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 dans la différence  du  nombre des incisives  à  la mâchoire  inférieure ,  
 disparité  qu’on  a  voulu  établir  invariablement  de  la  manière  suivante  
 ;  savoir,  pour  les  Molossus  de M.  Geoffroy,  deux  en  haut  
 et  deux  en  bas,  et  pour les Nyctinomus  du  même  auteur,  deux  
 en  haut  et  quatre  en  bas.  Les  premiers,  a-t-on  d i t ,  se  trouvent  
 uniquement  en  Amérique  ,  et  les Nyctinomes  ont  été  considères  
 primitivement  comme  un  groupe  appartenant  exclusivement  a  
 l’ancien  continent  ;  plus  tard  M.  Isidore  Geoffroy,  fils  du  célèbre  
 professeur,  a  fait  connaître  une  espèce  nouvelle  de  soi-disant  
 Nyctinome  du  Brésil  ( i ) ,  pourvu  de  quatre  incisives  à  la  mâchoire  
 inférieure. 
 Quant aux  Nyctinomes  de  l’ancien  continent,  ils  ne  sont  pas  
 mieux  connus  que  les  Molossus  du  Nouveau-Monde ;  sur  trois  
 espèces  indiquées  par  M.  Geoffroy  dans  les  Méni.  de  l’Institut  
 d’É s y p te ,  tom.  2,  il  n’y  en  a  qu’une  observée  en  nature  par  ce  
 savant;  les  deux  autres  reposent  sur  la  compilation  d’une  description  
 très-imparfaite  de Buchanan,  et  sur  une note manuscrite très-  
 vague de Commerson. 
 Personne,  je pense,  qui  aura  vu  et  comparé  l’un  de  nos Molosses  
 (Dvsopes)  du  Nouveau-Monde  avec  un  Molosse  de  l’ancien  
 continent,  n’aura  le  moindre  doute  sur  leur  parfaite  ressemblance  
 générique.  Je  le  répète,  aucun  des  groupes  de  Chéiroptères  n’est  
 plus naturel  que  celui-ci.  Une  difficulté  d’un  autre  genre  s’opposerait  
 cependant  à  leur  réunion.  Les naturalistes  de  nos  jours attachent  
 une importance décisive au  seul caractère  pris  du nombre  des  
 dents  (2) ;  ils  perdent  trop  souvent  de vue  l’ensemble et la  concor- 
 (.1)  Ge  Cheiroptère  a  été trouvé par M.  Auguste  de Saint-Hilaire,  et  envoyé  au  musée  de  
 Paris,  au nombre  de onze individus,  que j ’ai examinés  avec la  plus  grande  attention.  La  de-  
 couverte c!e ce Cheiroptère est antérieure au voyage de M.  de Saint-Hilaire. C’est à M.  INatterer,  
 de Vienne,  que nous la devons ;  elle porte,  dans  cette monographie,  le nom  de Dysopes nci-  
 Ce Molosse a six incisives  dans le premier âge,  quatre  dans  l’âge  irfoyen ,  soit  adulte ,  
 et deux seulement dans l’état parfait. 
 (2) Quelques  naturalistes ont même été, entraînés à séparer génériquement des animaux sem-t  
 blables sous tous les autres rapports , et pourvus de dents à nombre  égal, mais  dont  la couronne 
 DE MAMMALOGIE.  
 dance  parfaite  de  tous  les  autres  organes.  S’il  existe  une  classe  du  
 règne  animal  où  une  pareille, manière  de  voir ne  puisse  être  employée  
 exclusivement,  et  sans  observer  aussi  les  rapports  que  
 d’ailleurs  ces  animaux  peuvent  avoir  entre  eux,  c’est  sans  contredit  
 aux  Chéiroptères  qu’elle  doit  être  rendue  -applicable.  La  chute  
 de  quelques  dents,  produite  par  le  développement  considérable  
 d’autres  dents  et particulièrement  des  canines,  opère,  dans  le  système  
 dentaire de  quelques  genres  de  Chéiroptères,  des  anomalies  
 qui  viennent  détruire  lés hypothèses les plus  vraisemblables.  Je ferai  
 connaître  à  leur  place,  dans  les  articles  descriptifs  des  genres,  
 toutes  les anomalies qu’une observation  minutieuse ,, souvent renouvelée  
 , m’a mis  à même  d’établir  sur la  dentition  de  cet  ordre d’animaux  
 :  ici  il ne  sera  question  que du  système dentaire  des Molosses  
 - (Dysopes). 
 Quelques  especes  de  Molosses  ont,  à la  mâchoire  inférieure  et  
 dans  le  premier  âge  seulement,  quatre,  quelquefois  six  petites  
 incisives  bilobées-,  entassées,  mal  rangées,  les  unes  en  avant  des  
 autres,  mais  correspondant,  dans  leurs  fonctions,  avec  les  deux  
 incisives  supérieures y  qui  sont  grandes  et espacées;  dans  ce  période  
 de  l’âge,  le  talon  des  canines  n’offre  qu’un  léger  développement ;  
 les  alvéoles de  ces  canines  sont  distantes,  et  aucun  autre  indice  que  
 la  seule  transparence de toutes ces dents ne fait  préjuger  un  changement  
 quelconque;  les  individus  paraissent  adultes  par  leurs  molaires  
 développées,  ils  le  sont  même  à  peu  près  par  leurs  formes  
 extérieures,  à la vérité un peu moins  fortes  que  dans les  vieux.  C’est  
 à  l’inspection  des  sutures  du  crâne  qu’on  doit  avoir  recours  pour  
 apprécier  leur  développement  parfait.  Le  développement  complet  
 des  canines  et  l’expulsion  de  quelques  incisives  paraît  avoir  lieu  
 lors  de  la  parfaite  ossification  du  crâne,  et  semble  accompagner  
 1 apparition des  crêtes  occipitales  et  coronales.  La  cause  de  la chute  
 des  incisives  latérales,  peut-être  de  la  totalité  des  inférieures, 
 émaillée présente  des formes  légèrement  abnormes,  ou bien  qui  diffèrent un  peu  par  leurs