monte, sa lassitude se dissipe, et lorsqu^auf
bout de 3 ou 4 heures de marche il a atteint!
une hauteur de six à huit mille pieds il éprouvel
un sentiment d’aise, de sérénité et de légéretél
que l’on né sauroit décrire *).
! Une circonstance qui contribue singulièrement
à faciliter les courses à pied même aux voyageurs,
qui n’y sont pas encore exercés, c’est qu’il
dépend de chacun de distribuer ses journées à
son gré et selon ses forces ; car presque par-tout
Tout ce que l'auteur dit des effets de la légèreté de
l’air dans les montagnes est exactement vrai jusqu’àl
la hauteur d’environs treize à quatorze cents toises!
hauteur à laquelle on commence à trouver dans nos!
Alpes les neiges éternelles dont leurs sommités lesl
plus élevées sont constamment couver tes, et j’a i ^ ^
moi même éprouvé souvént ces effets salutaires!
Mais je suis surpris qu’il ne fasse aucune mentioi!
des effets plus singuliers encore que l’extréme raret !
de l’air ne manque pas de produire sur le corps humai!
quand on a franchi ces limites. A cette grande élé|
Vation les forces musculaires s’épuisent avec une|
promptitude étonnante. 3, Ce qui caractérise le g em !
„ d e fatigue que l’on éprouve alors, c’est un épuise!
» ment total , une impuissance absolue de continue!
3>sa marche, jusqu’à ce que le repos iit réparé les!
a,forces. Un homme fatigué dans la plaine, où s u !
33des montagnes moins élevées, l’est rarement a s s e z L
„p o u r ne pouvoir absolument plus aller en avant, aul
„ l i e u que sur une haute montagne on l’est quelque«
„ fo i s à tel point, que, fut-ce pour éviter le dangerl
3,1e plus eminent, on ne feroit pas à la lettre quatre!
„ p a s de plus, et peut-être même pas un seul ; car s !
331 on persiste a. faire des efforts, on est saisi p a t !
„ des palpitations et des battemens si rapides et si for ts !
„dans toutes les artères, que l’on tomberoit en dè»!
„faillance si on les augmentoit encore en continuant!
33de monter” . % : ,
„ Cependant — les forces se réparent aussi prompte»!
33ment, et en apparence aussi complètement qu’e l les!
„ ont été épuisées. La seule cessation de mouvem
e n t —- semble, dans-le court espace de trois ou
„quatre minutes , restaurer si parfaitement les
„ fo r c e s , qu’en se remettant en marche on est
3, persuadé qu’on montera tout-d’une haleine jusqu’à
3,1a cime de la montagne. Or dans la plaine une
„ fat igue aussi grande que celle dont nous venons de
„p a r le r , ne se dissipe point avec tant de facilité” .
„ P rès de la cime du Montblanc l’air est si rare que
„ l e s forces s’épuisent avec la plus grande promptitude.
„M . de Saussure ne pouvoit faire que 1 5 à 16 pas
„ sans reprendre haleine ; il éprouvoit même de temps
„ en temps un commencement de défaillance qui
„forçoit à s’asseoir; mais à mesure que la respiration
„ se rétablissoit, il sentoit renaître ses forces. —
I „ T o u s les guides, proportion gardée de leurs forces,
„étoientdans le même état., Ils mirent deux heures
„p o u r gravir la dernière pente , dont la hauteur perpendiculai
re n’est guères que de 1 5 0 toises” .
Parvenus sur la sommité de cette montagne colossale
tous étoient encore au bout de 4 heures de
repos dans un état de fièvre auquel se joignoit une
fièvre ardente accompagnée d’un grand dégoût pour
le vin et autres liqueurs fortes, et pour toute sorte
d’alimens.
,, Un second effet de cet air subtil, c’est l’assoup
i s s em e n t qu’il produit. — On voit en peu d’instans
„ tous ceux qui ne sont pas occupés s ’endormir, malgré
» le v ent , le froid, le soleil, et souvent dans des
„ attitudes fort incommodes. Il y a des tempérament