Toute personne occupée des détails de l’éco-*
nomie rurale pourra recueillit en Suisse une
multitude de données , fruits précieux d’une
longue expérience. Car il n’y a pas de pays
en Europe, où la culture des prairies et des
champs, l’éducation des bestiaux et la manipulation
des diverses espèces 4fle laitage soient
sut un pied aussi florissant qu’en Suisse, On y|
trouve d’ailleurs l’avantage d’y poi voir observer
toutes les diverses branches de l’agriculture j
depuis les soins que l’on donne aux prairies;
naturelles et artificielles, jusqu’à la culture des]
mûriers et des oliviers.
Le voyageur dont le but principal estd’étudier!
l’industrie du genre humain sous le rapport desj
manufactures et des fabriques , trouvera de quoi
satisfaire amplemehtson goût dans les montagnes
de l’Appenzell, de Glarîs, et de Neufchâtel,
dans l’Emmethal et dans les cantons de St, Gall,
de Zurich, de Baie et d’Argovie.
Diverses maladies endémiques des habitans
des Alpes et de leurs vallées, telles que le
crétinisme, les goitres ï le mai du pays ou
H e i m w e h , etc. ne manqueront pas d’attirer aussi
l ’attention du voyageur médecin.
Sont ce les divers avantages d’utilité dont
nous venons de faire l’énumération , ou bien les
beautés que la nature y déploie qui contribuent
le plus à faire de la Suisse une contrée si intéressante?
C’est- là une question à laquelle ii
n’est peut-être pas aisé de répondre. Tout ce
qu’il y a de grand, d’extraordinaire, d’étonnant,
de sublime ; tout ce qui peut inspirer la crainte
ou la terreur; tous les traits hardis, tristes, ou
Imélancholiques que la nature se plait a repandie
■dans ses compositions, tout ce qu elle offre
dans son immensité de scènes #romantiques,
agréables , douces , paisibles, consolantes et
pastorales , semble s’être réuni dans ce pays pour
*en faire le jardin de l’Europe. Ah ! c’est bien
îà que les adorateurs de la nature doivent de
toutes parts aller faire leur pélérinage ! c’est
bien là que leur culte innocent trouvera les
"dédommagemens les plus amples, et les jouissances
les plus pures! A l’exqeption du spectacle
des feux d’un volcan, ou de la vue de la
îjmer *), je ne connois aucun genre de beautés
Jnaturelles que le voyageur ait à désirer en
iSuisse. Au contraire il en est une foule dont
ipar tout ailleurs il ne sauroit se procurer la
1 jouissance ; il y trouvera une multitude de
| phénomènes dont il est impossible à l’habitant
l 'O Encore est-il vrai de dire que nos grands lacs semblent
quelquefois offrir des vues maritimes, sur-tout quand
un brouillard couvre de ses voiles leurs rives lointaines.
L'océan a envoyé a. la Suisse son portrait
en miniature , dit le chevalier de Boufflers dans une
de ses charmantes lettres à sa mère, en parlant du
lac de Genè ve , comme l’observe le traducteur de la
première édition de ce Manuel. Quand on regarde
le lac de Neufchâtel selon sa longueur, l’oeil ne peut
découvrir la rive opposée, de sorte qu’au mois de
Juin les habitans d’Yverdun voient plusieurs jours
dè suite le soleil sortir du sein de ses ondes. Note
du Traducteur.