnsis.  Annales des Sciences naturelles,  lotn.  \ , p.  55y, pl.  22. 
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