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 ou  rudimens  plus  ou  moins  larges,  qui  garnissent  le  bord  interne  
 des  jambes;  ces  bordures  sont  réunies  au  coccyx  qu’elles  
 entourent,  dans  quelques  espèces,  tandis  que  chez  les  autres  le  
 coccyx  n’est  point  enveloppé  dans  le  rudiment qui borde les  pieds  
 postérieurs. Quelques  espèces  n’ont  aucun  vestige  de  queue,  d’autres  
 ont  un  léger  soutien  de  la  longueur  de  la  membrane,  et  les  
 espèces  d’un  troisième  groupe  ont  pour  toute  queue  un  rudiment  
 à moitié  engagé  dans  la  membrane  interfémorale.  Ces  légères  anomalies  
 nous  ont  fourni  les . indices  pour  les  trois  sections  établies  
 dans  ce  genre. 
 Les Roussettes  sont des  animaux  essentiellement  frugivores ;  il  est  
 cependant assez  probable que  certaines  espèces  vivent  aussi d’insectes. 
   Les  contes  absurdes’,  chargés  de merveilleux,  qui  ont  rapport  
 au  genre  de  vie  carnassier et même sanguinaire des Roussettes ,  ont  
 été  produits  par  le  défaut  d’observations  exactes  et  par  l’effroi  
 qu’ont  inspiré  ,  aux  premiers  naturalistes  qui  ont  vu  ces  animaux, 
  leur  énorme  envergure  et  leur appareil de  défense,  en apparence  
 si  redoutable.  Ils  n’attaquent  aucun  animal,  pas même,  ainsi  
 qu’on  l’a  cru, les  oiseaux et les petits  quadrupèdes ;  ce sont des  animaux  
 doux  et  paisibles,  qui  vivent  en  grandes bandes,  suspendus  
 pendant  le jour,  par  leurs pieds de  derrière,  la  tête  en  bas  et  enveloppés  
 dans  leurs membranes ; quelques espèces  s’accrochent dé  cette  
 manière,  par centaines,  aux branches des arbres,  d’autres se cachent  
 d'ans  les  cavernes,  dans  le  tronc  des  rochers  et  dans les  trous  des  
 vieux arbres ;  quelques-unes  ont  l’habitude de  se  suspendre  aux plafonds  
 des  grands  édifices  isolés. La chair des  grandes espèces est  estimée  
 comme une nourriture  saine et délicate, quoique l’odeur qu’elles  
 exhalent en  répandant  leur urine,  ait dû naturellement rebuter ceux  
 qui  ont  fait  le  premier  essai  de  se  nourrir  de  leur  chair,  qui  est  
 blanche,  succulente  et de bon  goût. 
 Il  est  sans  doute  impossible,  dit  M.  Geoffroy,  d’imaginer  un  
 groupe  mieux  circonscrit,  et  de  trouver  une  famille  plus  parfaitement  
 isolée  des  groupes  voisins,  enfin  plus  naturelle ;  mais  ces 
 avantages  sont  balancés:  par  des  inconvéniens.  On  en  éprouve  
 d’autant  plus  de  difficultés  dans  l’étude  des  espèces.  En  effet,  
 quelque  naturel  que  ce  genre  puisse  paraître  ,  il  en  est  de  celui-ci  
 comme des  genres Félisj  Canis  et de plusieurs  autres, que  l’on supposait  
 être  rigoureusement  encadrés  en  des  groupes  sans  apparence  
 d’anomalie  dans  les, caractères  donnés.  Cette  hypothèse,  basée  sur  
 des  genres  rigoureusement déterminables par  des  caractères  propres  
 à  toutes  les  espèces,  n’a  pas  été  constatée par  l’expérience;  quelques  
 espèces marquant  le  passage  gradué  d’un  groupe  à  un  autre  groupe, 
   sont  venues  fort  à-propos  augmenter  le  catalogue  des  êtres,  
 et  arrêter dans leurs idées'strictement  méthodiques ,  des naturalistes  
 qui  supposent  pouvoir  assigner  aux  animaux  une  place  dans  leur  
 système  artificiel  sur  le  caractère  unique  pris  du  nombre'des  
 dents,  et même,  quoique  à  nombre  égal  de  dents ,  seulement  de  
 la  forme  légèrement  variée  de  leurs  racines  ou  bien  de  leurs  couronnes  
 émaillées.  Le genre Pteropus  fournit  un  nouvel  exemple  de  
 cette anomalie  de  ce chaînon  qui  lie  entre  elles  les  espèces  des  deux  
 groupes  voisins ;  les  Pteropus  griseus,  et  pallidus  offrent  non-  
 seulement  par. le  nombre  de  leurs  dents,  mais ;aussi  par  la  manière  
 dont  lès  membranes  du  vol  se  trouvent  plus  rapprochées  
 de  la  ligne  moyenne  du  dos,  le  passage  gradué  aux  (MphaloJ.es,  
 dans  lesquels  -cette  enveloppe  cutanée  n’adhère  à  l’épine  dorsale  
 que  par  un  faible  rudiment  de  membrane-,  très-diaphane.  Le  Ce-  
 phalotes  Peronii,  dans  le jeune  âge, présente  à  peu près  la  même  
 formule dentaire que les jeunes  des Roussettes ; le nombre des dents,  
 dans  ce  premier'état,  est  à  l’extérieur  égal,  et  cette  anomalie  a  
 sans  doute  été  la  cause  de  l’erreur  commise  par  M.  Geoffroy  qui  
 fait  du  jeune  Céphalote  de  Pérou  une  espèce  distincte,  intermédiaire  
 entre  ce  genre  et  celui  des Roussettes,  sous  le  nom  de  
 Pteropus  palliatus.  Voyez  de  plus  amples  détails  sur  cette  matière  
 à  l’article  du  genre  Cephalotes  et  du  Cephalolès  Peronii.  
 Le  Pteropus  miniihus,  dont  M.  Horsfield  a  fait, un  double  emploi  
 sous  le  nom  de  P.  rostralus,  paraît  indiquer  le,  passage  
 des  Roussettes  aux  Glossopkages;  et  ce  rapprochement  offre en