
 
        
         
		tendineuse.  Le plus  grand nombre  des  genres n’offrent dans la charpente  
 osseuse  des  pieds  postérieurs  que  le  seul  tibia.  Le  fibula  
 est  grêle  et  seulement  rudimentaire  dans  quelques-uns;  les  seuls  
 Molosses (Dysopes) ont les deux  os parfaits,  servant à donner attache  
 aux muscles moteurs des pieds,  pourvus d’un  doigt  plus  ou  moins  
 versatile,  quelquefois  opposable  comme dans  les  quadrumanes. 
 Tous  les  Chéiroptères  cherchent  à  se  cacher,  le  plus  grand  
 nombre  fuit  la  lumière ;  leur  demeure  habituelle  est  le  plus  souvent  
 en  des  lieux  ténébreux ;  les  cavernes,  les  fentes  des  rochers  
 et  des  édifices  isolés,  les  creux  des  arbres  leur  servent  de  retraite;  
 les  espèces  frugivores  redoutent moins  la  lumière  que  les  espèces  
 insectivores;  quelques-unes  sont  diurnes;  leur  demeure  habituelle  
 est  dans  les  bois,  où  ils  se  rassemblent  en  troupes  à  la  cime  
 des  arbres  ou  dans  l’entrée  des  cavernes.  Quelques  espèces,  particulièrement  
 celles  du  genre  Molosse  (Dysopes)  ne  s’éloignent  
 pas  à  de  grandes  distances  des  lieux  de  leur  demeure  habituelle; 
   plus  solitaires  et vivant  le plus  souvent  cachées ,  elles  se  servent  
 plus de  leurs moyens puissans  de  préhension et  d’ascension que  
 de  ceux  du  vol; d’autres  espèces,  ce sont  celles du  genre  Vesperti-  
 lion ,  parcourent au  crépuscule et  aux  premières  lueurs  de  l’aurore  
 une grande  étendue de pays;  les  lieux  où  elles vont pourvoir à  leur  
 nourriture sont le plus  souvent très-éloignés du lieu de leur demeure  
 habituelle;  quelques  espèces  chassent  aux  insectes  d’eau,  d’autres  
 poursuivent  ceux qui au  crépuscule  se mettent  en mouvement  sous  
 l’ombrage des  forêts. 
 L’on  sait,  par  les expériences de Spallanzani,  que les Chéiroptères  
 aveuglés volent  aussi  bien que  ceux qui  ont des yeux ;  qu’ils  évitent  
 avec  autant d’adresse  les corps  les  plus  déliés,  tels  que  des  fils  de  
 soie,  tendus de manière à ne laisser entre eux que l’espace nécessaire  
 à  leur  passage avec  les  ailes  déployées ;  qu’ils  serrent  leurs  aijes  si  
 ces fils  sont  plus  rapprochés,  afin  de  ne  pas  les  toucher;  qu’ils  suivent  
 la  direction  des  routes  souterraines,  qu’ils  passent  au  travers  
 des  branches  d’arbres  que  l’on y  a  placées  ,.  sans  les  frapper  de  
 leurs  ailes;  qu’ils  s’introduisent  dans  les  tro n c s e t qu’enfin ils «’accrochent  
 aux  saillies  des voûtes  ou des plafonds.  Spallanzani  a  privé  
 successivement  des Chéiroptères ,  dont il avait détruit les  yeux,  des  
 organes des  autres  sens,“et  ils  ne  furent  ni  moins  hardis,  ni  moins  
 adroits  dans  leur  vol;  d’où  ce  célèbre  observateur  conclut  qu’il  
 doit  y  avoir dans  celte  famille  d’animaux  un  autre  sens,  un  nouvel  
 organe,  un  agent  inconnu  qui  semble  les  guider  et  les  servir  si  
 efficacement  pendant  leur aveuglement  (i).- 
 Les  Chéiroptères  insectivores des  climats  septentrionaux,  privés  
 en  hiver  des  subsistances  nécessaires  à  leur  nourriture  ,  sont  
 engourdis pendant  cette  saison ;  ceux  des  contrées  tropicales jouissant. 
   dans  toutes,  les  époques  de  l’année  d’une  abondance  non  interrompue  
 ,  n’éprouvent  aucune  torpeur.  Ceux  qui  sont  sujets  à  
 passer à cet  état  d’engourdissement  ou  de  léthargie,  se  recouvrent  
 de  leurs  ailes . comme  d’un  manteau,  s’accrochent  à  la  voûte  des  
 souterrains,  par  les  pieds  de  derrière,  et  demeurent  ainsi  suspendus  
 ;  les  autres  se  collent contre  les murs ou se  cachent dans  des  
 trous.  Leur  portée . ordinaire  est  de  deux  petits  qu’ils  tiennent  
 cramponnés  à  leurs mamelles  ou  assujettis  à  leur  corps,  én  repliant  
 sur  eux,  dans  le  vol,  la membrane  interfémorale  qui  leur  
 tient  lieu  de  soutien  et  de  poche.  La  gyosseur  de  ces  jeunes  est  
 souvent  très -  considérable  à proportion  de  celle  de  leur mère,  ce  
 qui  est  surtout  le  cas dans  les  espèces  frugivores.  Ces  particularités  
 et la  forme  opposable  ou  versatile  d’un doigt  des  pieds  postérieurs ,  
 rapprochent  les  Chéiroptères  de  la  grande  famille  des  Quadrumanes. 
 Nous  ne  pouvons,  en  parlant  des Chéiroptères,  passer  sous  silence  
 ces  restes, fossiles  d’animaux  volatiles , que M.  Cuvier nomme  
 Ptérodactyles,  et  dont  MM.  Soemmering  et  Oken  ont  parlé,  
 sous  la  dénomination  <YOrnithocéphales.  Ce  sont  incontestablement, 
   dit M.  Cuvier,  de  tous les  êtres dont  l’existence  vient  d’être  
 révélée,  les  plus  extraordinaires,,et ceux  qui,  si  on  les  voyait  vi-  
 vans,  paraîtraient  les.  plus  étrangers  à  tonte  la  nature  actuelle.  
 Je  n’aborde  la  question ,  relativement  à  leur  rapport  avec  nas 
 (i) Nouveau Dictiomi.  d’Hi&t.  mvt.  vol. 6\