funestes des passions dévastatrices *). Quel
est l’Européen qui sous ce rapport ne s’in-
téresseroit pas à la Suisse? — Le triste sort
qui étoit réservé pour la fin du XVIII* siècle
au pays des Tell et des Winkelried a ajouté
quelques pages aussi tristes que sanglantes à
l’histoire mémorable de ce peuple des Alpes **),
Des légions ennemies pénétrèrent jusques dans
son sein, et y détruisirent au milieu des détonations
de" l’artillerie, et des cris de douleur et
d’indignation d’un monde entier, l’autel érigé
à l’éternelle paix ; ces vallées à qui tant de
siècles de repos sembloient garantir une prospérité
à l’abri de toute atteinte , devinrent le
théâtre des fureurs d’une soldatesque effrénée,
et ces guerriers avides de combats, venus du
pied des Pyrénées et des rives de la Seine jusques
à celles du Wolga et de l’Ural, sôuillèrentde leur
sang les régions éthérées des Alpes. Ces évé-
nemens presque incroyables ont augmenté l’intérêt
qu’a dès longtems présenté la Suisse au
tacticien et à l’ami de l’histoire ; quant au philosophe
dont les recherches et les méditations
tendent à connoître le coeur humain, à çaracté-
J. J . Rousseau, chassé par ordre du Gouvernement de
Berne de l’Isle de S t . Pie r re , a peut-être été le seul
étranger à l’égard duquel on se soit permis de faire
une exception à ce système d’hospitalité.
**) E n Mars 1798, an milieu de la paix, il entra une
armée Françoise en Suis se, laquelle effectua une révolution
générale dans les constitutions qui y avoient
subsisté dès l’an 1 3 1 5*
riser les peuples et à découvrir les causes cachées
ides actions et des événemens, il ne manquera
fpas de trouver dans les derniers tems, et dans
ifa situation politique de la Suisse, avant cette
fépoqoe malheureuse,, l’occasion d’observer et
d’énoncer d’importantes vérités, si l’amour
sacré de l’humanité brûle dans son coeur, et les
conséquences qu’il en tirera seront autant d avis
|fct de leçons précieuses pour l’avenir. En général,
tout homme pensant à qui le sort du
Igenre humain n’est point indifférent, tout homme
fquî d’un oeil attentif cherche à connoître l’in-
; fluence du climat, de la situation locale, des
propriétés naturelles du sol, de la constitution
¡politique et civile* des opinions religieuses et
Ides ressources de l’agricutture et de l’industrie
i tant sur le physique de l’homme que sur son
Jcaractère morale , sur ses moeurs et sur le développement
de ses facultés intellectuelles, en un
Imot sur l’existence heureuse ou malheureuse
de chaque petite peuplade — tout homme ,
|dis-je, qui s’occujpe de ces recherches intéres-
tsantés, peut à coup sûr se promettre en Suisse
|la plus riche moisson de résultats importans et
|de conrioissances utiles.
Ce pays est le seul en Europe où il existe
Ides peuples de bergers, et des gouvernemens
I purement populaires. Ainsi il faut que l’obset-
|vateur ,qui veut connoître dans la réalité les
¿ avantages et les inconvéniens de cette constitution
remarquable, vienne les étudier dans les
I hautes montagnes de la Suisse.