édifices et les troncs des arbres, ou en se cramponnant à l’aide de
moyens de préhension très-vigoureux, qu’ils pourvoient a leurs
besoins. Les pieds postérieurs sont très-courts, le tibia et le fi-
bula bien séparés dans toute la longueur, à peu près d’égale grosseur
; les muscles sont vigoureux , les doigts armés d’ongles crochus
et le doigt externe plus ou moins libre ou totalement opposable,
ou bien le doigt interne libre et séparé des- autres. Ce doigt plus ou
moins libre est toujours pourvu d’un pinceau de poils. Les insectes
et leurs larves servent probablement de nourriture à ces animaux ,
trop peu connus encore , sous le rapport des appétits et de leurs
moeurs.
M. Geoffroy, dans son premier travail, avait réuni les Vesper-
tilio molossus et noctilio dans un même genre, désigné sous le
nom de Noc tilio ; cette réunion, en effet peu satisfaisante, obtint
une réforme dans la révision de ce genre, et le Vespertilio molossus
devint le type d’un nouveau groupe sous le nom sans doute très-
vicieux de Molossus ( i) , Huit autres espèces-réunies à ce type
servirent à composer ce genre Molossus , publié par M. Geoffroy^
dans le 6*. volume des Annales du Muséum. De ces neuf espèces
indiquées par quelques mots seulement, et sans aucun indice de
leur système dentaire, quatre ont été observées par d’Àzara ;• elles
sont décrites d’une manière très-succincte par l’auteur espagnol, et
le nombre des dents incisives n’a pas été donné très-exactement. De
ces quatre espèces notées dans le travail de M. Geoffroy, une seule
paraît avoir été vue par ce naturaliste, c’est le Molossus obscurusf
Mais nous avons des doutes sur l’identité de ce Molosse obscur avec
la petite Chauve-souris obscure du naturaliste espagnol ; M. Desma-
rest est aussi de cet avis.
Les connaissances acquises sur ces animaux, jusque-là tous originaires^
du Nouveau-Monde, reposent sur ces données. Les découvertes
faites de nos jours démontrent clairement que les naturalistes
ont attaché trop de valeur à l’hypothèse de Buffon, lorsqu’il
(i) Je fais usage du nom très-approprié proposé par Illiger, en conservant en français le nom.
donné par M. Geoffroy.
DE MAMMALOGIE. 209
dit que les animaux de l’un des continens manquent ci l’autre ,
et que Cela est vrai pour tous, ceux exceptés qui peuvent se
multiplier dans les climats septentrionaux (i). Cette idée hasardée,
uniquement basée sur la connaissance d’un nombre très-borné
d’espèces de Singes, ne s’est trouvée exactement vraie , jusqu’à présent
, qu’eu égard aux quadrumanes qui nous sont connus : mais
elle est fausse dans les Chéiroptères et dans le plus grand nombre
des autres genres d animaux (a).
C’est probablement pour avoir ajouté trop d’importance à l’hypothèse
dont les découvertes nouvelles font raison, qu’on voit une
séparation générique des vrais Molosses propres aux deux mondes,
établie par M. Geoffroy et sanctionnée par les compilateurs. En
effet, en quoi (abstraction faite pour un instant du nombre des
incisives) peut-on ti'ouver la plus légère différence entre les Molosses
du Nouveau-Monde et les Nyctinomes que l’on admet dans
les deux continens ? Certes elle, est nulle dans la comparaison,
non-seulement de l’ensemble des formes, mais aussi dans chaque
organe sur lequel on voudrait faire l’épreuve de cette comparaison ;
les figures et les descriptions des Molosses publiées dans cette monographie
peuvent tenir lieu de plus ample détail sur ces rapports
(1) Voyez , pour plus de détails sur cette matière, la monographie du genre Félis, p. 78.
(2) Un Mémoire publié dans le but de prouver l’existence d’un genre de l’ordre des Chéiroptères
composé d'especes analogues d'ans les: deux mondes,, contient l’article suivant. « Ainsi,.
» de tous les genres de Singes, de Lémuriens, de Chéiroptères, d’insectivores , ju squ ’à ce jour
» connus, il. n’en est, je puis le dire., aucun dont l’existence dans l’un ou.dans l’autre con-
» tinent soit constatée. Pour trouver le premier exemple de cette existence simultanée dans
» les deux mondes, il faut descendre jusqu’aux carnivores ; alors on arrive aux Ours, aux Fé-
» lis, etc.- »• L'auteur aurait pu, observer que son mémoire prouve le contraire-. Les. Molosses, les
Taphiens, les Vespertilions et les N y dictes existent dans les deux mondes, et servent de preuves
nouvelles contre l’opinion de Buffon. Après avoir discuté la npn-existence de quelques .genres de
Chéiroptères, d'ans le Nouveau-Monde, l’auteur du mémoire continue : « Ainsi, dit-il, jusqu’à
ce jour, toutes les fois- que l’on a-annoncé l’existence de Chéiroptères de même genre dans
» les deux mondes à la fois , l’examen a toujours montré-que la nouvelle de-cette existence si-
» multanée n’avait'aucun fondement réel. Ainsi, s’écrie l’auteur, la nature s’est toujours mon-
» tréeconstante à ne jamais produire dans les deux mondes des Chauves-souris formées sur le
» même type. » Voyez Mémoire sur une Chauve-souris américaine, formant une nouvelle espèce
dans le genre Nyctinome. Annales des Sciencesnalurclles, vol. 1 , p. 3 37 , par M. Isidore Geoffroy.