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 l’existence est probable,  viennent  se  joindre  le  Micouré  laineux  et  
 le Micouré nain de  d’Azara,  que je  n’ai  pu  trouver jusqu’à  présent  
 dans  aucune  des collections  d’histoire naturelle.  Nous mettons  provisoirement  
 ces  deux  espèces  ainsi  que  la  treizième, ou le Micouré  
 à grosse queue  de  d’Azara,  hors  de  ligne,  et  proposons  d’éloigner  
 et  de  rayer totalement  du  genre  Didelphis,  tel qu’il  est établi dans  
 la  i 3\  édition de  Linnée,  par  Gmelin,  les  indications  suivantes,  
 savoir,  Didelphis marsupialis  avec  son  composé bizarre des espèces  
 de philander de  Brisson  et de Seba. —  Didelphis molucca  et orien-  
 talis, qui sont basées  sur de jeunes Phalangers. — Didelphis Brunit  
 et gigantea,  qui  sont du genreKariguroy  enfin,  Didelphis  macro-  
 tarsus qui est un quadrumane,  l’unique du genre  Tarsier.  Il  paraît  
 que le nombre des espèces  de  Sarigues s’augmentera encore lorsque  
 les  naturalistes  auront  exploré  les  immenses  contrées  sauvages  de  
 l’intérieur  de  l’Amérique  méridionale;  le  Brésil,  le  Paraguay,  le  
 Chili  et  le  Pérou  nourrissent  sans  doute  des  espèces  particulières  
 qui nous sont encore inconnues. Il s’agira d’examiner rigoureusement  
 ces êtres réputés nouveaux ;  de  légères  différences  dans  les  couleurs  
 du  pelage  ne doivent point  suffire  aux  naturalistes  comme  moyen  
 unique pour  former  une espèce nouvelle. La manie du  jou r,  en  fait  
 d’histoire naturelle,  consiste  à  s’emparer  du  premier  objet  supposé  
 inédit,  ou  de  la  première  observation  que  l’on  croit  nouvelle ;  on  
 compose  à la  hâte quelques  lignes  en  prise  de  possession,  que  les  
 écrits  périodiques  servent  à  répandre;  les  compilateurs  s’emparent  
 de  ces  indications  précoces;  elles  passent  sans  examen  nouveau  
 dans  les  catalogues  méthodiques,  qui  sont  les  réceptacles  des  bévues  
 de  tous  les  genres.  Il  faut  souvent  des  travaux  suivis  pour  
 détruire  les  erreurs,  fruits  de  cet  élan  trop  précipité,  dans  une  
 science  qui  demande  des  observations  souvent  renouvelées.  Il  est 
 Denis des mammifères,  pag.  75. Je ne connais que  les dépouilles de l’animal figuré par Buf-  
 fon.  Aucun  auteur  n’a  fait mention  d’une  conformation  très—singulière  dans  cet  Yapock:  
 ses pieds  de devant  ont  six doigts bien distincts ; le  sixième doigt est placé  extérieurement,  
 c’est  un  rudiment sans ongle. 
 sans doute  bien facile d’établir des genres et des espèces ; mais  lorsque  
 ces espèces nominales ont été classées, dans les systèmes méthodiques,  
 il  devient  souvent  très-difficile  de  prouver  qu’elles  doivent  l’existence  
 à  une  négligence  trop  commune  d’observation  et  de  comparaison  
 , ou à  l’ignorance  des  progrès que les sciences ont  faits  dans  
 les autres pays. 
 Les  remarques  qui  ont  eu  lieu  sur la  classification  des  espèces,  
 et  les  erreurs  que -j’ai  cru  devoir  indiquer,  se  trouvent  consignées  
 à  la  suite  de  chaque  article  descriptif. 
 PREMIÈRE  SECTION. 
 LES  FEMELLES  ONT  UNE  BOCHE  COMPLÈTE  TRÈS-AMPLE. D ANS  LES  INDIVIDUS  ADUL-  
 T E S ,  MOINS  DISTINCTE  DANS  LES  JEUNES,  E T  DIFFICILE  A   RECONNAITRE  SUR  LES  
 DÉPOUILLES  SÉCHÉES  DE  CES  JEUNES  SUJETS.  LES  JEUNES  SE  CACHENT DANS  LA  
 POCHE  DE  LETJR MÈRE. 
 SARIGUE  A  OREILLES  BICOLORES  (i)  ou  MANICOU. 
 DIDELPHIS  TIR GIN1ANA. 
 Sa  taille  la  plus  ordinaire  est  celle  du  Lapin, mais les adultes  de  
 forte  dimension  sont  de  la  grandeur du Chat  sauvage ;  queue plus  
 courte  que le  corps et la  tête,  garnie de très-longs  poils à sa  base ; le  
 reste  jusqu’à la pointe ,  couvert à claire voie  d’un  poil  ras  et blanc ;  
 museau  long,  très-pointu;  boutoir  du  nez  couleur  de  chair jaunâtre; 
   fente nasale  très-profonde;  doigts  de  tous  les  pieds  longs  et  
 très-fendus;  seulement  l’extrémité  des  oreilles  jaunâtre. 
 Tout  l’animal  paraît  blanc;  mais  il  n’y  a  en  effet  de  blanc  
 parfait  qu’à  la  tête,  au  cou,  à  la nuque et aux parties  inférieures ;  
 le  pelage  sur  ces  parties  est  court,  laineux,  très-serré;  un  cer- 
 (l)On  peut  en  dire autant du Sarigue Azara propre  à  l’Amérique  méridionale; mais  te  
 nom ayant été proposé par M. Cuvier , je  no  veux  point le changer  contre  un autre  peut-  
 être plus approprié ; il suffit que l’identité de caractère soit reconnue propre aux deux  espèces.  
 Celle-ci a les oreilles bicolores, parce que leur pointe seulement est jaunâtre. Chez U Sarigue  
 Azara c’est la  base seulement de cet organe qui est delà couleur indiquée ; le reste est hoir.