
très-rapproché des carnassiers, et nous en avons
même fait un genre ( 1 ).
Enfin, Illiger l’a définitivement placé dans
1 ordre des carnassiers, à côté des hyènes, et il a
donne, sur la denritiçn de cec animal, des dé-
- Iads que ne lui ont certainement procuré ni les
descriptions de Bruce et de Brander, ni celle de
Spannan sur son %erda y en supposant encore
que ce \erda ne fût autre que le fennec. On ne
peur, à cet égard, supposer qu’il ait vu l’individu
même que M. Brander a décrit ; car
celui-ci dit positivement que ce petit quadrupède
ayant rongé la porte de sa prison, s’échappa, et
qu’il ne put le ravoir.
M. le professeur Geoffroy- Saint-Hilaire, ainsi
qu il nous 1 a appris lui-même, ayant long-temps
médité sur ce sujet, s’est décidé à récuser l’autorité
d’Illiger ; e t , discutant la description -de
Bruce, qui lui paroîc imparfaite et inexacte-, il a
pensé y trouver assez de renseignemens pour
établir que le fennec, loin d’être un carnassier,
n étoit qu un galago. Le nombre des molaires,
la présence des canines, les grandes dimensions
des oreilles, la longueur de la queue, la grosseur
des yeux, la petitesse de la taille, le genre de
nourriture et la vie nocturne, paroissent fournir
les motifs déterminans pour adopter cette
opinion.
Nous nous plaisons à avouer que cette manière
de voir nous paroît fondée sur beaucoup
de probabilités. Néanmoins, après avoir rapporté
les caractères que Bruce lui-même attribue
à son fennec, nous proposerons ensuite quelques
doutes.
« Ce fennec avoit six pouces de longueur, depuis
le bout du nez jusqu’à l’origine de la queue ;
celle ci avoit cinq pouces un quart, et le bout
très-noir, dans la longueur d’un pouce environ ;
celle de ses pattes de devant, mesurée depuis la
pointe de l’épaule jusqu’à l’extrémité des doigts,
étoit de deux pouces sept huitièmes; celle de la j
tête, depuis la pointe du museau jusqu’à l’occiput,
de deux pouces; celle des oreilles, de trois
pouces trois huitièmes. Ses oreilles avoient un
pli au dehors de leur base, et leur face interne
m ( 0 II paroît que M. le comte de Lacépède a aussi eu
l'idée de former un genre particulier de cet animal ; car
Illiger le cite. Nous avons vainement recherché l’ouvrage
de ce savant, où ce genre est proposé. Le Prodrome
du cours de l'an 11 et le Tableau des mammifères
n'en font aucune mention.
étoit couverte d’un poil très-doux , blanc et
touffu sur le bord, et d’ün poil rare et couleur
de rose dans le milieu; leur largeur étoit d’un
pouce et demi, et leur conque avoir beaucoup
d’ouverture; l’oeil étoit d’un bleu foncé, et la
prunelle étoit très-grande et très-noire. Les
moustaches étoient roides et épaisses, et le bout
du nez étoit pointu, noir et très-lisse ; les dents
canines et celles de devant étoient longues et
extrêmement pointues, et il y avoit cinq molaires
de chaque côté ; Jes jambes étoient minces
et les pieds très-larges et divisés en quatre doigts
noirs, longs et crochus, ceux des pieds de
devant étant beaucoup plus crochus que ceux
de derrière ; tout le dessus du corps étoit couvert
d un poil blanc-roussârre ou couleur de crème :
le poil du ventre étoit plus blanc, plus doux et
plus long. Il y avoit plusieurs mamelles, qu’on
ne pouvoit compter à cause de la vivacité de l’animal.
La queue, qu'il étendoit rarement, étoit
couverte d’un poil plus rude que le restant du
corps, »j Bruce y Y oy. tom. 5. pag. 164.
Les motifs qui nous portent à: ne pas admettre
encore le rapprochement proposé par M. Geoffroy,
sont les suivans : i° . La différence notable
de longueur qui existe entre les pieds de derrière
et ceux de devant dans les galagos ; caractère
qn’on ne trouve point dans le fennec. i°. Le
nombre des doigts, qui est de quatre dans celui-ci,
tandis que les galagos en ont cinq, donc un pouce
distinct et opposable. 30. Le manque du pli au
bord externe de l’oreille des galagos, qui est un
caractère essentiel du fennec, et qui se trouve
dans les quadrupèdes des genres Chit et Chien.
4°. La grandeur des oreilles , infiniment plus
considérable chez le fennec, où elles sont d’une
moitié plus longues que la tête, lorsque, dans
les diverses espèces de galagos, elles en égalent
tout au. plus la longueur. 50. L ’existence de
moustaches très-fortes chez le fennec, tandis
que les galagos ont à peine quelques soies sur la
lèvre supérieure. 6°. La différence de longueur
de la queue, qui esr plus courte que le corps dans
l’animal de Bruce, et qui, au contraire, est plus
longue ou au moins égale dans les espèces de
galagos dont la taille répond à la sienne.
Quand même nous admettrions que les caractères
génériques des galagos pourroient se rapporter
au fennec , cet animal différeroit encore
des espèces, connues dans ce genre par la teinte
blanchâtre de son pelage et par la couleur noire
du bout de sa queue.
Dans cette discussion , nous avons été portés
à considérer tous les caractères donnés par Bruce
à son fennec comme étant exacts, ne pouvant
présumer que ce voyageur eût pris le ton par
trop tranchant dont il fait usage en parlant de
l’opinion de Sparman et de M. Brander, s’il
n’étoit parfaitement sûr de son fait.
D ’ailleurs, nous avons comparé la figure du
fennec de Bruce, qu’il annonce comme très-
exacte, avec les figures du galago du Sénégal
publiées par M. Geoffroy-Saint-Hilaire dans le
Magasin encyclopédique et dans la Ménagerie du
Muséum national d’histoire naturelle de Paris,
et qui rendent parfaitement la ressemblance de
cet animal.
Le caractère des ongles à demi rétractiles,
ou même tout-à fait rétractiles, que nous avons
donné à ce genre dans les tables du nouveau Dictionnaire
, i rc. édit. tom. 24, pag. 18 (publié
en 1804), n’est qu’un caractère supposé, et en
quelque sorte nécessité par l’habitude que le fennec
a de monter sur les troncs élancés des palmiers
qu’il ne peut embrasser avec ses petits
membres. Sa nourriture, consistant en matières
végétales et animales, nous a fait soupçonner
aussi que ses molaires dévoient différer de celles
des chiens et se rapprocher davantage de celles
des makis et des ptéropesy c’est-à-dire, qu’elles
dévoient être à couronne tuberculeuse ; et nous
avons même averti que nous ne placions cet animal
dans la famille des cynosiens ou des chiens,
qu’à raison du rapport qu’on observoit dans ses
formes générales et extérieures avec celles de
ces mammifères.
Habit. Il monte avec la plus grande facilité sur
les dattiers, dont il mange les fruits. Il fait
aussi la châsse aux petits oiseaux et en recherche
les oeufs. Il dort la plus grande partie de la journée,
et ce n’est que le soir qu’il sort de son gîte
pour satisfaire son appétit. Sa physionomie est
■ fine et rusée. Il porte ses oreilles droites, et ce
n’est que lorsqu’il est effrayé qu’il les couche en
arrière. Il se prive aisément.
Pa tr ie . Cette espèce, dont Bruce a vu trois individus
différens à Tunis, à Alger et à Sennaar, se
trouve fréquemment dans le territoire des
Arabes Béni - Menzzabs et Werglahs, ancien
pays des Melano-Gétules, et aussi dans la province
de Constantine. Les Arabes de ces contrées
la chassent pour en avoir la fourrure, qu’ils
envoient vendre à la Mecque, d’où elle passe
dans l’Inde.
T R O I S I È M E T R I B U .
CARNIVORES AMPHIBIES ( carnivora pinnipedia).
Pieds courts , enveloppés par la peau , en forme
de nageoires ; les postérieurs dans la direction du.
corps. Nombre des incisives variable; souvent six,
et quelquefois quatre en haiit ; le plus ordinairement
quatre y et quelquefois deux en bas.
L X V e. G e n r e .
PH O Q U E , phoca j Linn. Erxleb. Bodd. Cuv.
Geoff 111 ig.
Otaria , Péron.
CAR. Formule dentaire : incisives ? ou - ou 1 : 4 2 4 • canin-.1 — 1 1 • 5—5 6—6 6—6 ------ , molaires - ou — — ou — - = 2 o ,
1 — 1 5—5 5—5 •0—6 ? 9
3 1 , 34, 36 ou 38.
Incisives variant dans leurs formes ; tan toc
en biseau, tantôt coniques, tantôt sillonnées
transversalement sur leur tranchant ou comme
bilobées, et plus ou moins distantes entr’elles.
Canines plus ou moins fortes, coniques, un
peu arquées, et le pins souvent en proportion
avec le volume de la tête, comme le sont celles
des animaux du genre des chats.
Molaires assez semblables aux fausses molaires
des carnassiers, tranchantes, triangulaires,
mais plus coniques et plus obtuses ; quelquefois ,
mais rarement, avec de petits tubercules à leur
collet.
Tête ronde ; museau et lèvres renflés.
IVqr quelquefois prolongé en .une sorte de
trompe molle et érectile; narines susceptibles
de se fermer complètement.
Yeux très-grands, à cornée plate et cristallin
très-bombé; paupières peu développées, si ce
n’est la clignotante.
Oreilles externes manquant tout-à-fait, ou
n’étant que rudimentaires, étroites et pointues.
Langue conique, papilleuse, mais douce, avec
l’extrémité un peu écharicrée.
Bouche médiocrement fendue, bordée de
lèvres susceptibles d’extension.
Pieds à cinq doigts ; les antérieurs ne laissant
voir au dehors que les mains seulement, et les
postérieurs que les pieds; doigts peu distincts,
enveloppés par la peau, qui les dépasse plus ou
moins; ceux des mains décroissant de longueur
ordinairement depuis l’interne jusqu’au dernier
en dehors ; les deux externes des pieds de derrière
plus longs que les trois du milieu.