paraît avoir donné matière à plusieurs erreurs ; elles ont provoqué
de ma part des recherches plus approfondies, au moyen desquelles
je crois pouvoir établir des observations nouvelles sur la dentition
des Chéiroptères, qui serviront à expliquer quelques erreurs dans
les divisions des genres, basés uniquement ou principalement sur le
nombre et sur la forme des dents, si variables dans les differens périodes
de l ’âge.
Il ne convient point d’admettre dans l’ordre de mammifère volatile,
les Galéopithèques ( i) qui ont bien de même que les Polatou-
ches (Pteromys) et les Pétouristes ( Petaurüs), la peau des flancs
étendue entre les extrémités antérieures et les postérieures, même
quelquefois la queue engagée, ou des rudimens de membrane aux
côtés du cou et aux extrémités antérieures, mais qui sont dépourvus
de ces membranes diaphanes , prolongées entre les doigts , unies aux
flancs, et imitant les ailes des oiseaux. Aussi la faculté de voler, ainsi
que M. de Blainville en a fait la remarque, appartient seulement aux
Chéiroptères proprement dits. Les Galéopitheques, Polatouches, et
Pétauristes, ne peuvent se servir des peaux épaisses, peu tendues et
velues en dessus comme en dessous, que comme dune sorte de parachute.
Us n’ont pas la faculté de s’élever au-dessus du point d’où
ils"sôSfpartis, et ne peuvent même conserver la ligne horizontale :
ils sont obligés de céder à la loi de la gravitation. Les vrais Chéiroptères,
dont le vaste sternum donne attache.à de puissans muscles
pectoraux , dont l’épaule est consolidée par de larges omoplates
et des clavicules robustes, et dont les ailes ont autant?de surface
que de légèreté, sont doués des organes qui servent à les soutenir
en l’air pendant un temps considérable, de se porter avec rapidité
dans tous les sens imaginables, pour saisir les petits insectes dont
ils font leur nourriture, ou pour se rendre d un vol soutenu dans
les lieux éloignés de leur demeure habituelle, afin de se repaître
des fruits succulens qui servent d’aliment a quelques-unes,
(i) Les Galéopithèques doivent prendre rang dans la famille des quadrumanes, après les
Makis. Ils sont à cens-ci à pen près ce que les Pétauristes sont aus Marsupiaux, et les Polatouches
aux Rongeurs. M. de Blainville a fait cette remarque avant moi.
Le corps des Chéiroptères est plus ou moins couvert de poils
assez longs, lisses ou frisés; la tête est grosse, le cou court, les
oreilles nues, le plus souvent longues et pourvues d’un appareil
externe très-compliqué. Le tragus manque dans les Chéiroptères
frugivores; il est susceptible de prendre diverses formes dans les
Chéiroptères insectivores ; il est aigu ou. arrondi ; tantôt il est si
développé qu’on le prendrait pour une seconde conque auriculaire.
Cet appareil de l’ouïe,: souvent énorme dans quelques groupes, semble
disproportionné par son développement, ou bien ombrage tellement
la face que l’organe ', très-petit, de la vue est à peine visible.
Les ouvertures des narines sont ou simples ou composées dans un
nombre à peu près égal d’espèces ; dans le dernier cas elles sont entourées
de productions membraneuses plus ou moins compliquées.
La bouche fort grande est garnie d’un appareil dentaire, le plus souvent
beaucoup plus compliqué dans les premiers périodes de l’age
que dans l’état parfait ; on voit des espèces pourvues des trois sortes
de dents dans les jeunes, qui n’offrent plus dans l’adulte que deux
sortes ; celles des incisives permanentes ressemblent alors par leur
forme à de petites canines. On peut dire que le système dentaire
des Chéiroptères sort des- règles habituelles et générales ; il se refuse
à être employé comme premier moyen de classification méthodique,
et son extrême anomalie dans les, differens périodes de l’age est
sans doute un des phénomènes les plus nouveaux en zoologie. Dans
l’impossibilité d’établir pour le moment un indice général sur le développement
de cette singulière dentition, nous renvoyons aux articles
descriptifs des genres où se trouvent signalées-toutes les observations
que j’ai été à même d’e.tablir sur 1 appareil dentaùe des
Chéiroptères.
Les ailes sont au moins quatre fois aussi longues que le corps ; les
membranes qui les forment sont nues , plus ou moins diaphanes,
elles présentent plus ou moins de rides qui figurent une espece de
réseau à mailles polygones; leur attache aux extrémités postérieures
se fait à l’aide d’un osselet en forme de stylet, et qui n est autre
çhose que le calcaneus ou l’os du talon, muni d une prolongation