ment de mulets et de chevaux pour transporter
les marchandises dans les montagnes ; c’estpour-
quoi ces animaux sont accoutumés à marcher
sans cesse sur les chemins rocailleux et difficiles
qu’on y trouve. On ne peut s’empêcher d’éprouver
quelque surprise en les voyant gravir
les rampes les plus roides, d’un pas ferme et
assuré. Mais comme on s’en sert le plus souvent
pour le transport des marchandises, ils ne sont
pas du tout accoutumés à être conduits au moyen
du mors et de la bride; aussi ne leur en met-on
point quand il s’agit de les monter, et l’on lie
met entre les mains du cavalier qu’un misérable
licou, ou une simple corde qui passe parla
bouche de l’animal. Très-souyent dans les
montagnes une paroi de rochers règne le long
du chemin ; pour lors les chevaux ont coutume
de s’approcher extrêmement du bord opposé du
chemin, pour ne point heurter contre les rochers,
Or le chemin est souvent bordé de ce côté-là
par un précipice, dont l’aspect effrayant cause
d’autant plus d’angoisses et de terreurs au cavalier,
qu’il se voit obligé de s’abandonner entièrement
à son cheval. IL est assez à propos
de descendre quand on rencontre des passages
aussi propres à donner des êraintes; c’est-là le
meilleur moyen de se délivrer de ces so'rtes de
sentimens extrêmement pénibles et dont la raison
ne peut presque jamais parvenir à nous debarrasser,
Car dans le v ra i, il n’y a rien du
tout à craindre, pourvu qu’on laisse marche!
ces animaux à leur fantaisie; je n’ai jamais efl*
tendu parler d’un Voyageur qui en suivant cette
règle eût éprouvé quelqu’accident.
2q) Ne prenez pas de gros chiens avec vous ;
; dans les montagnes où l’on rencontre si souvent
des bestiaux, ils peuvent attirer les affaires les
plus désagréables aux voyageurs.
21) Enfin si vous voulez voyager en Suisse
avec utilité et agrément, il faut vous résoudre
à laisser chez vous tous les préjugés du rang et
de la naissance, toute la morgue et toutes les
prétentions de la vanité, pour n’y amener avec
vous que l’homme. Si adoptant cette maxime
vous saluez amicalement tous ceux que vous
rencontrerez sur votre chemin, et en générai
tout le monde, que vous entamiez familièrement
la conversation avec les gens du pays, que
[vous répondiez d’une manière naturelle à leurs
'questions, et qu’en un mot vous leur fassiez
sentir dans toute votre conduite que vous n’avez
nullement la prétention de valoir mieux qu’e u x ,
! Vous trouverez à coup sûr chez les Suisses tout
autant de bonté, de cordialité, de fidélité, de
[loyauté et de vraie complaisance unies au plus
[haut degré de candeur que chez aucune autre
nation de l’Europe. Mais il est certain qu’il n’y
a que ceux qui voyagent à pied qui puissent
parvenir à bien connoître ce peuple-là. *)
fO Aux diverses règles contenues dans cette section le
traducteur de la première édition ajoute celles de partir
toujours de grand matin, soit' quand il est question
daller sur une montagne, afin de profiter des momens
ou la sérénité de l’air montre dans toute leur magnifî