quels furent les témoins de la vôtre? Que sont
les annales de l’humanité comparées à l ’histoire
de la nature.? Qu’est-ce que l’existence de
l ’homme et des peuples à côté de l’éternité de
l ’univers ? Les sièbles entiers ne sont que les
jours de la nature, — C’est ainsi qu’au bord
des flancs déchirés de ces colomnades énormes,
dont l’antiquité égale celle de la tefre même,
l’esprit du voyagèur s’ enfonce et s’abîme dans
un océan de méditation. Et cependant l’oeil de
l’homme osp pénétrer ces ténèbres épaisses qui
couvrent l’histoire du globe. Il est certain que
les Alpes offrent le livre où la nature a tracé
les destinées merveilleuses de notre planète en
grands caractères, dont nous ne savons encore
déchiffrer qu’un petit nombre. L ’audace et la
patience des amis de la géologie, ledrs obser-
vations particulières combinées entre elles,
montrent enfin entre leurs mains le flambeau
qui aux yeux du genre humain étonné portera
la lumière dans les profondeurs lointaines des
régions du passé , comme l’astronome dévoile
à ses regards les mystères de l’ univers. Les
entrailles entr’ouvertes de la terre offriront de
même au minéralogiste les trésors inépuisables
des espèces de pierres les plus diversifiées, de
leurs mélanges et de leurs modifications.
C’est sur les sommités des Alpes que la nature
entretiënt les réservoirs éternels de l’élément
qui va porter la fertilité dans les vastes
pays d^ l’Europe. Des milliêrs de torrens et
de rivières s’échappent de cette mer de neiges
le t de glaces qui couvre les Alpes, et nuit et
Ijour, pendant l’hiver comme pendant l’été, ils
¡roulent leurs eaux bienfaisantes jusques aux
[rives de la Mer noire, et de la Méditerranée,
[de l’Adriatique et de l’Océan, et repartissent
■ partout la richesse et l’abondance.
La Suisse, cè pays le plus élevé de l’Europe,
[dans lequel ses fleuves les plus majestueux
| prennent leur source, réunit dans son enceinte
[ resserrée le sol et les productions du Nord et
f du Sud. On y parcourt dans l’espace de sept
[ à huit heures de temps les divers climats répartis
f ailleurs entre les 8ome et 4ome degrés de lati- I tude ; une excursion d’une seule journée suffit
I pourmènerie voyageur dans les régions glacées
¡ du Spitzberg , et lui faire sentir les chaleurs
I brûlantes du Sénégal *); pour le mettre à portée
de cueillir les lichens de l’Islande, et l’opuntia
i de l’Amérique méridionale, et d’entendre les
Í tonnerres des lavanges destructives au milieu
du silence effrayant d’une nature morte, et le
chant de la cigale sicilienne.
Le botaniste trouve sur les montagnes et
dans les vallées de la Suisse une multitude des
végétaux les plus intéressans. On connoit déjà
496 genres, et 1800 espèces indigènes, indépendamment
de plus de 1000 autres espèces appartenant
à la cryptogamie. Et cependant l’on n’a
Dans leBgs-Valais le thermomètre deRéaumur exposé
à l’ombre s’élève en été jusqu’à 2 4 degrés et demi;
sur les rochers à l’ardeur du soleil, on le voit monter
à 3 8 , et quelquefois même jusqu’à 4 8 0.