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et complette à leur usage. Il est donc possible
que la publication de ce Manuel, fruit du long
séjour que j ’ai fait en Suisse, ne soit pas sans
quelque avantage ; mon espoir et mon désir
en le livrant à l’impression, c’est de contribuer
à mettre tous les voyageurs en état de jouir
dans toute sa plénitude du grand et magnifique
spectacle qu’offre la nature dans le pays le plus
élevé de l’ancien monde, et d’y recueillir de la
manière la plus aisée les lumières et les con-
noissances qu’ils viennent y chercher.
S E C T I O N S E C O N D E .
Pour qui la Suisse est-elle un pays remarquable
?
Rien n’est plus propre à exalter l’imagination
que les monumens de la vénérable antiquité.
La description des restes de Palmyre, deThèbes
et de- Rome s’empare de toutes nos facultés;
elle nous entraîne et nous subjuge avec une
force irrésistible. Nous envions le bonheur de
ceux dont les regards peuvent contempler les
ruines admirables du génie et de la puissance
des hommes des temps passés ! Cependant, il
faut l’avouer, ces ouvrages des peuples qui
ont disparu de la surface de notre globe s’anéantissent
devant les ruines majestueuse^ de la
terre. Or la chaîne des Alpes n’est autre chose
qu’une énorme collection de ruines dont les
débris innombrables couvrent la Suisse entiere,
les campagnes de la Souabe, des bords du
Rhin, et de la Lombardie jusqu’aux rives de
l’Adriatique, et les plaines de la France méridionale
du pied du Mont Jura, le long du
Rhône, de l’Isère et de la Durance jusqu’à la
mer Méditerranée. Après les plus épouvantables
révolutions ces restes superbes s’élèvent
encore jusques aux cieux, semblables à des
colomnes destinées à Supporter l’édifice d’un
monde! Au pied de ces masses énormes leurs
débris sont accumulés du cpté du Nord à la
hauteur de plus de ¿oco p ie d sp o u r former les
premiers gradins qui conduisent à la sublime
colomnade du temple antique et ruiné de la
terre. Par dessus ces tombes calcaires des
générations innombrables de toute sorte d’animaux
des mers , de nouveaux sentiers nous
conduisent jusqu’à loooo pieds de hauteur, et
là seulement s’élancent, v e r s . les nuages ces
masses colossales de granit dont les sommités
chenues sortoient jadis , comme autant de
grouppes d’îles verdoyantes , du sein des
vastes mers qui couvroient l’Europe ; ces
masses colossales, qu’embrasoient les, y eux du
soleil avant la création du genre humain.
Témoins vénérables de la jeunesse de la terre,
et de ses destinées terribles, témoins de la
naissance des couches des montagnes et de
leurs déchiremens, témoins de celle des pre^
miers Etres vivans et du Continent de l’Europe,